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Michel de GHELDERODE : Barabbas

Publié le 22/09/2012

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Ne voulant pas écrire une Passion classique et ne voulant pas tremper ma plume au bénitier et fa ire un pastiche des Mystères anciens, j'ai pensé à composer quelque chose de contrariant, d' inattendu, et de populaire pourtant. J'ai vu l'envers de la Passion, la Passion vue à travers le peuple, vue d'en bas, des bas-fonds de Jérusalem. Au lieu de me trouver sur le Calva ire, avec les Honorables Témoins, je me suis mis au pied du Calvaire, avec la canaille. (...)

« Michel de Gheldero ­ de est le pseudonym e d ' Adémar Martens (1898-1962), qui fut un modeste employé d 'ori gin e flamand e avant d'é crire des pièces en français.

Son œuvre s'inspire du folklore carnava­ lesque de son pays natal , le s Flandr es, et m et volontiers en s cè ne des sujets hi s­ IOrique s ou reli gieux.

L 'esthétique expre s­ si onniste de ses piè­ ces, qui revêtent sou­ vent un caractère de far ce ma cabre , lui a valu le surnom de «fils d'Ensor » o u d e «Bos ch théâtral ».

Miche l de Gh e lderode.

Phot o Centr e c u lturel Wa llonie -Bruxe lles.

Le livre Une interprétation de l'Écriture sainte B arabbas, prince des voleurs, ennemi de la société, est enfermé dans les geôles d'Hérode, à Jérusalem , en compa­ gnie de deux de ses comparses et d'un homme muet, mystérieux , à l'aura irrésistible :Jésus.

Tous deux doivent être jugés par Pilate, que pressent les prêtres , tous hostiles à l'homme de Nazareth.

Pilate s'en remet au jugement du peuple, qui sera libre de gracier l'un des deux hommes.

Manipulé par le clergé, le peuple gracie Barabbas et condamne Jésus à la crucifixion.

Dès lors , Barabbas , qui est un orateur capable de s'adapter à toutes les situations, s'insurge contre cette iniquité .

Lui qui ne se disait d'aucun camp, qui revendiquait l'anarchie et la loi du plus fort, s'élève en juge.

Il méprise les apôtres, trop résignés, et Judas, qui a trahi sans assumer la portée de son acte.

Dans Jérusalem, à l'heure où Jésus meurt, le barnum, propriétaire d'une baraque foraine , propose à Barabbas un spectacle relatant Je Calvaire et la vie du brigand devenu l'idole du peuple.

C'est le pitre qui tiendra le rôle du Chri s t.

Barabbas ne peut supporter la parodie d'un événement qu'il juge si grave: il incendie les baraques foraines au nom de la justice , se proclame roi des gueux et provoque une émeute pour venger Je Christ.

Mais il est poignardé par Je pitre et meurt en s'adressant à Jésus , qu'il appelle son frère .

Un théâtre des valeurs inversées E n empruntant aux Saintes Écritures l'histoire de la Passion et en la détournant , Michel de Ghelderode a moins voulu dépeindre la fin de Jésus que le déclin d'une idéologie et d'une société vouées à l'échec .

En effet, dans Barabbas , tout n'est qu'inversion.

Barabbas manie le verbe avec une aisance que l'on ne prêterait qu'à Jésu s.

Il harcèle les apôtres en leur jetant au visage leur lâcheté et leur traîtrise.

Les serviteurs de Jésus font figure de bien triste s repré sentant s du message évangélique .

De même , le clergé, tout entier voué à sa haine pour l'homme de Nazareth, est présenté comme une caste redoutable à la solde du mal, une antithè se de la religion .

Le peuple enfin, ici symbole de la justice, libère un assa ssin et livre à la mort celui qui aurait pu rendre l'homme meilleur.. »

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