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Michel Lioure, évoquant les différentes formes du drame (drames bourgeois, romantique, symboliste...), écrit : « Par la plasticité de sa forme, l'actualité de ses sujets, et la diversité de son style, le drame a été [...] le théâtre des temps modernes. » En vous limitant au drame romantique, vous expliquerez et commenterez cette opinion.

Publié le 03/12/2010

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temps

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« crois qu'on devrait diminuer à l'avenir l'action matérielle et ses puérilités pour tout donner à l'actionspiritualiste...

» Théâtre débordant de vie (Ruy Blas par exemple) ou «théâtre plus riche d'idées ou d'idéal que de réalité et devie », disait un critique à propos de Chatterton. L'actualité des sujets Dès 1813, Mme de Staël réclamait dans De l'Allemagne un théâtre nouveau, en rapport avec un public quivenait de vivre les convulsions de l'histoire révolutionnaire et impériale.

De même, Stendhal, en 1823 (Racine etShakespeare) : « Je prétends qu'il faut désormais faire des tragédies pour nous, jeunes gens raisonneurs,sérieux et un peu envieux, de l'an de grâce 1823.

» Monseigneur Veuillot stigmatise Chatterton et y voit l'influence des athées qui ne connaissent que « lamangeaille [et] la panse » et déplore, en 1877, l'influence de cette pièce « révoltante ». Quelle que soit l'époque à laquelle se déroule la pièce, elle suscitera un intérêt en rapport avec l'actualité,avec le goût du jour.

Lorenzaccio peut évoquer l'agitation populaire des années 1830.

Hernani illustreparfaitement la figure du héros romantique et Charlemagne, évoqué à l'acte IV, a bien des traits de Napoléonet renforce la mythologie dont l'Empereur est l'objet.

La reine d'Espagne dans Hernani est semblable aux jeunesfilles que la société bourgeoise étouffe en leur refusant instruction et liberté, à tel point que Victor Hugomodifie la réalité historique pour faire de la reine une jeune femme de 1830 sans éducation et d'une grandenaïveté.

Dans la préface de Ruy Blas, Hugo analyse la monarchie castillane du XVIIe siècle et « l'étatdésespéré du royaume » avec l'oeil d'un homme du XIXe siècle qui considère la situation de la Franceprérévolutionnaire.

Antony est né de son époque : « Antony [..] est un monstre : ce monstre s'est produitdans un de ces moments de dévergondage de la société qui suivent les révolutions /.../ » (Dumas, MesMémoires). L'un des grands plaisirs des spectateurs d'Antony est de se voir représenter sur scène : les comédiens jouenten costume de ville, les décors représentent les salons qu'ils ont coutume de fréquenter.

Effet retour : Antonysuscite l'imitation et chacun de se vêtir d'une redingote étroite, d'une cravate serrée et de se munir d'unpoignard que l'on dissimule sous la ceinture... 2. La diversité du style 3. Le monologue : malgré les critiques dont il est l'objet, il subsiste jusqu'à atteindre des dimensions étonnantes(Lorenzaccio, I, 9). Le vers, dont Stendhal disait, dans la préface de Racine et Shakespeare : « De nos jours, le vers alexandrin n'est leplus souvent qu'un cache-sottise », continue à être utilisé, par Hugo en particulier.

Il peut s'épanouir en largespériodes (discours de Ruy Blas aux ministres) ou être disloqué (premier vers d'Hernani). Le mélange des tons et des genres.

Par exemple, lyrique : la reine évoque avec tristesse sa jeunesse libre etinsouciante (Ruy Blas, II, 2) ; Doria Sol songe à la nuit et la nature (Hernani, V, 3).

Le ton épique anime les tiradesde Don Carlos (Hernani, IV, 2) ou Ruy Blas (III, 2).

La farce est présente avec le personnage de Don César ou lesprécepteurs dans Lorenzaccio (IV, 5), le mélodrame inspire la première scène de cette même pièce. Inflation verbale dans Ruy Blas qui confine à l'extravagant - grâce au personnage de Don César -, métaphoresabondantes dans Lorenzaccio, alors que le langage d'Antony ou Chatterton est plus austère. Registre : Hugo ayant libéré tous les mots du vocabulaire - « Plus de mots sénateurs ! Plus de mots roturiers ! (LesContemplations) - deux vocabulaires, familier et noble se côtoient : Don César dégringole de la cheminée, Ruy Blascompare l'Espagne à un égout, Lorenzo use au contraire de longues tirades d'un registre soutenu (IV, 3). La rhétorique n'est pas négligée.

Anaphore (Ruy Blas, v.

1211-1213), rythme ternaire, alliance de mots (« nous nouségorgerons galamment, s'il vous plaît », Ruy Blas, v.

940), etc. II.

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fondé sur une esthétique du changement... Le drame a un tel désir d'être le théâtre de la modernité qu'il réunit en lui tout ce qui peut paraître instable etmouvant, comme pour éviter d'être attaché à un principe intangible dont il ne pourrait se défaire.

« Il n'y a ni règles,ni modèles, écrit Hugo dans la préface de Cromwell, ou plutôt il n'y a d'autres règles que les lois générales de lanature qui planent sur l'art tout entier, et les lois spéciales qui, pour chaque composition, résultent des conditionsd'existence propres à chaque sujet.

Les unes sont éternelles, intérieures et restent ; les autres variables,extérieures, et ne servent qu'une fois.

» Ainsi sera mise en évidence une esthétique.... »

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