Michel Strogoff

« « Une tête sortait du sol!» EXTRAITS Le tsar décide d'envoyer un çourrier à travers la Russie La porte du cabinet impérial s'ouvrit bien­ tôt, et l'huissier annonça l e général Kissojf.

« Ce courrier ? demanda vivement le tsar.

- Il est là, Sire , répondit le général Kissojf.

- Tu as trouvé l'hom- ·'\..- me qu'il fallait ? raient peut-être.

(.

..

) Il se nomme ? - Michel Strogojf.

- J'ose en répondre à Votre Majesté.

- Il était de service au palais ? Oui, Sire.

Tu le connais ? P ersonnellement, et plusieurs fois il a rem­ pli avec succès des missions difficiles.

- A l'étranger ? - En Sibérie même.

- D'où est-il ? - D 'Omsk.

C'est un Sibérien.

- Il a du sang-froid, de l'intelligence , du courage? - Oui, Sire, il a tout ce qu'ilfaut pour réussir là où d'autres échoue- Les obstacles naturels sont nombreux sur la route de Strogoff Les monts Oural se développent sur une étendue de près de trois mille verstes ( 3 200 kilomètres) entre l'Europe et l'Asie.

Qu'on l es appelle de ce nom d'Ourals qui est d' ori­ gine tartar e, ou de celui de Poyas, suivant la dénomination russe , ils sont justement nommés, puisque ces deux noms signifient « ceinture » dans les deux langues .

Nés sur le littoral de la mer Arctique, ils vont mou­ rir sur l es bords de la Caspienne.

Telle était la frontière que Michel Strogoff devait franchir pour passer de Russie en Sibérie, et, on l'adit, en prenant la route qui va de Perm à Ekaterinbourg , située sur le versant oriental des monts Oural il avait agi sagement .

La scène fameuse où le héros a les yeux brûlés eut un grand succès L'émir fit un geste.

Michel Strogoff, poussé par les gardes, s'approcha de la terrasse, et alors , dans cette langue tartare qu'il com­ prenait, Féofar lui dit: « Tu es venu pour voir, espion des Russes.

Tu as vu pour la dernière fois.

Dans un ins­ tant, tes yeux seront à jamais fermés à la lu­ mière ! » Ce n'était pas de mort, mais de cécité, qu'allait être frap­ pé Michel Strogoff.

Perte de la vue, plus terrible peut-être que la perte de la vie ! Le malheureux était condamné à être aveugle.

«U ne immense clart é dissipa les ombres de la nuit.

» Alors que le sentiment françai s était plutôt ami-russe , le succès de Michel Strogof{fut tel que, pendant toute une saison , les menus , la mod e, la décoration fur ent « à la russe».

NOTES DE L'ÉDITEUR Ru sses:« Pendant qu'il terminait L'ile mystérieuse, le romancier, influencé par ces événements, tourna ses regards vers l'Est.

Im aginer que les Ouzbeks de Khi va aient songé à prévenir les ambitions russes sur leur capitale, en envahissant la Sibérie, n 'éta it pas dérai sonnable .

Les aventures d'un courrier du tsar, chargé de faire parv enir au gouvernement d'Irkoutsk des instructions très importantes, tel est en effet le sujet du nouve au récit qu'il entreprend.

» Jean-Jule s Verne, Jules Verne, Hachette Littérature, 1973.

La traversée de la Russie permet à Jules Verne de déployer ses talents pour la description : « Là, je dois, contre mon gré, ( ..

.

), sau t er à pieds joints par-dess us une énumération interminable et qui , rien que par le choix des termes précis, mais exotiques, évoque, de cette foule bigarrée, l'idée la plus colorée, la plus grouillante, la plus pittoresque, la plus v!vante et donne l'impression d'ass ister au film de la foire de Nijni-Novgorod , sinon d 'y assister en personne.

» Roger de La Fuye , revue Europe, 1955.

Strogoff est l 'archétype du héros : «En dépit de cette barbarie latente, le s Ru sses de Jules Verne, notamment l' inoubliable Michel Strogoff, type même du héro s vernien, restent des créatures d'exception, de caractère surnaturel, à la dimen sion du pays dont ils sont issus.

» Ghislain de Diesbach, Le Tour de Jules Verne en 80 livres, Julliard , 1969.

Jules Verne est impressionné par la conquête des contrées asiatiques par les 1 grav ure de Neuv ille I éd .

J.

J-lc tze l.

Paris 2.

3.

4, 5 gravures de Bar ba nt d 'ap rès Férat I éd.

J.

H etze l.

P aris VERNE 03. »