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Milo¨evic, Slobodan

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Miloševic, Slobodan (1941-2006), président de la Serbie de 1989 à 1997, puis président de la République fédérale de Yougoslavie entre 1997 et 2000, traduit devant le Tribunal pénal international (TPI) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

2   UN APPARATCHIK COMMUNISTE

Né à Pozarevac, dans l’est de la République de Serbie, Slobodan Milošević est le fils d’un théologien de l’Église orthodoxe d’origine monténégrine et d’une mère qui milite au sein du Parti communiste clandestin. Il poursuit des études juridiques et obtient, en 1964, un diplôme de droit à l’université de Belgrade. Avant d’entrer en politique, il travaille pour la société Technogas à Belgrade, l’une des plus grandes sociétés industrielles serbes ; puis il accède à la présidence de la plus grande banque du pays, Beobanka, fonction qu’il exerce de 1978 à 1984. C’est donc du temps du communisme qu’il gravit tous les échelons de la nomenklatura.

Alors que Tito disparaît en mai 1980, Milošević entame une carrière politique au sein de la municipalité de Belgrade, puis est nommé, en 1984, à la direction de l’antenne du Parti communiste serbe de la capitale par Ivan Stamboli, auquel il succède à la tête du Parti en janvier 1986. Il met alors au point un discours souvent qualifié de national-communiste : il vante la Grande Serbie et exacerbe le nationalisme des populations serbes, dont il encourage le ralliement à l’Église orthodoxe.

3   UN NATIONALISTE POPULAIRE

Dans le sillage des révolutions démocratiques de 1989, il transforme le Parti communiste en Parti socialiste de Serbie, dont il conserve la présidence, et en mai 1989, il devient président de la Serbie, évinçant Stamboli.

Ses premières décisions politiques sont dirigées contre les minorités nationales : il condamne l’autonomie dont bénéficient, depuis la Constitution de 1974, les Albanais du Kosovo et leur inflige des mesures discriminatoires (épuration de l’administration, interdiction d’enseigner la langue albanaise). Cette politique nationaliste est extrêmement populaire en Serbie, aussi, en décembre 1990, lors des premières élections démocratiques organisées dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale, Milošević est élu président.

Après les proclamations d’indépendance de la Slovénie et de la Croatie, en juin 1991, et l’échec de son projet de Grande Serbie, Milošević accepte formellement la formation d’une République fédérale de Yougoslavie réduite à la Serbie et au Monténégro. Il apporte cependant son soutien aux milices séparatistes serbes en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, coupables de nombreuses exactions, afin de parvenir à l’« épuration ethnique «.

Pour mettre fin à l’isolement et à l’embargo prononcé en avril 1992 contre son pays par la communauté internationale, Milošević, qui a été réélu à une large majorité aux élections de 1992, écarte les extrémistes et s’attache à soigner son image d’homme de paix, tout en refusant énergiquement la présence d’observateurs occidentaux au Kosovo, où un véritable contre-pouvoir albanais s’est instauré, sous la direction du modéré Ibrahim Rugova. Défendant en apparence une politique modérée, il soutient en sous-main les extrémistes serbes de Bosnie-Herzégovine, comme Radovan Karad¸ić, auxquels l’armée serbe apporte une aide matérielle.

Mais face à une situation économique catastrophique en Serbie, frappée par cinquante-deux mois de sanctions économiques internationales, Milošević est contraint d’accepter le plan de paix de la Communauté internationale et signe, en 1995, les accords de Dayton, qui reconnaissent l’existence d’un État de Bosnie-Herzégovine. Milošević favorise alors la mise à l’écart de Radovan Karad¸ić, recherché pour crimes contre l’humanité et génocide par la justice internationale. Bien qu’il ait ainsi obtenu la levée de l’embargo contre la Serbie, Milošević doit toujours faire face à la désorganisation économique du pays et aux déceptions liées à l’échec de son projet d’une Grande Serbie.

4   UNE INCULPATION DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

Un fort mouvement de contestation se développe alors, regroupant les étudiants et les partis d’opposition qui l’accusent d’être le principal responsable de la détérioration de la situation en Serbie. Celui-ci entraîne son échec aux élections municipales de novembre 1996, mais il réussit néanmoins à se maintenir au pouvoir.

Malgré l’impossibilité constitutionnelle de briguer un troisième mandat à la présidence de la République de Serbie, il parvient, en 1997, à y placer l’un de ses fidèles, Milan Milutinović, tandis qu’il se fait, dans le même temps, élire à la tête de la République fédérale de Yougoslavie. Bien que ce poste soit essentiellement honorifique, Milošević continue en sous-main à diriger la vie politique, aussi bien au sein de la République fédérale qu’en Serbie, ceci grâce au soutien de la police, de l’armée, de la majorité des membres de son Parti socialiste et des médias.

Il peut, dès lors, se comporter en maître absolu du pays et renforce son pouvoir au début de l’année 1998 en formant une coalition avec les ultra-nationalistes de l’ancien chef paramilitaire Vojislav Seselj. Le régime se durcit encore et proclame combattre pour « la défense de l’intégrité du pays «. Ce slogan est traduit en actes au Kosovo dès mai 1998 où la politique de discrimination et de violences contre les Kosovars s’accentue. Malgré la position d’autorité de Milošević, cet ultra-nationalisme ne convainc plus tous les Serbes. Les candidats qui le représentent perdent les élections législatives et municipales au Monténégro. Cet échec renforce l’intransigeance de Milošević : bien qu’il ait signé le texte rédigé par l’envoyé américain Richard Holbrooke, qui prévoit l’arrêt des hostilités au Kosovo à l’automne 1998, les forces serbes renforcent leur action et leur présence dans cette province. En mars 1999, Milošević refuse le plan de paix préparé lors de la conférence de Rambouillet, ce qui déclenche l’intervention des forces de l’OTAN et la guerre dite du Kosovo. Après soixante-dix-huit jours de frappes aériennes, Milošević finit par accepter le plan de paix et de libération du territoire kosovar préparé par le G8.

Accusé d’avoir programmé et mis en œuvre la politique de nettoyage ethnique au Kosovo, il est inculpé par le Tribunal pénal international (TPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité : le 24 juin 1999, le gouvernement américain offre 5 millions de dollars pour toute information pouvant conduire à l’arrestation ou à la condamnation de criminels de guerre dans l’ex-Yougoslavie, y compris Slobodan Milošević. Après le retrait des forces serbes du Kosovo, sa démission est exigée par l’Église orthodoxe et par une partie croissante de l’opposition, qui manifeste son exaspération dans la rue. Mais Milošević se maintient malgré tout au pouvoir. Sa présence empêche le déblocage de l’aide internationale pour la reconstruction de la Serbie (dans le cadre d’un plan général pour les Balkans), puisque cette dernière est conditionnée par son départ du pouvoir.

Le 24 septembre 2000, au soir du premier tour des élections présidentielles, Vojislav Kostunica, candidat de l’Opposition démocratique serbe (ODS), annonce sa victoire, mais Slobodan Milošević refuse de reconnaître sa défaite. L’opposition lance une campagne de désobéissance civile : le 5 octobre, une manifestation nationale à Belgrade rassemble plus de 300 000 personnes. L’annonce par la Cour constitutionnelle de l’annulation du premier tour de l’élection provoque une insurrection pacifique et euphorique. Le Parlement fédéral et l’immeuble de la radio-télévision serbe, bastions des partisans de Milošević, sont envahis, tandis que Kostunica se déclare président de Yougoslavie et salue la « Serbie libérée «. Le lendemain, Slobodan Milošević admet sa défaite à la télévision et Kostunica est investi par le Parlement fédéral. Milošević est malgré tout réélu à la tête du Parti socialiste serbe en novembre 2000.

5   UNE INCULPATION DE GÉNOCIDE

Le 1er avril 2001, au terme d’une arrestation mouvementée, qui voit la police prendre d’assaut sa résidence, Slobodan Milošević est incarcéré tandis qu’une instruction pour corruption et abus de biens sociaux est menée par les magistrats de Belgrade. Après avoir hésité plusieurs mois, les nouvelles autorités serbes le livrent en juin de la même année au Tribunal pénal international (TPI), condition émise par la communauté internationale pour le versement d’une aide économique à la Serbie.

À l’automne 2001, Slobodan Milošević est inculpé par Carla Del Ponte, procureur du TPI, de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la guerre en Croatie (1991-1992), puis de génocide pour son rôle dans la guerre en Bosnie (1992-1995). C’est la première fois qu’un ancien chef d’État européen est accusé de génocide depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce crime a été défini en 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies comme un ensemble d’actes commis « dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux «. Le procès de Slobodan Milošević s’ouvre en février 2002, mais le décès de l’ancien dirigeant serbe survient de manière inattendue en mars 2006 avant qu’un jugement n’ait été prononcé.

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