Devoir de Philosophie

La modestie: pourquoi est-ce une vertu individuelle et sociale ? Y a-t-il une fausse modestie ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Pour juger la modestie et discerner la vraie de la fausse modestie, le meilleur moyen est d'étudier les différentes causes que peut avoir la modestie, vraie ou apparente. La modestie peut tenir à une ignorance de ce que l'on vaut réellement, à un manque de confiance en soi; c'est peut-être une vertu morale ou c'est une forme de caractère moralement indifférente, mais c'est très souvent un défaut pratique qui empêche de tenter des buts parfaitement louables et qu'on aurait été capable d'atteindre — ou c'est une sorte d'impuissance nerveuse à montrer, quand il le faut et comme il le faut, ce que l'on vaut; cette sorte de modestie est plutôt de la timidité, autre défaut pratique — ou bien l'homme modeste n*ignore pas ce qu'il est, mais il connaît ses défauts comme ses qualités, il n'exagère pas ses qualités ou même il aurait tendance à les voir moins grandes qu'elles ne le sont; car il est toujours enclin à se comparer à ceux qui ont plus de qualités, plus d'intelligence, plus de talent que lui; il ne confond pas ce qu'il voudrait être avec ce qu'il est réellement. Cette sorte de modestie est, par ses causes, une vertu morale. C'est parce qu'elle est une vertu qu'on peut la feindre pour s'en donner le mérite. La Rochefoucauld a dit : « La modestie qui semble refuser les louanges n'est en effet [en réalité] qu'un désir d'en avoir de plus délicates. » Souvent en effet on n'a pas du tout le désir de laisser son mérite inaperçu. Mais en feignant de l'ignorer ou de le déprécier, on croit inviter les autres à le défendre, à le mettre en valeur, tout en se donnant l'air d'être modeste. C'est par vanité qu'on cache sa vanité.

Liens utiles