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Molière, les Femmes savantes (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Molière, les Femmes savantes (extrait). Dans les Femmes savantes, Molière poursuit la satire entamée avec les Précieuses ridicules. Après la dénonciation des prétentions culturelles des bourgeoises de son temps, il fustige ici les abus d'autorité intellectuelle que constituent la cuistrerie et le snobisme. Au-delà de l'effet comique, né des outrances du langage précieux et des retenues maniérées de ces « rimailleurs « de fortune, Molière condamne, dans cette scène, l'arrogance et la mégalomanie des coteries, souvent bien trop galantes pour être tout à fait savantes. Les Femmes savantes de Molière (acte II, scène 6) CHRYSALE Comment diantre, friponne ! Euh ? a-t-elle commis... PHILAMINTE Elle a, d'une insolence à nulle autre pareille Après trente leçons, insulté mon oreille Par l'impropriété d'un mot sauvage et bas Qu'en termes décisifs condamne Vaugelas. CHRYSALE Est-ce là... PHILAMINTE Quoi ? toujours, malgré nos remontrances, Heurter le fondement de toutes les sciences, La grammaire, qui sait régenter jusqu'aux rois, Et les fait la main haute obéir à ses lois ? CHRYSALE Du plus grand des forfaits je la croyais coupable. PHILAMINTE Quoi ? vous ne trouvez pas ce crime impardonnable ? CHRYSALE Si fait. PHILAMINTE Je voudrais bien que vous l'excusassiez. CHRYSALE Je n'ai garde. BÉLISE Il est vrai que ce sont des pitiés : Toute construction est par elle détruite, Et des lois du langage on l'a cent fois instruite. MARTINE Tout ce que vous prêchez est, je crois, bel et bon ; Mais je ne saurais, moi, parler votre jargon. PHILAMINTE L'impudente ! appeler un jargon le langage Fondé sur la raison et sur le bel usage ! MARTINE Quand on se fait entendre, on parle toujours bien, Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien. PHILAMINTE Hé bien ! ne voilà pas encore de son style ? Ne servent pas de rien ! BÉLISE Ô cervelle indocile ! Faut-il qu'avec les soins qu'on prend incessamment, On ne te puisse apprendre à parler congrûment ? De pas mis avec rien tu fais la récidive, Et c'est, comme on t'a dit, trop d'une négative. MARTINE Mon Dieu ! je n'avons pas étugué comme vous, Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous. PHILAMINTE Ah ! peut-on y tenir ? BÉLISE Quel solécisme horrible ! PHILAMINTE En voilà pour tuer une oreille sensible. BÉLISE Ton esprit, je l'avoue, est bien matériel. Je n'est qu'un singulier, avons est pluriel. Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? MARTINE Qui parle d'offenser grand-mère ni grand-père ? PHILAMINTE Ô Ciel ! BÉLISE Grammaire est prise à contresens par toi, Et je t'ai dit déjà d'où vient ce mot. MARTINE Ma foi ! Qu'il vienne de Chaillot, d'Auteuil, ou de Pontoise, Cela ne me fait rien. BÉLISE Quelle âme villageoise ! La grammaire, du verbe et du nominatif, Comme de l'adjectif avec le substantif, Nous enseigne les lois. MARTINE J'ai, Madame, à vous dire Que je ne connais point ces gens-là. PHILAMINTE Quel martyre ! BÉLISE Ce sont les noms des mots, et l'on doit regarder En quoi c'est qu'il les faut faire ensemble accorder. MARTINE Qu'ils s'accordent entre eux, ou se gourment, qu'importe ? PHILAMINTE, à sa soeur Eh ! mon Dieu ! finissez un discours de la sorte. Source : Molière, les Femmes savantes, in OEuvres Complètes, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade «, 1971. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« MARTINE Quand on se fait entendre, on parle toujours bien, Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien. PHILAMINTE Hé bien ! ne voilà pas encore de son style ? Ne servent pas de rien ! BÉLISE Ô cervelle indocile ! Faut-il qu’avec les soins qu’on prend incessamment, On ne te puisse apprendre à parler congrûment ? De pas mis avec rien tu fais la récidive, Et c’est, comme on t’a dit, trop d’une négative. MARTINE Mon Dieu ! je n’avons pas étugué comme vous, Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous. PHILAMINTE Ah ! peut-on y tenir ? BÉLISE Quel solécisme horrible ! PHILAMINTE En voilà pour tuer une oreille sensible. BÉLISE Ton esprit, je l’avoue, est bien matériel. Je n’est qu’un singulier, avons est pluriel. Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? MARTINE Qui parle d’offenser grand-mère ni grand-père ? PHILAMINTE Ô Ciel ! BÉLISE Grammaire est prise à contresens par toi, Et je t’ai dit déjà d’où vient ce mot. MARTINE Ma foi ! Qu’il vienne de Chaillot, d’Auteuil, ou de Pontoise, Cela ne me fait rien. BÉLISE Quelle âme villageoise ! La grammaire, du verbe et du nominatif, Comme de l’adjectif avec le substantif, Nous enseigne les lois. MARTINE J’ai, Madame, à vous dire. »

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