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monarchie de Juillet

Publié le 11/02/2013

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monarchie

1   PRÉSENTATION

monarchie de Juillet, régime de monarchie constitutionnelle de la France correspondant au règne de Louis-Philippe (1830-1848), qui s’est effondré lors de la Révolution de février 1848.

Bien que caractérisée par son ultra-conservatisme, la monarchie de Juillet est une période de grandes réformes sociales et économiques.

2   DES « TROIS GLORIEUSES « AU NOUVEAU RÉGIME

Lorsqu’éclate la Révolution de juillet 1830, la bourgeoisie d’affaires, qui a souhaité le renversement des Bourbons, nourrit la plus grande méfiance à l’égard d’une solution républicaine : elle prend de vitesse les insurgés parisiens pour imposer le duc d’Orléans, homme qui leur semble capable de garantir au mieux un compromis écartant à la fois le spectre de la monarchie absolue et l’ombre sanglante des excès révolutionnaires. Le 9 août 1830, le duc d’Orléans — lieutenant général du royaume depuis l’abdication de Charles X (31 juillet) — est proclamé roi, sous le nom de Louis-Philippe Ier. Néanmoins, avant de le reconnaître, les députés exigent qu’il renonce à la monarchie de droit divin (« roi de France «) et accepte que sa fonction relève d’un lien contractuel avec la nation (« roi des Français «).

Louis-Philippe prête serment sur la Charte constitutionnelle de 1830. Révision de la Charte de 1814, celle de 1830 émane d’un compromis entre les aspirations des monarchistes libéraux et les attentes des républicains engagés dans les « Trois Glorieuses «. En effet, les constituants se sont heurtés aux revendications républicaines exprimées dans les grandes villes, et aux légitimistes qui dénoncent l'usurpation orléaniste et ne reconnaissent que le comte de Chambord, « Henri V « choisi par Charles X , comme héritier légitime de la couronne.

L’héritage constitutionnel de 1814 comprend donc le maintien du bicamérisme et du suffrage censitaire, et la nature monarchique de l'État. En revanche, la référence à l’Ancien Régime est désormais abandonnée ; le gouvernement par ordonnances est supprimé au profit d’un partage du pouvoir législatif entre les Chambres et le roi ; la presse est libérée de toute censure ; le corps électoral est élargi grâce à l’abaissement du cens (ce qui permet un accroissement du rôle politique et électif des notables locaux) ; le drapeau tricolore est adopté ; le catholicisme n’est plus la religion d’État, mais celle de la majorité des Français ; enfin, la pairie n’est plus héréditaire.

3   CONFISCATION DE LA RÉVOLUTION PAR LES NOTABLES

Depuis les Tuileries, le « roi citoyen « Louis-Philippe présente la Constitution et les pouvoirs qu’elle lui confère comme la traduction de son idéal d’une monarchie bourgeoise. À ses yeux, l’abaissement du cens et l’ouverture du recrutement de la Garde nationale soulignent cette passation entre une monarchie traditionnelle et un régime monarchique inspiré des conquêtes révolutionnaires.

Néanmoins, si le texte constitutionnel adopté suppose une libéralisation du régime, la France reste assujettie à une monarchie. La Constitution traduit cette vision limitative du gain de liberté que la grande majorité des députés, effrayés par une solution républicaine, se sont empressés de ratifier. Et l’ambiguïté constitutive du nouveau pouvoir pèse évidemment sur la nature du débat politique : le roi, associé aux députés « notables «, confisque rapidement la révolution pour réinstaurer un régime conservateur.

S’inscrivant toutefois dans une même perspective conservatrice et caractérisés par un recrutement bourgeois excluant du jeu politique les forces démocratiques et populaires, deux courants principaux s’affrontent sur l’échiquier politique. Le parti dit du « Mouvement « entend se fonder sur les libertés acquises pour moderniser la France, instaurer des réformes audacieuses et aider les peuples en luttant pour leur indépendance (notamment les Grecs, les Polonais, les Belges et les Italiens). C’est le parti d’Adolphe Thiers et d’Armand Carrel, renforcé par la Révolution de 1830. De leur côté, le parti de la « Résistance « et ses affidés refusent toute réforme : ils sont prêts à recourir à la force pour endiguer les mouvements politiques ou sociaux déstabilisateurs.

4   L’ILLUSION LIBÉRALE

Dans un premier temps, pour ne pas décevoir les espoirs des républicains, des bonapartistes et de la majorité de la classe politique, Louis-Philippe impulse une libéralisation du régime. Après l’intermède d’un gouvernement de coalition « Mouvement/Résistance « (août-novembre 1830), il nomme Jacques Laffitte, membre du parti du Mouvement, à la présidence du Conseil. Mais l’agitation républicaine menace et le roi opte pour les conservateurs en appelant Casimir Perier en mars 1831. Désormais aux Affaires, la Résistance fait sensiblement basculer le régime dans l’ère des persécutions politiques : répression des Canuts de Lyon en novembre 1831, ou des républicains parisiens en juin 1832.

Après la mort de Casimir Perier en mai 1832, Louis-Philippe s’implique davantage dans les affaires et charge le duc de Broglie de former un cabinet comprenant François Guizot et Adolphe Thiers. La monarchie s’engage dans les voies d’un conservatisme croissant ponctué de crises ministérielles (hiver 1834-1835). Les opposants manifestent. Regroupés derrière la duchesse de Berry et son fils, le comte de Chambord, les légitimistes contestent à Louis-Philippe son titre royal et tentent vainement un rétablissement des Bourbons (juin-novembre 1832). Les républicains, pour leur part, déclenchent de nombreuses insurrections : les plus violentes, à Lyon et Paris entre février et avril 1834, débouchent sur la sanglante répression de la rue Transnonain, le 15 avril 1834. La popularité de Louis-Philippe faiblit et le roi est la cible de plusieurs attentats, notamment ceux de Fieschi le 28 juillet 1835, et de Meunier et d’Alibaud en 1846.

La répression politique redouble, contre les saint-simoniens (procès d’août 1832) et contre les républicains (procès d’avril 1835). Eugène Cavaignac, Armand Carrel, Garnier-Pagès, Louis Blanc, Auguste Blanqui et Armand Barbès exigent vainement par voie de presse des réformes faisant du peuple un acteur politique (suffrage universel), une personne investie de dignité (gratuité de l’enseignement) et ayant droit à la liberté d’expression (liberté de la presse). En effet, la presse repasse, dès avril 1834, sous la coupe d'une sévère censure. En outre, les mouvements socio-politiques continuent d’être réprimés dans le sang, comme à Paris en mai 1839, lors de l’insurrection de la Société des saisons fomentée par Barbès et Blanqui.

Mais la répression ne réussit pas à endiguer l’agitation. De même, à la suite de la tentative d’attentat de Fieschi sont promulguées des lois de censure facilitant la répression des républicains : instaurées par le ministre de l’Intérieur Adolphe Thiers en septembre 1835, elles interdisent toute revendication de républicanisme, renforcent la censure de la presse, font de l’offense au roi un délit (dans une période où Louis-Philippe est abondamment caricaturé par la presse) et menacent de la justice toute action jugée subversive.

5   LE TOURNANT ULTRA-CONSERVATEUR

La monarchie connaît un apaisement temporaire entre 1836 et 1840, période de grands débats parlementaires qui cherchent à définir le « juste milieu « — notion d’aménagement du régime permettant de le stabiliser, de pacifier et de moderniser la France, sans rechuter dans les ornières des excès monarchiques ou révolutionnaires.

Malgré l’existence de nombreux courants, dont celui d’Odilon Barrot (la « gauche dynastique «) ou d’André Dupin (le « Tiers-parti «), deux grandes figures dominent le débat : François Guizot et Adolphe Thiers. Le premier, incarnant la pensée conservatrice de la « Résistance «, considère que la monarchie actuelle permet d’assumer l’héritage révolutionnaire tout en laissant un rôle conséquent au souverain. Pour Guizot, la croissance doit favoriser la participation de la petite bourgeoisie aux décisions politiques via l’élargissement progressif du corps électoral. De son côté, Adolphe Thiers, qui anime le centre-gauche, est imprégné par le modèle anglais : il défend un régime constitutionnel limitant les prérogatives royales à la nomination du chef de gouvernement et envisage une plus large participation des citoyens.

Mais ce débat n’a guère de poids ni de retombées : la monarchie de Juillet est avant tout stérile et peu éthique. À la Chambre, la corruption règne et la bourgeoisie d’affaires continue à dominer le paysage politique et social. Dans ce climat, la loi Guizot sur l’enseignement (28 juin 1833) fait figure d’exception.

6   LES ANNÉES GUIZOT

Après les mandats d’Adolphe Thiers à la présidence du Conseil (février-septembre 1836 et mars-octobre 1840), de Louis Mathieu Molé (septembre 1836-mars 1839), du maréchal Soult (mai 1839-mars 1840), voire quelques crises ministérielles, François Guizot accède aux Affaires le 29 novembre 1840. Jusqu’en 1848, il reste le fidèle porte-parole du roi et le promoteur du fléchissement ultra-conservateur — il fait fi des aspirations des classes moins favorisées, tels les ouvriers et la petite bourgeoisie.

Sous la responsabilité du maréchal Soult jusqu’en 1847 puis seul, François Guizot orchestre l’immobilisme attendu par Louis-Philippe : pour lui, la monarchie censitaire est le régime idéal qui doit permettre aux meilleurs, selon le principe méritocratique, de s’arracher au peuple et à la petite bourgeoisie. Dans cet esprit, il n’est pas d’actualité de baisser le cens de 200 à 100 F pour élargir massivement le corps électoral, ni de reconnaître comme électeurs des citoyens « capables «. Le principe moteur de la reconnaissance par l’argent prévaut. Guizot réussit, en outre, à tenir la Chambre en y créant des majorités systématiques grâce à la docilité des 200 députés-fonctionnaires et à la corruption des députés élus. Il a les mains libres pour mener une politique économique favorable aux pouvoirs d’argent.

Cependant, à partir de 1846, la conjugaison entre la persistance de l’opposition et la crise économique et agricole (le peuple ploie sous la misère) a raison de cette politique.

7   DÉLIQUESCENCE ET CHUTE DU RÉGIME

Depuis le début des années 1840, plusieurs événements ont déstabilisé le régime. En 1842, la mort du très populaire et libéral héritier de la couronne, le duc d’Orléans, porte un premier coup au régime. Le vieillissement du monarque accentue la critique à son égard et la crise économique accroît la déstabilisation du régime.

En 1847, la déliquescence du régime s’accélère avec le rejet des réformes électorales (favorables à un élargissement du corps électoral), réformes discutées depuis 1845-1846. À partir de juillet, la « campagne des Banquets « souligne un regain d’énergie de l’opposition républicaine, sa capacité de mobilisation et la radicalisation d’une partie de l’opposition à la Chambre. Le 22 février 1848 à Paris, l’interdiction d’une de ces réunions d’opposition dégénère en une violente manifestation. Louis-Philippe ne peut endiguer la vague de protestations qui débouche sur une lutte armée sanglante entre la troupe et le peuple insurgé. Malgré la démission de Guizot le 23, la fusillade du boulevard des Capucines, le même jour, plonge la capitale dans un vaste mouvement révolutionnaire. Avec le ralliement de la Garde nationale à la révolution, le pouvoir vacille, puis chute : le 24 février 1848, Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils. Mais entre-temps, les chefs républicains réunis à l’Hôtel de Ville de Paris ont proclamé la république (voir IIe République).

8   LE BILAN ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

L’échec de la monarchie de Juillet scelle la fin de la seconde tentative de Restauration, après celle de 1814. Mais la disparition brutale du régime et son histoire politique arrimée à la défense de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie d’affaires ne doivent pas laisser l’impression d’un immobilisme complet en matière de réalisations sociales et économiques.

En effet, outre les lois scolaires de Guizot — point d’orgue des réformes de la monarchie de Juillet — et en dépit de l’échec de la réforme électorale, la monarchie de Juillet a toutefois permis une « descente de la politique vers les masses «, comme le souligne l’historien Maurice Agulhon. De plus, nonobstant les lois de septembre 1835, la réforme du Code Napoléon permet un relatif assouplissement de la justice et des sanctions de justice, notamment en ce qui concerne la peine de mort.

D’autres éléments permettent d’apprécier les progrès accomplis entre 1830 et 1848 : ainsi les réformes Esquirol offrent un statut aux aliénés et aux asiles qui les accueillent ; le travail des enfants dans l’industrie est limité par un texte de mars 1841, qui n’est cependant pas appliqué. Sur le plan religieux, l’abolition du concept de « religion d’État « permet la réelle liberté et l’égalité des droits des cultes reconnus (catholicisme, protestantisme, judaïsme).

D’un point de vue économique, de grands chantiers sont mis en œuvre, comme le symbolise l’effort fait en matière de transport : triplement du réseau de chemin de fer (1 900 km en 1848), aménagement pour la batellerie (inauguration du canal du Rhône au Rhin en 1833), loi sur l’entretien des chemins vicinaux. Par ailleurs, l’agriculture connaît des rendements en progression, malgré la disette de 1846, et étend ses territoires. Mais l’avancée la plus caractéristique de la période reste certainement l’effort fait pour la modernisation du système bancaire, des investissements et du développement de l’industrie ; même si la vitalité économique profite principalement à la grande bourgeoisie d’affaires et à cette « France des notables «, notables qui sont les véritables piliers de la monarchie de Juillet.

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