MONET: LA CATHÉDRALE DE ROUEN. EFFET DU MATIN

« I.A CATHÉDRALE DE ROUEN.

EFFET DU MATIN 1894 Pein tre français Analyse ~ Cette œuvre appartient à la célèbre série, Cathédrales de Rouen.

Le portail et la tour Saint­ Romain, où Monet renonce à décrire la fluidité de la nature pour nous donner un extraordinaire « portrait » multiple de ce monument spirituel et artistique.

Cette série comporte plus de vingt tableaux -réalisés à différentes heures du jour, de l'a ube au crépuscule -où l' artiste présente , sous des aspects divers, une vision rapprochée d'une partie de la façade.

Pour les peindre, Monet s'est placé à une des fenêtres du second étage de la boutique « Au Caprice » au 81 rue du Grand-Pont.

En fonction de l'heure et des changements lumineux, il passe d'une toile à l'a utre .

Clemenceau, qui était un ami et un admirateur de Monet , a distingué quatre « moments picturaux » qui dominent la série : le gris, le blanc, l 'iridescent et le bleu.

À son habitude , Monet fait preuve d' un remar­ quable sens de la couleur.

C'est elle qui définit l'espace dans ces œuvres où la composition est réduite au minimum ; c'est sa densité qui donne tout son poids aux rugueuses murailles de la cathédrale.

Les empâtements de peinture ani- XIxe- xxe siècles Im pressionnisme Huile sur to ile 106 x 73 cm ment la surface, rongent les détails du décor arc hitectural, expriment tous les effets de la lumière matinale sur la pierre et donn ent une dimension incomparable à cette évocation du monument.

Quelques années plus tard, Male­ vitch reconnaîtra que « les cathédrales de Monet sont un tournant décisif dans l'histoire de J'a rt » et Mondrian s'attaquera lui aussi à une sér ie de façades de l'ég lise de Domburg, qui le mènera à l'a bstraction.

L'œuvre C Le tableau est signé et daté.

En 1895 , il fut exposé à la galerie Durand-Rue/ , ainsi que vingt toiles de la série des cathédrales exécutées par Monet au cours · de l'hiver 1892-93 et complétées dans son atelier de Giverny en 1894.

Le musée d 'Orsay expose cinq de ces toiles: quatre d'entre elles ont été léguées par le comte Isaac de Camondo au Louvre en 1911 , la cinquième avait été achetée à l'artiste par l 'État en 1907.

Des cat h éd ral es révol ut ionn aires + Clemenceau, dans un article publié dans sa revue La Justice , disait à propos des cathédrales de Monet : «Le peintre nous donne la sensation que l es toiles auraient pu être cinquante, cent, mille, aussi nombreuses que les minutes de sa vie».

L'exposition des Cathédrales de Monet à la galerie Durand-Rue! fut très remarquée par ses amis peintres : Cézanne, Degas et Renoir expri­ mèrent leur admiration sans réserve .

Pissarro , quant à lui, écrivit le 26 mai à son fils Lucien : «C'est l'œuvre d' un volitif, pondéré , qui suit les effets les plus minimes , comme aucun autre artiste ne le fait.

Certains nient la néce ssité de pousser la recherche à ce point ».

Du même peintre.

PICTO 797 à 814.

Photo R.M .N.

© Nardini Editore, 1993.

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française, 199 3 17-30. »