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Monnaie, valeur et prix chez Adam SMITH

Publié le 21/05/2011

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adam smith

Le problème de la valeur a beaucoup agité les économistes du xviiie et du me siècle. Ils s'interrogent indéfiniment pour savoir en quoi elle consiste, quel en est le fondement, en quoi elle se différencie de l'utilité, du prix, etc.  Adam Smith distingue la « valeur d'usage « (il dit « valeur en usage «) et la « valeur d'échange « (il dit « valeur en échange «). La valeur d'usage, c'est pratiquement l'utilité. La valeur d'échange, c'est celle qui permet d'obtenir un autre produit avec celui qu'on possède. L'eau a une grande valeur d'usage et une valeur d'échange infime. Le diamant a une grosse valeur d'échange et presque aucune valeur d'usage.  C'est toujours dans son livre I (ch. 4, 5 et 6) que Smith parle de la valeur. Pourquoi? D'abord parce que c'est la division du travail qui explique la valeur d'échange. Ensuite parce que le travail est le fondement et la mesure de la valeur.   

adam smith

« même.Qu'il y ait un rapport entre la valeur et le travail est évident.

Que le travail soit seul à constituer la valeur l'estbeaucoup moins.

Si Smith a nettement fixé sa position, c'est toujours pour la même raison.

Contre les physiocrates,qui disaient que la terre est la source unique des richesses, il affirmait que le travail est cette source unique: Ildevait donc, logiquement, affirmer aussi que le travail est la source de la valeur.Mais que disaient les physiocrates ? Ils distinguent, eux aussi, valeur d'usage (qu'ils appellent valeur « usuelle »,avec Quesnay, ou « estimative », avec Turgot) et valeur d'échange (valeur « vénale » chez Quesnay, «appréciative » chez Turgot).

Mais leurs réflexions vont dans une autre direction que celles de Smith.Tout d'abord, en bons logiciens, les physiocrates se disent que s'il y a une valeur d'usage et une valeur d'échange, ildoit bien y avoir une relation entre elles deux.

Mieux : ce ne peut être que la même valeur.

Si l'on échange, eneffet, c'est pour l'usage.

La valeur d'échange s'enracine donc chez eux dans la valeur d'usage.

Smith, au contraire,ayant établi la différence entre valeur d'usage et valeur d'échange laisse ensuite froidement tomber la première quine l'intéresse pas.Il n'est pas difficile d'apercevoir la raison de cette différence d'attitude.

Les physiocrates vivent dans un climatagricole, Smith dans un climat commercial et industriel.

Pour les physiocrates, les produits, ce sont d'abord le blé, levin, le bétail dont ils perçoivent d'abord la valeur fondamentale d'usage.

Il faut manger pour vivre.

Pour Smith, lesproduits, ce sont d'abord les produits industriels et toutes ces denrées comestibles qui arrivent dans les portsbritanniques des cinq parties du monde en échange des produits manufacturés expédiés par la métropole.

Il enperçoit donc d'abord la valeur d'échange.D'autre part, les physiocrates sont sensibles aux variations de la production agricole et aux variations de cours quien résultent.

Une bonne récolte fait baisser les prix.

Une mauvaise récolte les fait monter.

Ce sont doncessentiellement l'utilité et la rareté qui font la valeur des produits.

Tandis que Smith, cherchant le commundénominateur de la valeur de tous les produits qui s'achètent et se vendent sur le marché, n'en trouve qu'un, letravail. • De Smith à Ricardo et à Marx Adam Smith avait dit sa pensée très nettement, mais en gros, à sa manière.

Il l'avait d'ailleurs exprimée assezbrièvement, sans même y consacrer un chapitre.

C'est à propos de la monnaie et du prix des marchandises qu'il s'enexplique, en passant si l'on peut dire.David Ricardo (1772-1823) s'en saisit pour en faire la base de sa théorie économique.

Car Ricardo, lui, à l'inverse deSmith, est un théoricien, un déductif pur.

Smith partait du travail pour écarter l'obsession physiocratique (qui lepoursuivra toujours : il dit bien plus souvent « la terre et le travail » que « le travail » tout court).

Ricardo part dutravail pour y identifier immédiatement la valeur et bâtir là-dessus ses Principes de l'économie politique et de l'impôt(1817).

Sans s'embarrasser de considérations préliminaires, il ouvre ses Principes par un chapitre : « De la valeur »et il annonce dès la première ligne de la première section que « la valeur d'une marchandise, ou la qualité d'uneautre marchandise contre laquelle elle s'échange, dépend de la quantité relative de travail nécessaire pour laproduire...

», à quoi il ajoute, anticipant sur les problèmes des prix et des salaires, « ...

et non de la rémunérationplus ou moins forte accordée à l'ouvrier ».

Nous sommes en plein dans l'économie industrielle.Si, après Smith, nous ne pouvions pas ne pas mentionner Ricardo, qui procède de lui, c'est évidemment à cause del'extrême importance que l'oeuvre de Ricardo continue d'avoir dans la pensée économique, mais c'est aussi etsurtout parce qu'il a lui-même eu une influence déterminante sur Karl Marx dont toute l'oeuvre économique est bâtiesur la théorie de la valeur-travail.Comme Ricardo, Karl Marx (1818-1883) s'attaque au problème de la valeur dès les premiers paragraphes de sonimmense ouvrage, Le capital.

Si le Livre premier s'intitule « Le procès de la production du capital », la premièrepartie (ch.

1 à 3) expose la théorie de la valeur, à propos de la marchandise et de la monnaie.Marx distingue, lui aussi, valeur d'usage et valeur d'échange; lui aussi considère que, dans l'échange desmarchandises, leur valeur d'échange est « absolument indépendante de leur valeur d'usage ».

Il faut donc trouverun « élément commun », qui est le travail.

« Comment mesurer la grandeur de cette valeur ? Par le quantième detravail, c'est-à-dire de substance créatrice de valeur qui s'y trouve contenu.

»Mais ce quantième lui-même, comment le mesurer ? Adam Smith avait déjà vu la difficulté.

« Il est souvent difficile,disait-il, de fixer la proportion entre deux quantités de travail.

Cette proportion ne se détermine pas toujoursseulement par le temps qu'on a mis à deux différentes sortes d'ouvrages.

Il faut aussi tenir compte des différentsdegrés de fatigue qu'on a endurés, et de l'habileté qu'il a fallu déployer (...).

Il n'est pas aisé de trouver une mesureexacte au travail ou au talent » (t.

I, p.

40).

Mais ce genre de difficulté (qui n'est pas mince) n'est pas de ceux surlesquels s'appesantisse le robuste Smith.

Il se contente de « cette grosse équité qui, sans être fort exacte, l'estbien assez pour le train des affaires communes de la vie » (id.).Marx, qui, comme Ricardo, ne retient que le seul travail pour construire son système économique, devrait être plussensible à cette difficulté.

Pourtant il ne tranche pas bien différemment de Smith.

S'il reconnaît que la variété estgrande entre les travaux des hommes, sa vision collectiviste du monde le débarrasse des problèmes de détail.Chacune des « forces » individuelles de travail est « partie intégrante de la force de travail humaine, en tant qu'ellepossède le caractère d'une force sociale moyenne et agit comme telle, employant par conséquent, pour laproduction de la marchandise, le temps de travail nécessaire en moyenne ou le temps de travail socialementnécessaire ».

D'où : « La valeur d'une marchandise est à la valeur de toute autre marchandise comme le temps detravail nécessaire à la production de l'une est au temps de travail nécessaire à la production de l'autre.De Smith à Ricardo, puis de Ricardo à Marx, l'idée de la valeur-travail s'est précisée et durcie.

On voit bien ainsicomment Smith se situe à un point d'équilibre dans l'histoire des doctrines économiques.

Entre le réalisme agraire. »

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