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MONTESQUIEU: Combien il faut être attentif à ne point changer l'esprit général d'une nation.

Publié le 15/02/2011

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S'il y avait dans le monde une nation qui eût une humeur sociable, une ouverture de cœur, une joie dans la vie, un goût, une facilité à communiquer ses pensées ; qui fût vive, agréable, enjouée, quelquefois imprudente, souvent indiscrète, et qui eût avec cela du courage, de la générosité, de la franchise, un certain point d'honneur, — il ne faudrait point chercher à gêner par des lois ses manières, pour ne point gêner ses vertus. Si, en général, le caractère est bon, qu'importe de quelques défauts qui s'y trouvent ?    On y pourrait contenir les femmes, faire des lois pour corriger leurs mœurs et borner leur luxe ; mais qui sait si on n'y perdrait pas un certain goût qui serait la source des richesses de la nation, et une politesse qui attire chez elle les étrangers ?    C'est au législateur à suivre l'esprit général de la nation lorsqu'il n'est pas contraire aux principes du gouvernement : car nous ne faisons rien de mieux que ce que nous faisons librement et en suivant notre génie naturel.    Qu'on donne un esprit de pédanterie à une nation naturellement gaie, l'Etat n'y gagnera ni pour le dedans, ni pour le dehors. Laissez-lui faire les choses frivoles sérieusement, et gaiement les choses sérieuses.    (Esprit des Lois, XIX, Ch. V.)   

L'art de la vulgarisation au XVIIIe siècle : mettre à la portée du public, avec clarté et agrément, mais sans rien sacrifier de la qualité des arguments ni de la profondeur des observations, les problèmes réservés ordinairement à des spécialistes. Ex. — Montesquieu. Combien il faut être attentif... — Problème de la législation traité sérieusement ; mais le lecteur moyen suit aisément la pensée ; plaisir délicat.      

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