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La morale peut-elle être immorale ?

Publié le 10/03/2004

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  Transition : Cependant, si la morale est bien telle que Nietzsche la décrit, il faudrait alors, pour être moral (à la manière de la force et de la puissance), abandonner toutes les valeurs (et selon Nietzsche, en forger de nouvelles : le mensonge, l'orgueil ... sont autant de valeurs ignorées par l'homme). Par conséquent, on peut se demander si la vie sortirait grandie d'un tel renoncement. En effet, toute violence soit elle, la morale nous permet au moins de ne pas sombrer dans l'autodestruction que constituerait (comme le monte brillamment Hobbes dans les premiers chapitres du Léviathan) la restitution pour chaque individu de la pleine et entière jouissance de ses droits naturels. Autrement dit, si la morale, même conventionnelle et arbitrairement érigée au profit des plus faible, est nécessaire, peut-elle encore rendre immoral ?   3-      Parce qu'elle est formellement ultra exigeante, la morale peut rendre immoral (= une seule action bonne a-t-elle jamais été accomplie ?)     a)      L'impératif catégorique Selon Kant, la morale commande catégoriquement : « tu dois parce que tu dois ». On retrouve à travers un tel autoritarisme le « relent de cruauté » que dénonce Nietzsche. Pourtant le problème pour Kant n'est pas de dresser la généalogie de la morale mais d'en étudier la forme rationnelle (sa détermination pure, a priori) : la morale ne peut s'accommoder de règles hypothétique en ce que ces dernières sont empiriquement conditionnées, c'est-à-dire qu'elles affectent pathologiquement la volonté (elles sont du types « si ... alors »). La morale dans sa forme épurée ne s'intéresse ni au bonheur ni au plaisir qui pourrait résulter de telle ou telle action. Dès que des motifs intéressés entrent en ligne de compte, l'action cesse aussitôt d'être morale et la volonté n'est plus bonne.
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« L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate , dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès , Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ». L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, maisau contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable. C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifique mythe del'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et se montre sourd aux injonctions ducocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donnc trois instance dans l'âme.

Le cocher figure la raison, qui a pourtâche de diriger.

Le « cheval blanc » représente le siège de l'honneur, de la colère.

Le « cheval noir » symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés au corps.

Or ces désirs ont pour caractéristiques d'êtremultiples, tyranniques, de ne rien respecter ( Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud ). Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonner sous laconduite de la raison.

Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir », c'est faire régner l'ordre.

L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde à l'âme concupiscible.

C'est unemaladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.

Dans cette tyrannie du supérieur par l'inférieur,l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il est nécessairement malheureux.

Il devient incapable dejugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il est soumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui. Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui est agréable avec cequi est bon.

Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.

Le projet d'hommes commeCalliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur. Le « Grogias » filait la métaphore des deux tonneaux.

L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.

L'homme tyrannique poursuit sans trêve des plaisirs nouveaux, commeon verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure, ce qu'il ne veut pas voir, c'est que saconduite déréglée en fait un « tonneau percé ».

Il peut sans fin accumuler les plaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuiseraen pure perte. Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable, uneconfusion entre bon & agréable.

Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement ».

Eclairer les intelligences, c'est ipso facto redresser les conduites. Mais puisque l'injustice est une maladie de l'âme, une perversion de l'ordre, alors la punition est le remèdeapproprié.

Le châtiment est conçu par Platon comme analogue du médicament.

On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour réparer un mal, parce qu'on sait que le traitement enduré est finalement bénéfique.

Il doit en aller de mêmepour l'âme : la souffrance endurée, là encore, doit être comprise comme nécessaire au rétablissement d'un équilibre quel'injustice avait compromis.

C'est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la thèse, « il est pire de ne pas être puni que de l'être ».

L'homme injuste impuni est semblable au malade abandonné à son sort. Platon inaugure la grande tradition de l'ascétisme.

En un sens, toute notre morale est restée imprégnée des thèses platoniciennes, et il n'y a guère que Nietzsche pour avoir reconnu en Calliclès un modèle. Transition : Il y a donc une contradiction à poser que la morale peut rendre immoral : dès lors que l'on sait ce qui est conforme à la moral,il est impossible de se comporter en sens contraire.

Ce qui explique l'immoralité, c'est simplement l'absence ou le défaut descience (la plaisir immédiat et sensible confondu avec le bien véritable, objet de l'intellect).Cependant , Aristote disait de l'intellectualisme socratique qu'il était en désaccord avec les faits : on peut savoir très exactement ce que pose la morale et pourtant, fléchir face à ses désirs en raison de leur force actuelle (exemple : je sais queles bonbons en quantité trop importantes sont nocives pour la santé, et j'approuve l'interdit d'abus qui en découle, etpourtant, que des bonbons me soient, offert, je cède à la tentation car je sais aussi que les sucreries sont douces et agréables= pas de défaut de science mais disjonction du savoir et du vouloir). En conséquence, la morale en elle-même, ne suffit pas à rendre moral ; mais alors peut-elle pour autant rendre immoral au sens où elle serait en elle-même cause de production de l'immoralité ? Comment penser qu'elle puisse aboutir à sa propre négation, se retourner contre elle-même ? Tout le problème est alors celui de son effectivité , de sa praticabilité . 2- LA MORALE , PRODUIT DE LA FAIBLESSE , REND IMMORAL AU REGARD DE LA NATURE. »

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