La Moselle - Ausone
Publié le 04/04/2013
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Né en 309 (ou 310) à Bordeaux, Ausone fait ses études à Toulouse, puis revient dans sa ville natale pour y enseigner la rhétorique. Il a notamment pour élève Paulin, le futur évêque de Nole. Il s'établit ensuite à Trèves où il exerce la fonction de précepteur de Gratien, le fils de l'empereur Valentinien 1er. Après l'assassinat de Gratien en 383, Ausone retourne définitivement à Bordeaux, où il meurt en 394.
«
« Attaché sans relâche
à la remorque, le matelot tire les câbles
des bateaux ...
»
EXTRAITS ---- ---~
Ode à la Moselle
Salut, fleuve béni des campagnes, béni des
laboureurs ; les Belges te doivent ces rem
parts honorés du séjour des empereurs ;
fleuve riche en coteaux que parfume
Bacchus, fleuve tout ver
doyant, aux rives gazon
neuses : navigable comme
l'océan, entraînée sur une
douce pente comme une
rivière, transparente com
me le cristal d'un lac, ton
onde en son cours imite
le frémissement des ruis
seaux, et donne un breu
vage préférable aux
fraîches eaux des fon
taines :
tu as seul tous les
dons réunis des fontaines,
des ruisseaux, des ri
vières, des lacs, et de la
mer même, dont le double
flux ouvre deux routes à
l'homme.
Tu promènes
tes flots paisibles sans
redouter jamais le mur
mure des vents ou le choc
des écueils cachés.
Le sable ne surmonte
point tes ondes pour interrompre
ta marche
rapide, et te forcer de la reprendre ; des
terres amoncelées au milieu de ton lit n' ar
rêtent point ton cours,
euu ne crains pas
qu'une
île, en partageant tes eaux, ne t'en
lève l'honneur mérité du nom de fleuve.
Scè ne de pêche au bord du fleuve
Cependant, aux lieux où la rive donne un
accès facile, une foule dévastatrice fouille
en tous sens les abîmes du fleuve.
Pauvre
poisson, hélas
! que protégeront mal ses re
traites profondes
! Un pêcheur, traînant au
loin en pleine eau ses lins humides, balaye
des essaims de poissons qui se prennent en
ses mailles noueuses.
Un autre, à l'endroit
où le fleuve promène des flots paisibles, étend
ses filets qui flottent avec leurs
signaux de liège.
Celui-là, du haut
d'un
rocher, se penche sur l'onde, incline la tige
courbée d'une verge flexible, et lance ses
hameçons garnis d'amorces mortelles.
Ignorant le piège, le peuple errant des eaux
s'y précipite en ouvrant une gueule avide,
et sa mâchoire béante a senti, mais trop
tard, la piqûre du
fer caché.
Le blessé se
débat : ce mouvement le trahit à la surface ;
par secousses
la soie tremble, et le roseau
qu'elle agite obéit et se balance.
Aussitôt la
main
del' enfant tire obliquement sa proie,
et
/'arrache d'un coup de sa ligne qui
déchire l'air en criant.
(.
.
.) L'humide butin
sautille sur la roche aride, redoutant les
traits mortels de
la lumière du jour.
La Moselle va se jeter dans le Rhin
A présent, ô Rhin, déroule ta robe d'azur et
les verts replis de ton voile, mesure une
place à ce nouveau fleuve qui veut t'enrichir
de ses ondes fraternelles.
Et ses eaux ne sont
pas le seul don qu'il t'apporte : mais il vient
des murs de
la ville impé- _,.,,......_
riale ; il a vu les triomphes ';iii=
réunis d'un père et de son tl
fils, vainqueurs partout,
sur le Nicer, à Lupodunum,
aux sources de l' Jster in
connues dans les annales
du Latium.
Ce dernier lau
rier de leurs armes
t'est
venu naguère ; d'autres
suivront, puis d'autres en
core.
Vous, marchez unis,
et, de votre double cours,
refoulez ensemble la
mer
étincelante.
Ne crains pas,
ô Rhin majestueux,
de pa
raître affaibli : ton hôte ne
connaît point l'envie.
Traduction de
E.-F.
Corpet
« On dit même qu'à l'heure où le soleil en feu s'arrête au mili eu · de son cours, les satyres
et leurs humides sœurs
se réunissent au bord
du
fleuve.»
NOTES DE L'ÉDITEUR
«Toute la vie d' Ausone est dans ses écrits.
Au temps d'Ausone, la poésie était morte:
toutes les sources des grandes et belles
inspirations de
la verve païenne étaient
taries.
Homme
d'esprit et versificateur
habile, Ausone se servit de sa muse au
profit de son ambition.
Il parvint, grâce à
elle, aux premières dignités de
l'État et,
après avoir assuré ainsi sa fortune présente,
il voulut assurer
sa renommée à venir.
»
E.
F.
Corpet, « Notice sur Ausone »,
Œuvres complètes d' Ausone, tome premier,
Paris, C.L.F.
Panckoucke Éditeur, 1842.
« On y [les œuvres d' Ausone] a vu surtout
les exercices, les tours de force poétiques,
les longs délayages
d'un rhéteur ennuyeux;
et le peu d'intérêt de l'œuvre empêche
qu'on aille y chercher tous les
renseignements historiques dont elle est
riche.
Or, Ausone nous montre, par tout ce
qu'il nous dit de lui et des siens, l'histoire
à travers plusié"urs générations d'une
famille gauloise ; en ajoutant ce que nous
savons
d'elle par ailleurs, nous verrons, en
un exemple caractéristique, le passage lent
du paganisme au christianisme, les
difficultés où le christianisme
s'est heurté,
le temps
qu'il lui a fallu pour avoir une
vraie victoire.
» Pierre Martino, Ausone et
les commencements
du christianisme en
Gaule, Imprimerie Orientale Pierre
Fontana, 1906.
1 Roger-Viollet 2.
3.
4 gravures de Vassy! Khemeluk, éditions Le Pot Cassé, Paris, 1932 / B.N.
AUSONE02.
»
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