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Le mot "décret" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 06/08/2010

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descartes

LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 146.

Il faut donc entièrement rejeter l’opinion vulgaire qu’il y a hors de nous une fortune qui fait que les choses arrivent ou n’arrivent pas, selon son plaisir, et savoir que tout est conduit par la Providence divine, dont le décret éternel est tellement infaillible et immuable, qu’excepté les choses que ce même décret a voulu dépendre de notre libre arbitre, nous devons penser qu’à notre égard il n’arrive rien qui ne soit nécessaire et comme fatal, en sorte que nous ne pouvons sans erreur désirer qu’il arrive d’autre façon.

 Car, par exemple, si nous avons affaire en quelque lieu où nous puissions aller par deux divers chemins, l’un desquels ait coutume d’être beaucoup plus sûr que l’autre, bien que peut-être le décret de la Providence soit tel que si nous allons par le chemin qu’on estime le plus sûr nous ne manquerons pas d’y être volés, et qu’au contraire nous pourrons passer par l’autre sans aucun danger, nous ne devons pas pour cela être indifférents choisir l’un ou l’autre, ni nous reposer sur la fatalité immuable de ce décret ;

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 avril 1642. ( Les éditions contemporaines datent cette lettre d’avril 1642 sans préciser de jour.).

 Rien de plus doux à mon sens et de plus sage que le décret de vos magistrats pour se délivrer des importunités de vos collègues.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 15 septembre 1645.).

 entre lesquelles la première et la principale est qu’il y a un Dieu, de qui toutes choses dépendent, dont les perfections sont infinies, dont le pouvoir est immense dont les décrets sont infaillibles :

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Septembre 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 octobre 1645.).

 Je ne crois pas aussi que, par cette providence particulière de Dieu, que votre altesse dit être le fondement de la théologie, vous entendiez quelque changement qui arrive en ses décrets à l’occasion des actions qui dépendent de notre libre arbitre :

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.

 à l’infaillibilité de ses décrets, qui, bien qu’ils ne troublent point notre libre arbitre, ne peuvent néanmoins en aucune façon être changés ;

 Ce qui est cause qu’il ne craint plus ni la mort ni les douleurs, ni les disgrâces, parce qu’il sait que rien ne lui peut arriver, que ce que Dieu aura décrété et il aime tellement ce divin décret, il l’estime si juste et si nécessaire, il sait qu’il en doit si entièrement dépendre, que, même lorsqu’il en attend la mort ou quelqu’autre mal, si par impossible il pouvait le changer, il n en aurait pas la volonté.

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