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Le mot "liberté" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 30/08/2006

Extrait du document

descartes

Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

Ceux-là composent leurs jugements sur les choses par impulsion qui se portent d’eux-mêmes à croire quelque chose sans être persuadés par aucune raison, mais seulement déterminés, ou par une puissance supérieure, ou par leur propre liberté ,ou par une disposition de leur imagination.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des degrés ou tons de musique.

car, comme on y montre la manière de passer de nature en bémol ou en bécarre, aussi devrait-on y mettre d’autres rangs de part et d’autre, comme nous avons fait en la figure 16, afin d’avoir la même liberté de passer de bémol en nature ou en bécarre, ou de bécarre en nature ou en bémol ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.

Ce qui me faisait prendre la liberté de juger par moi de tous les autres, et de penser qu’il n’y avait aucune doctrine dans le monde qui fût telle qu’on m’avait auparavant fait espérer.

  DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

à savoir de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées, d’où vient que, s’ils avaient une fois pris la liberté de douter des principes qu’ils ont reçus, et de s’écarter du chemin commun, jamais ils ne pourraient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit, et demeureraient égarés toute leur vie ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Troisième partie.

Et, particulièrement, je mettais entre les excès toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa liberté.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

Or, puisque nous prenons la liberté de feindre cette matière à notre fantaisie, attribuons lui, s’il vous plaît, une nature en laquelle il n’y ait rien du tout que chacun ne puisse connaître aussi parfaitement qu’il est possible ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

car aussitôt qu’elle est en liberté, son mouvement cesse d’être circulaire, et se continue en ligne droite.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XII, Du flux et du reflux de la mer.

Considérez outre cela que le petit ciel ABCD n’est pas exactement rond, mais qu’il s’étend avec un peu plus de liberté vers A et vers C, et s’y meut à proportion plus lentement que vers B et vers D, où il ne peut pas si aisément rompre le cours de la matière de l’autre ciel qui le contient ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Abrégé des six méditations suivantes.

Dans la seconde, l’esprit, qui, usant de sa propre liberté, suppose que toutes les choses ne sont point, de l’existence desquelles il a le moindre doute, reconnaît qu’il est absolument impossible que cependant il n’existe pas lui-même.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.

Aujourd’hui donc que, fort à propos pour ce dessein, j’ai délivré mon esprit de toutes sortes de soins, que par bonheur je ne me sens agité d’aucunes passions, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m’appliquerai sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions.

et tout de même qu’un esclave qui jouissait dans le sommeil d’une liberté imaginaire, lorsqu’il commence à soupçonner que sa liberté n’est qu’un songe, craint de se réveiller, et conspire avec ces illusions agréables pour en être plus longtemps abusé, ainsi je retombe insensiblement de moi-même dans mes anciennes opinions, et j’appréhende de me réveiller de cet assoupissement, de peur que les veilles laborieuses qui auraient à succéder à la tranquillit de ce repos, au lieu de m’apporter quelque jour et quelque lumière dans la connaissance de la vérité, ne fussent pas suffisantes pour éclaircir toutes les ténèbres des difficultés qui viennent d’être agitées.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

Lâchons-lui donc encore une fois la bride, et, lui donnant toute sorte de liberté, permettons-lui de considérer les objets qui lui paraissent au-dehors, afin que, venant ci-après à la retirer doucement et à propos, et à l’arrêter sur la considération de son être et des choses qu’il trouve en lui, il se laisse après cela plus facilement régler et conduire.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième.

Il n’y a que la volonté seule ou la seule liberté du franc-arbitre que j’expérimente en moi être si grande, que je ne conçois point l’idée d’aucune autre plus ample et plus étendue :

Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l’augmentent plutôt, et la fortifient.

De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d’aucune raison, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance, qu’une perfection dans la volonté ;

Par exemple, examinant ces jours passés si quelque chose existait véritablement dans le monde, et connaissant que, de cela seul que j’examinais cette question, il suivait très évidemment que j’existais moi-même, je ne pouvais pas m’empêcher de juger qu’une chose que je concevais si clairement était vraie, non que je m’y trouvasse forcé par aucune cause extérieure, mais seulement, parce que d’une grande clarté qui était en mon entendement, a suivi une grande inclination en ma volonté, et je me suis porté à croire avec d’autant plus de liberté, que je me suis trouvé avec moins d’indifférence.

Car en effet ce n’est point une imperfection en Dieu, de ce qu’il m’a donné la liberté de donner mon jugement, ou de ne le pas donner, sur certaines choses dont il n’a pas mis une claire et distincte connaissance en mon entendement ;

mais sans doute c’est en moi une imperfection, de ce que je n’use pas bien de cette liberté, et que je donne témérairement mon jugement, sur des choses que je ne conçois qu’avec obscurité et confusion.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Cinquième.

Et ce que je trouve ici de plus considérable, c’est que je trouve en moi une infinité d’idées de certaines choses, qui ne peuvent pas être estimées un pur néant, quoique peut-être elles n’aient aucune existence hors de ma pensée, et qui ne sont pas feintes par moi, bien qu’il soit en ma liberté de les penser ou ne les penser pas ;

Car il n’est pas en ma liberté de concevoir un Dieu sans existence (c’est-à-dire un être souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m’est libre d’imaginer un cheval sans ailes ou avec des ailes.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

et ceux aussi qui liront mes Méditations n’auront pas sujet de croire que je n’aie point connu cette lumière surnaturelle, puisque, dans la quatrième, où j’ai soigneusement recherché la cause de l’erreur ou fausseté, j’ai dit, en paroles expresses, qu’elle dispose l’intérieur de notre pensée à vouloir, et que néanmoins elle ne diminue point la liberté.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIe.

Où il faut aussi remarquer que la liberté du franc-arbitre est supposée sans être prouvée, quoique cette supposition soit contraire à l’opinion des calvinistes.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIe, REPONSE.

Je n’ai rien supposé ou avancé, touchant la liberté, que ce que nous ressentons tous les jours en nous-mêmes, et qui est très connu par la lumière naturelle ;

Mais encore que peut-être il y en ait plusieurs qui, lorsqu’ils considèrent la préordination de Dieu, ne peuvent comprendre comment notre liberté peut subsister et s’accorder avec elle, il n’y a néanmoins personne qui, se regardant soi-même, ne ressente et n’expérimente que la volonté et la liberté ne sont qu’une même chose, ou plutôt qu’il n’y a point de différence entre ce qui est volontaire et ce qui est libre.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIIe.

non que je m’y trouvasse forcé par une cause extérieure, mais seulement parce que, d’une grande clarté qui était en mon entendement, a suivi une grande inclination en ma volonté, et ainsi je me suis porté à croire avec d’autant plus de liberté, que je me suis trouvé avec moins d’indifférence.

Et c’est dans ce mauvais usage de notre liberté, que consiste cette privation qui constitue la forme de l’erreur.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.

pour moi, je jouirai de ma liberté, puisque non seulement je la ressens en moi-même, mais que je vois aussi qu’ayant dessein de la combattre, au lieu de lui opposer de bonnes et solides raisons, vous vous contentez simplement de la nier.

car où vous niez que “   nous puissions nous empêcher de tomber dans l’erreur “  , parce que vous ne voulez pas que la volonté se porte à aucune chose qu’elle n’y soit déterminée par l’entendement, là même vous demeurez d’accord que “   nous pouvons nous empêcher et prendre garde de n’y pas persévérer “  , ce qui ne se peut aucunement faire sans cette liberté que la volonté a de se porter çà et là sans attendre la détermination de l’entendement, laquelle néanmoins vous ne vouliez pas reconnaître.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.

C’est pourquoi je le supplie de ne pas trouver mauvais si, en réfutant ses objections, j’ai usé de la liberté ordinaire aux philosophes ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 6.

Mais quand celui qui nous a créés serait tout-puissant, et quand même il prendrait plaisir à nous tromper, nous ne laissons pas d’éprouver en nous une liberté qui est telle que, toutes les fois qu’il nous plaît, nous pouvons nous abstenir de recevoir en notre croyance les choses que nous ne connaissons pas bien, et ainsi nous empêcher d’être jamais trompés.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 38.

Il est bien vrai que toutes les fois que nous faillons, il y a du défaut en notre façon d’agir ou en l’usage de notre liberté ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 39.

car, au même temps que nous doutions de tout, et que nous supposions même que celui qui nous a créés employait son pouvoir à nous tromper en toutes façons, nous apercevions en nous une liberté si grande, que nous pouvions nous empêcher de croire ce que nous ne connaissions pas encore parfaitement bien.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 40.

Mais, à cause que ce que nous avons depuis connu de Dieu nous assure que sa puissance est si grande que nous ferions un crime de penser que nous eussions jamais été capables de faire aucune chose qu’il ne l’eût auparavant ordonnée, nous pourrions aisément nous embarrasser en des difficultés très grandes si nous entreprenions d’accorder la liberté de notre volonté avec ses ordonnances, et si nous tâchions de comprendre, c’est-à-dire d’embrasser et comme limiter avec notre entendement, toute l’étendue de notre libre arbitre et l’ordre de la Providence éternelle.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 41.

et que d’autre côté nous sommes aussi tellement assurés de la liberté et de l’indifférence qui est en nous, qu’il n’y a rien que nous connaissions plus clairement ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 20.

Premièrement, à cause que nous ne savons pas encore assurément quelle distance il y a entre la terre et les étoiles fixes, et que nous ne saurions les imaginer si éloignées que cela répugne à l’expérience, ne nous contentons point de les mettre au-dessus de Saturne, où tous les astronomes avouent qu’elles sont, mais prenons la liberté de les supposer autant éloignées au-dessus de lui que cela pourra être utile à notre dessein ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 203.

Mais, comme il n’y a rien qui la rende plus excessive que l’orgueil, ainsi je crois que la générosité est le meilleur remède qu’on puisse trouver contre ses excès, parce que, faisant qu’on estime fort peu tous les biens qui peuvent être ôtés, et qu’au contraire on estime beaucoup la liberté et l’empire absolu sur soi-même, qu’on cesse d’avoir lorsqu’on peut être offensé par quelqu’un, elle fait qu’on n’a que du mépris ou tout au plus de l’indignation pour les injures dont les autres ont coutume de s’offenser.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE , 20 mai 1630. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 mai 1630.).

Car, quoi que je fasse, je ne m’en cacherai point comme d’un crime, mais seulement pour éviter le bruit, et me retenir la même liberté que j’ai eue jusque ici, de sorte que je ne craindrai pas tant si quelques uns savent mon nom ;

  Correspondance, année 1631, A Monsieur DE BALZAC, 15 mai 1631. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 mai 1631.).

Je vais me promener tous les jours parmi la confusion d’un grand peuple, avec autant de liberté et de repos que vous sauriez faire dans vos allées, et je n’y considère pas autrement les hommes que j’y vois, que je ferais les arbres qui se rencontrent en vos forêts, ou les animaux qui y paissent.

Quel autre pays, où l’on puisse jouir d’une liberté si entière, où l’on puisse dormir avec moins d’inquiétude, où il y ait toujours des armées sur pied exprès pour nous garder, où les empoisonnements, les trahisons, les calomnies soient moins connus, et où il soit demeuré plus de reste de l’innocence de nos aïeux ?

  Correspondance, année 1637, A Monsieur ***  (Huyghens de Zuitlichem), 15 juin 1637. Entre le 8 et le 12 juin 1637.

Au reste, je ne m’excuse point envers Monsieur de Charnassé de la liberté que je prends de l’employer en cette occasion :

  Correspondance, année 1638, A. Monsieur DE FERMAT, 27 juillet 1638.

Et, en effet, il est impossible de comprendre tous les cas qui peuvent être proposés dans les termes d’une seule règle, si on ne se réserve la liberté d’y changer quelque chose aux occasions, ainsi que j’ai fait en ce que j’en ai écrit, où je ne me suis assujetti aux termes d’aucune règle ;

  Correspondance, année 1638, A MONSIEUR ***, 25 Août 1638.

Je trouverais étrange que Monsieur de Balzac ne vous eût point écrit sur la perte qui vous arriva l’année passée, s’il avait su qu’elle vous touchât au point qu’elle faisait mais étant, comme il est, si amateur de la liberté que même ses jarretières et ses aiguillettes lui pèsent, il n’aura pu sans doute se persuader qu’il y ait des liens au monde qui soient si doux, qu’on ne saurait en être délivré sans les regretter.

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

ce que je n’admets point du tout, parce que ce serait ôter la liberté et l’étendue de notre volonté, qui peut corriger une telle précipitation ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

Car il n’y a que cette grande masse d’eau qui environne la terre, qui puisse sentir en même temps en toutes ses parties, de deux côtés, plus grande liberté que devant pour se hausser, et de deux autres un peu de contrainte pour se baisser.

  Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date. (Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640).

Je suis bien aise que la liberté que j’ai prise de vous écrire mon sentiment ne vous ait pas été désagréable, et je vous suis obligé de ce que vous témoignez le vouloir suivre, nonobstant que vous ayez des raisons au contraire que je confesse être très fortes :

Pour moi, avant que je vinsse en ce pays pour y chercher la solitude, je passai un hiver en France à la campagne où je fis mon apprentissage, et si j’étais engagé en quelque train de vie dans lequel mon indisposition ne me permit pas de persister longtemps, je ne voudrais point dissimuler cette indisposition, mais plutôt la faire paraître plus grande qu’elle ne serait, afin de me pouvoir dispenser honnêtement de toutes les actions qui lui pourraient nuire, et ainsi, prenant mes aises peu à peu, de parvenir par degrés à une entière liberté.

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, 11 mai 1641.

Je lirai volontiers tout ce que vous m’enverrez, et je vous écrirai tout ce que j’en pense avec ma liberté ordinaire.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 6 février 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1642.).

J’espère que vous excuserez la liberté que je prends ;

  Correspondance, année 1642, A MONSIEUR *** (Monsieur de Zuytlichem), 8 octobre 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 octobre 1642.).

et j’accorde volontiers aux autres la liberté que je leur demande pour moi, qui est de pouvoir écrire ce que l’on croit être le plus vrai, sans se soucier s’il est conforme ou différent de quelques autres.

  Correspondance, année 1643, A MADAME ELISABETH PRINCESSE PALATINE, ETC, 18 juin 1643. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 28 juin 1643).

Ce que je prends la liberté d’écrire ici à votre altesse, pour lui témoigner que j’admire véritablement que, parmi les affaires et les soins qui ne manquent jamais aux personnes qui sont ensemble de grand esprit et de grande naissance, elle ait pu vaquer aux méditations qui sont requises pour bien connaître la distinction qui est entre l’âme et le corps.

  Correspondance, année 1644, Au P. MESLAND, 15 mai 1644. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).

Ainsi, puisque vous ne mettez pas la liberté dans l’indifférence précisément, mais dans une puissance réelle et positive de se déterminer, il n’y a de différence entre nos opinions que pour le nom ;

Rien ne m’a empêché de parler de la liberté que nous avons à suivre le bien ou le mal, sinon que j’ai voulu éviter, autant que j’ai pu, les controverses de la théologie, et me tenir dans les bornes de la philosophie naturelle.

mais seulement qu’elle nous fait pencher davantage vers un côté que vers l’autre, et ainsi qu’elle la diminue, bien qu’elle ne diminue pas la liberté ;

d’où il suit, ce me semble, que cette liberté ne consiste point en l’indifférence.

  Correspondance, année 1644, AU R. P. CHARLET, JESUITE, 18 décembre 1644. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 9 février 1645.).

Je vous supplie de me pardonner la liberté avec laquelle je vous ouvre mes sentiments ;

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 mars 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mai ou juin 1645.).

mais la faveur extrême qu’elle me fait de témoigner qu’elle n’a pas désagréable d’entendre mes sentiments, me fait prendre la liberté de les écrire tels qu’ils sont, et me donne encore celle d’ajouter ici, que j’ai expérimenté en moi-même, qu’un mal presque semblable, et même plus dangereux, s’est guéri par le remède que je viens de dire, car, étant né d’une mère qui mourut, peu de jours après ma naissance d’un mal de poumon, causé par quelques déplaisirs, j’avais hérité d’elle une toux sèche, et une couleur pâle, que j’ai gardées jusques à l’âge de plus de vingt ans, et qui faisait que tous les médecins qui m’ont vu avant ce temps-là, me condamnaient à mourir jeune.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er septembre 1645.).

Toutefois l’expérience fait voir que, si on a eu souvent quelque pensée, pendant qu’on a eu l’esprit en liberté, elle revient encore après, quelque indisposition qu’ait le corps ;

et elle ne lui fait rien craindre de plus fâcheux, que d’être attachée à un corps qui lui ôte entièrement sa liberté.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Mars 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1646.).

C’est pourquoi je passe à la difficulté que votre altesse propose touchant le libre arbitre, duquel je tâcherai d’expliquer la dépendance et la liberté par une comparaison.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ELISABETH PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juillet 1646. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le mai 1644).

L’occasion que j’ai de donner cette lettre à Monsieur de Beclin, qui m’est très intime ami, et à qui je me fie autant qu’à moi-même, est cause que je prends la liberté de m’y confesser d’une faute très signalée que j’ai commise dans le Traité des passions, en ce que, pour flatter ma négligence, j’y ai mis, au nombre des émotions de l’âme qui sont excusables, une je ne sais quelle langueur qui nous empêche quelquefois de mettre en exécution les choses qui ont été approuvées par notre jugement.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Sans date. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de octobre ou novembre 1646.).

Mais, touchant les actions importantes de la vie, lorsqu’elles se rencontrent si douteuses, que la prudence ne peut enseigner ce qu’on doit faire, il me semble qu’on a grande raison de suivre le conseil de son génie, et qu’il est utile d’avoir une forte persuasion que les choses que nous entreprenons sans répugnance, et avec la liberté qui accompagne d’ordinaire la joie, ne manqueront pas de nous bien réussir.

  Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 12 mai 1647 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 mai 1647.).

Je ne prendrais pas la liberté d’entretenir votre altesse de ces petites choses, si la faveur qu’elle me fait de vouloir lire les livres de Monsieur Hoguelande, et de Regius, à cause de ce qu’ils ont mis qui me regarde, ne me faisait croire que vous n’aurez pas désagréable de savoir de moi-même ce qui me touche ;

  Correspondance, année 1647, MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 novembre 1647.

Puisque j’ai déjà pris la liberté d’avertir votre altesse de la correspondance que j’ai commencé d’avoir en Suède, je pense être obligé de continuer, et de lui dire que j’ai reçu depuis peu des lettres de l’ami que j’ai en ce pays-là, par lesquelles il m’apprend que, la Reine ayant été à Upsal, où est l’académie du pays, elle avait voulu entendre une harangue du professeur en l’éloquence, qu’il estime pour le plus habile et le plus raisonnable de cette académie, et qu’elle lui avait donné pour son sujet à discourir du souverain bien de cette vie ;

  Correspondance, année 1648, A MONSIEUR ***, 1er avril 1648. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars ou avril 1648.).

Ce que je prends la liberté de vous écrire, afin que, lorsque vous saurez que je fais cette réflexion, vous ne puissiez aussi douter que je n’aie un zèle très particulier pour votre service.

  Correspondance, année 1649, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 février 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1649.).

J’ai toujours été en peine, depuis la conclusion de cette paix, de n’apprendre point que monsieur l’Électeur votre frère l’eût acceptée, et j’aurais pris la liberté d’en écrire plus tôt mon sentiment à votre Altesse, si j’avais pu m’imaginer qu’il mît cela en délibération.

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, 31 mars 1649.

et je n’oserais prendre la liberté de lui écrire, parce que le respect et le zèle que j’ai, me font juger que mon devoir serait de me rendre au lieu où elle est, avant que les courriers y pussent porter des lettres ;

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« et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. et tout de même qu'un esclave qui jouissait dans le sommeil d'une liberté imaginaire, lorsqu'il commence à soupçonner que saliberté n'est qu'un songe, craint de se réveiller, et conspire avec ces illusions agréables pour en être plus longtemps abusé, ainsi jeretombe insensiblement de moi-même dans mes anciennes opinions, et j'appréhende de me réveiller de cet assoupissement, depeur que les veilles laborieuses qui auraient à succéder à la tranquillit de ce repos, au lieu de m'apporter quelque jour et quelquelumière dans la connaissance de la vérité, ne fussent pas suffisantes pour éclaircir toutes les ténèbres des difficultés qui viennentd'être agitées. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde. Lâchons-lui donc encore une fois la bride, et, lui donnant toute sorte de liberté, permettons-lui de considérer les objets qui luiparaissent au-dehors, afin que, venant ci-après à la retirer doucement et à propos, et à l'arrêter sur la considération de son être etdes choses qu'il trouve en lui, il se laisse après cela plus facilement régler et conduire. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième. Il n'y a que la volonté seule ou la seule liberté du franc-arbitre que j'expérimente en moi être si grande, que je ne conçois pointl'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue : Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l'augmentent plutôt, et la fortifient. De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poidsd'aucune raison, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance, qu'une perfection dans lavolonté ; Par exemple, examinant ces jours passés si quelque chose existait véritablement dans le monde, et connaissant que, de cela seulque j'examinais cette question, il suivait très évidemment que j'existais moi-même, je ne pouvais pas m'empêcher de juger qu'unechose que je concevais si clairement était vraie, non que je m'y trouvasse forcé par aucune cause extérieure, mais seulement,parce que d'une grande clarté qui était en mon entendement, a suivi une grande inclination en ma volonté, et je me suis porté àcroire avec d'autant plus de liberté, que je me suis trouvé avec moins d'indifférence. Car en effet ce n'est point une imperfection en Dieu, de ce qu'il m'a donné la liberté de donner mon jugement, ou de ne le pasdonner, sur certaines choses dont il n'a pas mis une claire et distincte connaissance en mon entendement ; mais sans doute c'est en moi une imperfection, de ce que je n'use pas bien de cette liberté, et que je donne témérairement monjugement, sur des choses que je ne conçois qu'avec obscurité et confusion. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Cinquième. Et ce que je trouve ici de plus considérable, c'est que je trouve en moi une infinité d'idées de certaines choses, qui ne peuvent pasêtre estimées un pur néant, quoique peut-être elles n'aient aucune existence hors de ma pensée, et qui ne sont pas feintes par moi,bien qu'il soit en ma liberté de les penser ou ne les penser pas ; Car il n'est pas en ma liberté de concevoir un Dieu sans existence (c'est-à-dire un être souverainement parfait sans une souveraineperfection), comme il m'est libre d'imaginer un cheval sans ailes ou avec des ailes. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS. et ceux aussi qui liront mes Méditations n'auront pas sujet de croire que je n'aie point connu cette lumière surnaturelle, puisque,dans la quatrième, où j'ai soigneusement recherché la cause de l'erreur ou fausseté, j'ai dit, en paroles expresses, qu'elle disposel'intérieur de notre pensée à vouloir, et que néanmoins elle ne diminue point la liberté. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIe. Où il faut aussi remarquer que la liberté du franc-arbitre est supposée sans être prouvée, quoique cette supposition soit contraire. »

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