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Le mot "lune" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 25/07/2010

Extrait du document

descartes

 

Règles pour la direction de l’esprit, Règle neuvième.

je n’irai pas dire follement de la lune qu’elle échauffe par sa chaleur, et refroidit par sa qualité occulte.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

comment, y ayant de l’eau et de l’air sur sa superficie, la disposition des cieux et des astres, principalement de la lune, y devait causer un flux et reflux qui fût semblable en toutes ses circonstances à celui qui se remarque dans nos mers, et outre cela un certain cours tant de l’eau que de l’air, du levant vers le couchant, tel qu’on le remarque aussi entre les tropiques ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION.

Ensuite de quoi notre sens commun même ne semble pas être capable de recevoir en soi l’idée d’une distance plus grande qu’environ de cent ou deux cents pieds, ainsi qu’il se peut vérifier de ce que la lune et le soleil, qui sont du nombre des corps les plus éloignés que nous puissions voir, et dont les diamètres sont à leur distance à peu près comme un à cent, n’ont coutume de nous paraître que d’un ou deux pieds de diamètre tout au plus, nonobstant que nous sachions assez, par raison, qu’ils sont extrêmement grands et extrêmement éloignés.

  LES METEORES, DISCOURS PREMIER, DE LA NATURE DES CORPS TERRESTRES.

A quoi j’ajouterai la cause de celles qu’on voit communément dans les nues, et des cercles qui environnent les astres, et enfin la cause des soleils ou des lunes qui paraissent quelquefois plusieurs ensemble.

  LES METEORES, DISCOURS NEUVIEME , De la couleur des nues et des cercles ou couronnes qu’on voit quelquefois autour des astres.

et pourquoi elles paraissent plus ordinairement que lui autour de la lune, et même se remarquent aussi quelquefois autour des étoiles, à savoir lorsque les parcelles de glace interposées n’étant que fort peu convexes les rendent fort petites ;

  LES METEORES, DISCOURS DIXIEME, De l’apparition de plusieurs soleils.

On voit encore quelquefois d’autres cercles dans les nues qui diffèrent de ceux dont j’ai parlé, en ce qu’ils ne paraissent jamais que tous blancs et qu’au lieu d’avoir quelque astre en leur centre, ils traversent ordinairement celui du soleil ou de la lune, et semblent parallèles ou presque parallèles à l’Horizon.

Mais parce qu’ils ne paraissent qu’en ces grandes nues toutes rondes dont il a été parlé ci dessus, et qu’on voit aussi quelquefois plusieurs soleils ou plusieurs lunes dans les mêmes nues, il faut que j’explique ensemble l’un et l’autre.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IX, De l’origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des comètes.

car si quelques historiens, pour faire un prodige qui menace le croissant des Turcs, nous racontent qu’en l’an 1450 la lune a été éclipsée par une comète qui passait au-dessous, ou chose semblable ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE X, Des planètes en général, et en particulier de la terre et de la lune.

et je n’ai parlé en particulier de ces deux qu’afin de vous représenter la terre que nous habitons par celle qui est marquée T, et la lune, qui tourne autour d’elle, par celle qui est marquée ( .

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XII, Du flux et du reflux de la mer.

Or, après vous avoir ainsi expliqué la pesanteur des parties de cette terre, qui est causée par l’action de la matière du ciel qui est en ses pores, il faut maintenant que je vous parle d’un certain mouvement de toute sa masse, qui est causé par la présence de la lune, comme aussi de quelques particularités qui en dépendent.

Pour cet effet, considérez la lune, par exemple vers B , où vous pouvez la supposer comme immobile, à comparaison de la vitesse dont se meut la matière du ciel qui est sous elle ;

et considérez que cette matière du ciel ayant moins d’espace entre o et 6 pour y passer, qu’elle n’en aurait entre B et 6 (si la lune n’occupait point l’espace qui est entre o et B), et par conséquent s’y devant mouvoir un peu plus vite, elle ne peut manquer d’avoir la force de pousser quelque peu toute la terre vers D, en sorte que son centre T s’éloigne, comme vous voyez, quelque peu du point M, qui est le centre du petit ciel ABCD :

Puis considérez que la terre tournant cependant autour de son centre, et par ce moyen faisant les jours, qu’on peut diviser en vingt-quatre heures, comme les nôtres, celui de ses côtés F qui est maintenant vis-à-vis de la lune, et sur lequel pour cette raison l’eau 2 est moins haute, se doit trouver dans six heures vis-à-vis du ciel marqué C, où cette eau sera plus haute, et dans douze heures vis-à-vis de l’endroit du ciel marqué D, où l’eau derechef sera plus basse ;

Et pour ne rien oublier en cet endroit, ajoutons que la lune fait en chaque mois le même tour que la terre fait en chaque jour, et ainsi qu’elle fait avancer peu à peu vers l’orient les points 1, 2, 3, 4, qui marquent les plus hautes et les plus basses marées ;

en sorte que la lune, qui demeure toujours comme attachée à sa superficie extérieure, se doit mouvoir un peu plus vite, et s’écarter moins de sa route, et ensuite être cause que les flux et reflux de la mer soient beaucoup plus grands lorsqu’elle est vers B, où elle est pleine, et vers D, où elle est nouvelle, que lorsqu’elle est vers A et vers C, où elle n’est qu’à demi pleine, qui sont des particularités que les astronomes observent aussi toutes semblables en la vraie lune, bien qu’ils n’en puissent peut-être pas si facilement rendre raison par les hypothèses dont ils se servent.

Pour les autres effets de cette lune, qui diffèrent quand elle est pleine de quand elle est nouvelle, ils dépendent manifestement de sa lumière.

Enfin, pour les autres mouvements généraux tant de la terre et de la lune que des autres astres et des cieux, ou vous les pouvez assez entendre de ce que j’ai dit, ou bien ils ne servent pas à mon sujet, et ne se faisant pas en même plan que ceux dont j’ai parlé, je serais trop long à les décrire :

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière.

et par conséquent que les étoiles qu’on voit au travers doivent paraître étincelantes et comme tremblantes, ainsi que font les nôtres, et même, à cause de leur tremblement, un peu plus grosses, ainsi que le fait l’image de la lune au fond d’un lac dont la surface n’est pas fort troublée ni agitée, mais seulement un peu crispée par le souffle de quelque vent.

Et pour les rayons qu’elle reçoit de l’étoile fixe qui est au centre du ciel qui la contient, elle ne peut pas les renvoyer vers la terre, non plus que la lune étant nouvelle n’y renvoie pas ceux du soleil.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 5.

Il nous semble d’abord que la terre est beaucoup plus grande que tous les autres corps qui sont au monde, et que la lune et le soleil sont plus grands que les étoiles ;

mais si nous corrigeons le défaut de notre vue par des raisonnements de géométrie qui sont infaillibles, nous connaîtrons premièrement que la lune est éloignée de nous d’environ trente diamètres de la terre, et le soleil de six ou sept cents ;

et comparant ensuite ces distances avec le diamètre apparent du soleil et de la lune, nous trouverons que la lune est plus petite que la terre, et que le soleil est beaucoup plus grand.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 8.

En suite de quoi il est aisé de connaître que la lune et la terre paraîtraient beaucoup plus petites à celui qui les regarderait de Jupiter ou de Saturne, que ne paraît Jupiter ou Saturne au même spectateur qui les regarde de la terre, et que si on regardait le soleil de dessus quelque étoile fixe, il ne paraîtrait peut-être pas plus grand que les étoiles paraissent à ceux qui les regardent du lieu où nous sommes ;

de sorte que si nous voulons comparer les parties du monde visible les unes aux autres et juger de leurs grandeurs sans prévention, nous ne devons point croire que la lune, ou la terre, ou le soleil, soient plus grands que les étoiles.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 10.

Au contraire, de ce que nous voyons que la lune n’éclaire que du côté qui est opposé au soleil, nous devons croire qu’elle n’a point de lumière qui lui soit propre, et qu’elle renvoie seulement vers nos yeux les rayons qu’elle a reçus du soleil.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 11.

Enfin, de ce que nous voyons que les corps dont la terre est composée sont opaques, et qu’ils renvoient les rayons qu’ils reçoivent du soleil pour le moins aussi fort que la lune, car les nuages qui l’environnent, bien qu’ils ne soient composés que de celles de ses parties qui sont les moins opaques et les moins propres à réfléchir la lumière, nous paraissent aussi blancs que la lune lorsqu’ils sont éclairés du soleil, nous devons conclure que la terre, en ce qui est de la lumière, n’est point différente de la lune, de Vénus, de Mercure et des autres planètes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 12.

Nous en serons encore plus assurés si nous prenons garde à une certaine lumière faible qui paraît sur la partie de la lune qui n’est point éclairée du soleil lorsqu’elle est nouvelle, qui, sans doute, lui est envoyée de la terre par réflexion, puisqu’elle diminue peu à peu, à mesure que la partie de la terre qui est éclairée du soleil se détourne de la lune.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 16.

mais comme elle est aujourd’hui désapprouvée de tous les philosophes, parce qu’elle est contraire à plusieurs observations qui ont été faites depuis peu, et particulièrement aux changements de lumière qu’on remarque sur Vénus, semblables à ceux qui se font sur la lune, je n’en parlerai pas ici davantage.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 31.

que Mars achève par même moyen en deux ans, la terre avec la lune en un an, Vénus en huit mois, Mercure en trois, leurs tours, qui nous sont représentés par les cercles marqués.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 33.

et que tout de même le tourbillon dont la terre est le centre fait mouvoir la lune autour de la terre en l’espace d’un mois, et la terre même sur son essieu en l’espace de vingt-quatre heures, et que, dans le temps que la lune et la terre parcourent ce grand cercle qui leur est commun et qui fait l’année, la terre tourne environ trois cent soixante-cinq fois sur son essieu, et la lune environ douze fois autour de la terre.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 35.

La lune aussi fait son cours autour de la terre dans un plan incliné de cinq degrés sur celui de l’écliptique ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 37.

Ensuite de quoi il n’est pas besoin que j’explique comment on peut entendre par cette hypothèse que se font les jours et les nuits, les étés et les hivers, le croissant et le décours de la lune, les éclipses, les stations et rétrogradations des planètes, l’avancement des équinoxes, la variation qu’on remarque en l’obliquité de l’écliptique, et choses semblables ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 41.

Et nous ne devons point avoir d’égard à ce que Tycho et les autres astronomes qui ont recherché soigneusement leurs parallaxes ont dit qu’elles étaient seulement au dessus de la lune, vers la sphère de Vénus ou de Mer cure, car ils eussent encore mieux pu déduire de leurs observations qu’elles étaient au-dessus de Saturne ;

mais parce qu’ils disputaient contre les anciens, qui ont compris les comètes entre les météores qui se forment dans l’air au-dessous de la lune, ils se sont contentés de montrer qu’elles sont dans le ciel, et n’ont osé leur attribuer toute la hauteur qu’ils découvraient par leur calcul, de peur de rendre leur proposition moins croyable.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 45.

en sorte que le soleil, la terre, la lune et les étoiles ont été dès lors ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 103.

C’est ainsi que quelques historiens nous rapportent qu’autrefois le soleil, pendant plusieurs jours, voire même pendant toute une année, a paru plus pâle qu’à l’ordinaire, et n’a fait voir qu’une lumière fort pâle et sans rayons, quasi comme celle de la lune ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 132.

Le même effet peut aussi être causé de ce que, comme c’est toujours la même face de la lune qui regarde la terre, ainsi chaque comète a peut-être un côté qu’elle tourne toujours vers le centre du tourbillon dans lequel elle est, et n’a que ce côté qui soit propre à réfléchir les rayons qu’elle reçoit.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 146.

et que la lune est aussi descendue vers la terre lorsque le tourbillon qui la contenait a été détruit ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 149.

Puis voyant que la lune a son cours non seulement autour du soleil, mais aussi autour de la terre, nous jugerons que cela peut être arrivé de ce qu’elle est descendue dans le tourbillon qui avait la terre en son centre, auparavant que la terre fût descendue vers le soleil, ainsi que quatre autres planètes sont descendues vers Jupiter ;

Soit, par exemple, S le soleil, et NTZ le cercle suivant lequel la terre et la lune prennent leurs cours autour de lui ;

en quelque endroit de ce cercle que la lune ait été au commencement, elle a dû venir bientôt vers A, proche de la terre T, puisqu’elle allait plus vite qu’elle ;

Et pendant que la lune est ainsi allée d’A vers B, elle a disposé la matière du ciel contenue dans le cercle ABCD à tourner avec l’air et la terre autour du centre T, et y faire comme un petit tourbillon qui a toujours depuis continué son cours avec la lune et la terre, suivant le cercle TZN, autour du soleil.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 151.

l">Et on n’a point sujet de trouver étrange que la terre fasse presque trente tours sur son essieu pendant que la lune en fait seulement un, suivant le cercle AB CD, parce que la circonférence de ce cercle étant environ soixante fois aussi grande que le circuit de la terre, cela fait que le mouvement de la lune est encore deux fois aussi vite que celui de la terre.

Et parce que c’est la matière du ciel qui les emporte toutes deux, et qui vraisemblablement se meut aussi vite contre la terre que vers la lune, je ne pense pas qu’il y ait d’autre raison pourquoi la lune a plus de vitesse que la terre, sinon parce qu’elle est plus petite.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 152.

On n’a pas sujet aussi de trouver étrange que ce soit toujours à peu près le même côté de la lune qui est tourné vers la terre.

Et on peut attribuer la cause de cette différence à l’action de la lumière, parce que celui des côtés de la lune qui nous regarde ne reçoit pas seulement la lumière qui vient du soleil ainsi que l’autre, mais aussi celle qui lui est envoyée par la réflexion de la terre, au temps des nouvelles lunes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 153.

On ne se doit pas non plus étonner de ce que la lune se meut un peu plus vite, et se détourne moins de sa route en tous sens lorsqu’elle est pleine ou nouvelle, c’est-à-dire lorsqu’elle est vers B ou vers D, que pendant son croissant ou son décours, c’est-à-dire pendant qu’elle est vers A ou vers C.

et, ainsi que le cercle ABCD n’est pas exactement rond, mais plus long que large en forme d’ellipse, et que la matière du ciel qu’il contient, allant plus lentement entre A et C qu’entre B et D, la lune qu’elle emporte avec soi y doit aussi aller plus lentement, et y faire ses excursions plus grandes, tant en s’éloignant qu’en s’approchant de la terre ou de l’écliptique.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 154.

Car on peut penser que cette diversité est causée de ce que Jupiter, ainsi que le soleil et la terre, tourne sur son essieu, et que Saturne, qui est la plus haute planète, tient toujours un même côté tourné vers le centre du tourbillon qui la contient ainsi que la lune et les comètes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 49.

Soit ABCD la partie du premier ciel qui compose un petit tourbillon autour de la terre T, dans lequel la lune est comprise, et qui les fait mouvoir toutes deux autour de son centre, pendant qu’elle les emporte aussi autour du soleil.

Et posant pour plus grande facilité que la mer 1 2 3 4 couvre toute la superficie de la terre EFGH, comme elle est aussi couverte de l’air 5 6 7 8, considérons que la lune empêche que le point T, qui est le centre de la terre, ne soit justement au même lieu que le point M, qui est le centre de ce tourbillon, et qu’elle est cause que T est un peu plus éloigné que M du point B.

Dont la raison est que la lune et la terre ne se pouvant mouvoir si vite que la matière de ce tourbillon par qui elles sont emportées, si le point T n’était point un peu plus éloigné de B que de D, la présence de la lune empêcherait que cette matière ne coulât si librement entre B et T qu’entre T et D ;

et parce qu’il n’y a rien qui détermine le lieu de la terre en ce tourbillon, sinon l’égalité des forces dont elle est pressée par lui de tous côtés, il est évident qu’elle doit un peu s’approcher vers D quand la lune est vers B, afin que la matière de ce tourbillon ne la presse point plus vers F que vers H.

Tout de même, lorsque la lune est vers C, la terre se doit un peu retirer vers A ;

et généralement, en quelque lieu que la lune se trouve, le centre de la terre T doit toujours être un peu plus éloigné d’elle que le centre du tourbillon M.

Considérons aussi que lorsque la lune est vers B elle fait que la matière du tourbillon ABCD a moins d’espace pour couler non seulement entre B et T, mais aussi entre T et D, qu’elle n’aurait si la lune était hors du diamètre BD, et que par conséquent elle s’y doit mouvoir plus vite, et presser davantage les superficies de l’air et de l’eau, tant vers 6 et 2 que vers 8 et 4 ;

et ensuite, que l’air et l’eau étant des corps liquides qui cèdent lorsqu’ils sont pressés et s’écoulent aisément ailleurs, ils doivent avoir moins de hauteur ou profondeur sur les endroits de la terre marqués F et H, et par même moyen en avoir plus sur les endroits E et G que si la lune était ailleurs.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 50.

et de plus que la lune, qui fait aussi un tour en un mois dans le tourbillon BCDA, s’avance quelque peu ~e B vers C pendant les six heures que l’endroit de la terre marqué F emploie à être transporté jusqu’au lieu où est maintenant G ;

en sorte que ce point marqué F ne doit pas seulement employer six heures, mais aussi environ douze minutes de plus, pour parvenir jusqu’au lieu de la plus grande hauteur de la mer, qui sera pour lors un peu au-delà de G, à cause de ce que la lune se sera cependant avancée ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 51.

De plus il faut remarquer que ce tourbillon ABCD n’est pas exactement rond, et que celui de ses diamètres dans lequel la lune se trouve étant pleine ou nouvelle est le plus petit de tous, et celui qui le coupe à angles droits est le plus grand, ainsi qu’il a été dit ci-dessus.

D’où il suit que la présence de la lune presse davantage les eaux de la mer et les fait hausser et baisser davantage, lorsqu’elle est pleine ou nouvelle, que lorsqu’elle n’est qu’à demi pleine.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 52.

Il faut aussi remarquer que la lune est toujours fort proche du plan de l’écliptique, au lieu que la terre tourne sur son centre suivant le plan de l’équateur qui en est assez éloigné, et que ces deux plans s’entrecoupent aux lieux où se font les équinoxes, mais qu’ils sont fort éloignés l’un de l’autre en ceux des solstices.

D’où il suit que c’est au commencement du printemps et de l’automne, c’est-à-dire au temps des équinoxes, que la lune agit le plus directement contre la terre, et ainsi rend les marées plus grandes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 55.

Enfin il faut remarquer que, bien que la terre ne soit pas toute couverte des eaux de la mer, ainsi qu’elle est ici représentée, toutefois, à cause que celles de l’Océan l’environnent, elles doivent être mues par la lune en même façon que si elles la couvraient entièrement ;

mais que pour ce qui est des lacs et des étangs qui sont du tout séparés de l’Océan, d’autant qu’ils ne couvrent pas de si grandes parties de la terre qu’un côté de leur superficie soit jamais beaucoup plus pressé que l’autre par la présence de la lune, leurs eaux ne peuvent être ainsi mues par elles ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 56.

Et on peut de ce qui a déjà été dit déduire les causes particulières de toutes les diversités du flux et reflux, pourvu qu’on sache que, lorsque la lune est pleine ou nouvelle, les eaux qui sont au milieu de l’Océan, aux lieux les plus éloignés de ses bords, comme vers l’équateur et l’écliptique, sont le plus enflées aux endroits où il est six heures du soir ou du matin, ce qui fait qu’elles s’écoulent de là vers les bords ;

  Correspondance, année 1638, A UN R. P. JESUITE, 24 janvier 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1638).

et Thalès, ou qui que ce soit, qui a dit le premier que la lune reçoit sa lumière du soleil, n’en a donné sans doute aucune autre preuve, sinon qu’en supposant cela, on explique fort aisément toutes les diverses faces de sa lumière :

Et la raison de mes pensées est telle, que j’ose espérer qu’on trouvera mes principes aussi bien prouvés par les conséquences que j’en tire, lorsqu’on les aura assez remarquées pour se les rendre familières, et les considérer toutes ensemble, que l’emprunt que la lune fait de sa lumière est prouvé par ses croissances et décroissances.

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

car les éclipses de la lune, se rapportant assez exactement au calcul qu’on en fait, le prouvent incomparablement mieux que tout ce qu’on saurait éprouver sur terre.

  Correspondance, année 1639, A MONSIEUR (DE BEAUNE), 30 avril 1639.

Pour la pesanteur, je n’imagine autre chose, sinon que toute la matière subtile qui est depuis ici jusques à la lune, tournant très promptement autour de la terre, chasse vers elle tous les corps qui ne se peuvent mouvoir si vite :

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 27 août 1639.

mais il suffit qu’elle soit le centre du mouvement circulaire de toute la matière subtile qui est depuis la lune jusques à nous, pour faire que tous les corps terrestres (corps moins subtils) qui sont en cet espace tendent vers la terre.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 6 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de décembre 1640, sans indiquer un jour précis.).

Pour la pression de la lune, elle ne peut être sensible sur les lacs, à cause qu’ils n’ont aucune proportion avec toute la masse de la terre, à laquelle cette pression se rapporte.

  Correspondance, année 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS, 5 février 1649.

Car, selon moi, c’est là un des principaux fondements de ma Physique, et j’ajoute que rien ne me saurait satisfaire dans cette science, que ce qui comprend cette nécessité logique ou contradictoire, comme vous l’appelez, c’est-à-dire la nécessité où nous conduit notre raisonnement, pourvu que vous en exceptiez ce que l’on ne peut connaître que par la seule expérience, comme qu’il n’y a qu’un soleil, qu’une lune autour de cette terre, etc.

 

descartes

« en ses pores, il faut maintenant que je vous parle d'un certain mouvement de toute sa masse, qui est causé par la présence de lalune, comme aussi de quelques particularités qui en dépendent. Pour cet effet, considérez la lune, par exemple vers B , où vous pouvez la supposer comme immobile, à comparaison de lavitesse dont se meut la matière du ciel qui est sous elle ; et considérez que cette matière du ciel ayant moins d'espace entre o et 6 pour y passer, qu'elle n'en aurait entre B et 6 (si la lunen'occupait point l'espace qui est entre o et B), et par conséquent s'y devant mouvoir un peu plus vite, elle ne peut manquer d'avoirla force de pousser quelque peu toute la terre vers D, en sorte que son centre T s'éloigne, comme vous voyez, quelque peu dupoint M, qui est le centre du petit ciel ABCD : Puis considérez que la terre tournant cependant autour de son centre, et par ce moyen faisant les jours, qu'on peut diviser envingt-quatre heures, comme les nôtres, celui de ses côtés F qui est maintenant vis-à-vis de la lune, et sur lequel pour cette raisonl'eau 2 est moins haute, se doit trouver dans six heures vis-à-vis du ciel marqué C, où cette eau sera plus haute, et dans douzeheures vis-à-vis de l'endroit du ciel marqué D, où l'eau derechef sera plus basse ; Et pour ne rien oublier en cet endroit, ajoutons que la lune fait en chaque mois le même tour que la terre fait en chaque jour, etainsi qu'elle fait avancer peu à peu vers l'orient les points 1, 2, 3, 4, qui marquent les plus hautes et les plus basses marées ; en sorte que la lune, qui demeure toujours comme attachée à sa superficie extérieure, se doit mouvoir un peu plus vite, ets'écarter moins de sa route, et ensuite être cause que les flux et reflux de la mer soient beaucoup plus grands lorsqu'elle est versB, où elle est pleine, et vers D, où elle est nouvelle, que lorsqu'elle est vers A et vers C, où elle n'est qu'à demi pleine, qui sontdes particularités que les astronomes observent aussi toutes semblables en la vraie lune, bien qu'ils n'en puissent peut-être pas sifacilement rendre raison par les hypothèses dont ils se servent. Pour les autres effets de cette lune, qui diffèrent quand elle est pleine de quand elle est nouvelle, ils dépendent manifestement desa lumière. Enfin, pour les autres mouvements généraux tant de la terre et de la lune que des autres astres et des cieux, ou vous les pouvezassez entendre de ce que j'ai dit, ou bien ils ne servent pas à mon sujet, et ne se faisant pas en même plan que ceux dont j'aiparlé, je serais trop long à les décrire : LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière. et par conséquent que les étoiles qu'on voit au travers doivent paraître étincelantes et comme tremblantes, ainsi que font lesnôtres, et même, à cause de leur tremblement, un peu plus grosses, ainsi que le fait l'image de la lune au fond d'un lac dont lasurface n'est pas fort troublée ni agitée, mais seulement un peu crispée par le souffle de quelque vent. Et pour les rayons qu'elle reçoit de l'étoile fixe qui est au centre du ciel qui la contient, elle ne peut pas les renvoyer vers la terre,non plus que la lune étant nouvelle n'y renvoie pas ceux du soleil. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art.

5. Il nous semble d'abord que la terre est beaucoup plus grande que tous les autres corps qui sont au monde, et que la lune et lesoleil sont plus grands que les étoiles ; mais si nous corrigeons le défaut de notre vue par des raisonnements de géométrie qui sont infaillibles, nous connaîtronspremièrement que la lune est éloignée de nous d'environ trente diamètres de la terre, et le soleil de six ou sept cents ; et comparant ensuite ces distances avec le diamètre apparent du soleil et de la lune, nous trouverons que la lune est plus petiteque la terre, et que le soleil est beaucoup plus grand. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art.

8. En suite de quoi il est aisé de connaître que la lune et la terre paraîtraient beaucoup plus petites à celui qui les regarderait deJupiter ou de Saturne, que ne paraît Jupiter ou Saturne au même spectateur qui les regarde de la terre, et que si on regardait lesoleil de dessus quelque étoile fixe, il ne paraîtrait peut-être pas plus grand que les étoiles paraissent à ceux qui les regardent dulieu où nous sommes ;. »

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