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Le mot "malade" dans l'oeuvre de Descartes

Publié le 08/07/2010

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descartes

 

   Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

 un esprit malade et mélancolique peut prendre pour des réalités les vains fantômes de son imagination.

 Ainsi, quand l’homme malade de la jaunisse se persuade que ce qu’il voit est jaune, sa connaissance est composée et de ce que son imagination lui représente, et de ce qu’il tire de lui-même, savoir, que la couleur jaune vient non d’un défaut de son oeil, mais de ce que les choses qu’il voit sont réellement jaunes.

  DISCOURS DE LA METHODE, Troisième partie.

 et que faisant, comme on dit, de nécessité vertu, nous ne désirerons pas davantage d’être sains, étant malades, ou d’être libres étant en prison que nous faisons maintenant d’avoir des corps d’une matière aussi peu corruptible que les diamants, ou des ailes pour voler comme les oiseaux.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

Mais nous nous trompons aussi assez souvent, même dans les choses auxquelles nous sommes directement portés par la nature, comme il arrive aux malades, lorsqu’ils désirent de boire ou de manger des choses qui leur peuvent nuire.

 mais cela n’ôte pas la difficulté, car un homme malade n’est pas moins véritablement la créature de Dieu, qu’un homme qui est en pleine santé ;

 Car celle-ci n’est autre chose qu’une certaine dénomination extérieure, laquelle dépend entièrement de ma pensée, qui compare un homme malade et une horloge mal faite, avec l’idée que j’ai d’un homme sain et d’une horloge bien faite, et laquelle ne signifie rien qui se trouve en effet dans la chose dont elle se dit ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

Je ne voudrais pas néanmoins condamner ceux qui disent que Dieu peut proférer par ses prophètes quelque mensonge verbal, tels que sont ceux dont se servent les médecins quand ils déçoivent leurs malades pour les guérir, c’est-à-dire qui fût exempt de toute la malice qui se rencontre ordinairement dans la tromperie ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XVe.

C’est la commune opinion que les médecins ne pèchent point, qui déçoivent les malades pour leur propre santé, ni les pères qui trompent leurs enfants pour leur propre bien, et que le mal de la tromperie ne consiste pas dans la fausseté des paroles, mais dans la malice de celui qui trompe.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 107.

 Comme on voit en ceux qui ont pris avec grande aversion quelque breuvage étant malades, qu’ils ne peuvent rien boire ou manger par après qui en approche du goût, sans avoir derechef la même aversion ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 129.

Or, comme j’ai écrit dans les Météores, en expliquant en quelle façon les vapeurs de l’air se convertissent en pluie, que cela vient de ce qu’elles sont moins agitées ou plus abondantes qu’à l’ordinaire, ainsi je crois que lorsque celles qui sortent du corps sont beaucoup moins agitées que de coutume, encore qu’elles ne soient pas si abondantes, elles ne laissent pas de se convertir en eau, ce qui cause les sueurs froides qui viennent quelquefois de faiblesse quand on est malade.

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.

Il faudrait que je fusse fort las de vivre si je négligeais de me conserver après avoir lu vos dernières, où vous me mandez que vous, et quelques autres personnes de très grand mérite, avez tel soin de moi que vous craignez que je ne sois malade, lorsque vous êtes plus de quinze jours sans recevoir de mes lettres.

 Et afin que je ne semble pas ici négliger la charité dont vous m obligez, en ce que vous craignez que je ne sois malade, lorsque vous êtes longtemps sans recevoir de mes lettres, je vous promets que, s’il m’arrive en cela quelque chose d’humain, j’aurai soin que vous en soyez incontinent averti, ou par moi ou par d’autres ;

  Correspondance, année 1644, A MADAME ELISABETH, PRINCESSE PALATINE, 10 juillet 1644.

 Et je ne sache point de pensée plus propre pour la conservation de la santé, que celle qui consiste en une forte persuasion et ferme créance, que l’architecture de nos corps est si bonne que, lorsqu’on est une fois sain, on ne peut pas aisément tomber malade, si ce n’est qu’on fasse quelque excès notable, ou bien que l’air ou les autres causes extérieures nous nuisent ;

 Cette persuasion est sans doute beaucoup plus vraie et plus raisonnable, que celle de certaines gens, qui, sur le rapport d’un astrologue ou d’un médecin, se font accroire qu’ils doivent mourir en certain temps, et par cela seul deviennent malades, et même en meurent assez souvent, ainsi que j’ai vu arriver à diverses personnes.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er avril 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1645.).

Je supplie très humblement votre altesse de me pardonner, si je ne puis plaindre son indisposition, lorsque j’ai l’honneur de recevoir de ses lettres, car j’y remarque toujours des pensées si nettes et des raisonnements si fermes, qu’il ne m’est pas possible de me persuader qu’un esprit capable de les concevoir soit logé dans un corps faible et malade.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er mai 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 4 août 1645.).

 Car il est certain qu’un homme bien né, qui n’est point malade, qui ne manque de rien, et qui, avec cela, est aussi sage et aussi vertueux qu’un autre qui est pauvre, malsain et contrefait, peut jouir d’un plus parfait contentement que lui.

  Correspondance, année 1645, A UN SEIGNEUR (NEWCASTLE), octobre 1645.

 Ainsi on ne peut manquer d’avoir ce sentiment, lorsqu’il n’y a aucunes viandes dans l’estomac, si ce n’est qu’il y ait des obstructions qui empêchent cette liqueur d’y entrer, ou bien quelques humeurs froides et gluantes qui émoussent sa force, ou bien que, le tempérament du sang étant corrompu, la liqueur qu’il envoie en l’estomac soit d’autre nature qu’à l’ordinaire (et c’est toujours quelqu’une de ces causes qui ôte l’appétit aux malades) ;

  Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 12 mai 1647 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 mai 1647.).

 Je loue Dieu de ce que ce docteur, à qui votre altesse a prêté le livre de mes Principes, a été longtemps sans vous retourner voir, puisque c est une marque qu’il n’y a point du tout de malades à la cour de madame l’électrice, et il semble qu’on a un degré de santé plus parfait, quand elle est générale au lieu où l’on demeure, que lorsqu’on est environné de malades.

 

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« TEXTE: Correspondance, année 1639, Au R.

P.

MERSENNE, 9 janvier 1639. DESCARTES Il faudrait que je fusse fort las de vivre si je négligeais de me conserver après avoir lu vos dernières, où vous me mandez quevous, et quelques autres personnes de très grand mérite, avez tel soin de moi que vous craignez que je ne sois malade, lorsquevous êtes plus de quinze jours sans recevoir de mes lettres. Et afin que je ne semble pas ici négliger la charité dont vous m obligez, en ce que vous craignez que je ne sois malade, lorsquevous êtes longtemps sans recevoir de mes lettres, je vous promets que, s'il m'arrive en cela quelque chose d'humain, j'aurai soinque vous en soyez incontinent averti, ou par moi ou par d'autres ; TEXTE: Correspondance, année 1644, A MADAME ELISABETH, PRINCESSE PALATINE, 10 juillet 1644.

DESCARTES Et je ne sache point de pensée plus propre pour la conservation de la santé, que celle qui consiste en une forte persuasion etferme créance, que l'architecture de nos corps est si bonne que, lorsqu'on est une fois sain, on ne peut pas aisément tombermalade, si ce n'est qu'on fasse quelque excès notable, ou bien que l'air ou les autres causes extérieures nous nuisent ; Cette persuasion est sans doute beaucoup plus vraie et plus raisonnable, que celle de certaines gens, qui, sur le rapport d'unastrologue ou d'un médecin, se font accroire qu'ils doivent mourir en certain temps, et par cela seul deviennent malades, et mêmeen meurent assez souvent, ainsi que j'ai vu arriver à diverses personnes. TEXTE: Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1 er avril 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1645.).

DESCARTES Je supplie très humblement votre altesse de me pardonner, si je ne puis plaindre son indisposition, lorsque j'ai l'honneur derecevoir de ses lettres, car j'y remarque toujours des pensées si nettes et des raisonnements si fermes, qu'il ne m'est pas possiblede me persuader qu'un esprit capable de les concevoir soit logé dans un corps faible et malade. TEXTE: Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1 er mai 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 4 août 1645.).

DESCARTES Car il est certain qu'un homme bien né, qui n'est point malade, qui ne manque de rien, et qui, avec cela, est aussi sage et aussivertueux qu'un autre qui est pauvre, malsain et contrefait, peut jouir d'un plus parfait contentement que lui. TEXTE: Correspondance, année 1645, A UN SEIGNEUR (NEWCASTLE), octobre 1645.

DESCARTES Ainsi on ne peut manquer d'avoir ce sentiment, lorsqu'il n'y a aucunes viandes dans l'estomac, si ce n'est qu'il y ait desobstructions qui empêchent cette liqueur d'y entrer, ou bien quelques humeurs froides et gluantes qui émoussent sa force, ou bienque, le tempérament du sang étant corrompu, la liqueur qu'il envoie en l'estomac soit d'autre nature qu'à l'ordinaire (et c'esttoujours quelqu'une de ces causes qui ôte l'appétit aux malades) ; TEXTE: Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 12 mai 1647 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 mai 1647.).

DESCARTES Je loue Dieu de ce que ce docteur, à qui votre altesse a prêté le livre de mes Principes, a été longtemps sans vous retourner voir,puisque c est une marque qu'il n'y a point du tout de malades à la cour de madame l'électrice, et il semble qu'on a un degré desanté plus parfait, quand elle est générale au lieu où l'on demeure, que lorsqu'on est environné de malades.. »

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