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Le mot "veine" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 14/07/2010

Extrait du document

descartes

 

DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

à savoir la veine cave, qui est le principal réceptacle du sang, et comme le tronc de l'arbre dont toutes les autres veines du corps sont les branches, et la veine artérieuse, qui a été ainsi mal nommée, parce que c'est en effet une artère, laquelle, prenant son origine du coeur, se divise, après en être sortie, en plusieurs branches qui vont se répandre partout dans les poumons.

à savoir, trois à l'entrée de la veine cave, où elles sont tellement disposées, qu'elles ne peuvent aucunement empêcher que le sang qu'elle contient ne coule dans la concavité droite du coeur, et toutefois empêchent exactement qu'il n'en puisse sortir ;

trois à l'entrée de la veine artérieuse, qui, étant disposées tout au contraire, permettent bien au sang, qui est dans cette concavité, de passer dans les poumons, mais non pas à celui qui est dans les poumons d'y retourner ;

De plus, je voudrais qu'on leur fît considérer que la grande artère et la veine artérieuse sont d'une composition beaucoup plus dure et plus ferme que ne sont l'artère veineuse et la veine cave ;

Car après cela, je n'ai besoin de dire autre chose pour expliquer le mouvement du coeur, sinon que, lorsque ses concavités ne sont pas pleines de sang, il y en coule nécessairement de la veine cave dans la droite, et de l'artère veineuse dans la gauche ;

et continuant à se raréfier de plus en plus, elles poussent et ouvrent les six autres petites portes qui sont aux entrées des deux autres vaisseaux par où elles sortent, faisant enfler par ce moyen toutes les branches de la veine artérieuse et de la grande artère, quasi au même instant que le coeur ;

lequel, incontinent après, se désenfle, comme font aussi ces artères, à cause que le sang qui y est entré s'y refroidit, et leurs six petites portes se referment, et les cinq de la veine cave et de l'artère veineuse se rouvrent, et donnent passage à deux autres gouttes de sang, qui font derechef enfler le coeur et les artères, tout de même que les précédentes.

Mais si on demande comment le sang des veines ne s'épuise point, en coulant ainsi continuellement dans le coeur, et comment les artères n'en sont point trop remplies, puisque tout celui qui passe par le coeur s'y va rendre, je n'ai pas besoin d'y répondre autre chose que ce qui a déjà été écrit par un médecin d'Angleterre, auquel il faut donner la louange d'avoir rompu la glace en cet endroit, et d'être le premier qui a enseigné qu'il y a plusieurs petits passages aux extrémités des artères, par où le sang qu'elles reçoivent du coeur entre dans les petites branches des veines, d'où il va se rendre derechef vers le coeur ;

Ce qu'il prouve fort bien par l'expérience ordinaire des chirurgiens, qui, ayant lié le bras médiocrement fort, au-dessus de l'endroit où ils ouvrent la veine, font que le sang en sort plus abondamment que s'ils ne l'avaient point lié ;

Car il est manifeste que le lien, médiocrement serré, pouvant empêcher que le sang qui est déjà dans le bras ne retourne vers le coeur par les veines, n'empêche pas pour cela qu'il n'y en vienne toujours de nouveau par les artères, à cause qu'elles sont situées au-dessous des veines, et que leurs peaux, étant plus dures, sont moins aisées à presser ;

et aussi que le sang qui vient du coeur tend avec plus de force à passer par elles vers la main, qu'il ne fait à retourner de là vers le coeur par les veines ;

et, puisque ce sang sort du bras par l'ouverture qui est en l'une des veines, il doit nécessairement y avoir quelques passages au-dessous du lien, c'est-à-dire vers les extrémités du bras, par où il y puisse venir des artères.

Il prouve aussi fort bien ce qu'il dit du cours du sang, par certaines petites peaux, qui sont tellement disposées en divers lieux le long des veines, qu'elles ne lui permettent point d'y passer du milieu du corps vers les extrémités, mais seulement de retourner des extrémités vers le coeur ;

Comme, premièrement, la différence qu'on remarque entre celui qui sort des veines et celui qui sort des artères ne peut procéder que de ce qu'étant raréfié et comme distillé en passant par le coeur, il est plus subtil et plus vif et plus chaud incontinent après en être sorti, c'est-à-dire étant dans les artères, qu'il n'est un peu devant que d'y entrer, c'est-à-dire étant dans les veines.

Puis, la dureté des peaux dont la veine artérieuse et la grande artère sont composées montre assez que le sang bat contre elles avec plus de force que contre les veines.

Et pourquoi la concavité gauche du coeur et la grande artère seraient-elles plus amples et plus larges que la concavité droite et la veine artérieuse ?

ce qui se confirme parce qu'on voit que les animaux qui n'ont point de poumons n'ont aussi qu'une seule concavité dans le coeur, et que les enfants, qui n'en peuvent user pendant qu'ils sont renfermés au ventre de leurs mères, ont une ouverture par où il coule du sang de la veine cave en la concavité gauche du coeur, et un conduit par où il en vient de la veine artérieuse en la grande artère, sans passer par le poumon.

ce qui ne semblera nullement étrange à ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, l'industrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces, à comparaison de la grande multitude des os, des muscles, des nerfs, des artères, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, considéreront ce corps comme une machine, qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et a en soi des mouvements plus admirables qu'aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS TROISIEME, DE L'OEIL.

ZH est le nerf nommé optique, qui est composé d'un grand nombre de petits filets, dont les extrémités s'étendent en tout l'espace GHI, où, se mêlant avec une infinité de petites veines et artères, elles composent une espèce de chair extrêmement tendre et délicate, laquelle est comme une troisième peau, qui couvre tout le fond de la seconde.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

à savoir, premièrement, les peaux qui les enveloppent, et qui, prenant leur origine de celles qui enveloppent le cerveau, sont comme de petits tuyaux divisés en plusieurs branches, qui se vont épandre çà et là par tous les membres, en même façon que les veines et les artères ;

  L'HOMME.

Or, je ne m'arrêterai pas à vous décrire les os, les nerfs, les muscles, les veines, les artères, l'estomac, le foie, la rate, le c_ur, le cerveau, ni toutes les autres diverses pièces dont elle doit être composée ;

et que cependant les plus subtiles et les plus agitées rencontrent çà et là une infinité de petits trous, par où elles s'écoulent dans les rameaux d'une grande veine qui les porte vers le foie, et en d'autres qui les portent ailleurs, sans qu'il y ait rien que la petitesse de ces trous qui les sépare des plus grossières :

Or ce sang, ainsi contenu dans les veines, n'a qu'un seul passage manifeste par où il en puisse sortir, savoir celui qui le conduit dans la concavité droite du c_ur ;

et le feu qui est dans le c_ur de la machine que je vous décris n'y sert à autre chose qu'à dilater, échauffer, et subtiliser ainsi le sang, qui tombe continuellement goutte à goutte, par un tuyau de la veine cave, dans la concavité de son côté droit, d'où il s'exhale dans le poumon et de la veine du poumon, que les anatomistes ont nommé l'Artère veineuse, dans son autre concavité, d'où il se distribue par tout le corps.

l'un par où le sang de la veine cave passe dans la veine nommée artère, et l'autre par où les vapeurs ou le sang raréfié de l'artère nommée veine, s'exhalent et vont dans la grande artère.

car au moment qu'un de ces battements cesse, et qu'un autre est prêt de commencer, celles de ces petites portes qui sont aux entrées des deux artères se trouvent exactement fermées, et celles qui sont aux entrées des deux veines se trouvent ouvertes :

si bien qu'il ne peut manquer de tomber aussitôt deux gouttes de sang par ces deux veines, une dans chaque concavité du c_ur.

Puis ces gouttes de sang se raréfiant, et s'étendant tout d'un coup dans un espace plus grand sans comparaison que celui qu'elles occupaient auparavant, poussent et ferment ces petites portes qui sont aux entrées des deux veines, empêchant par ce moyen qu'il ne descende davantage de sang dans le c_ur, et poussent et ouvrent celles des deux artères, par où elles entrent promptement et avec effort, faisant ainsi enfler le c_ur et toutes les artères du corps en même temps.

et ainsi le c_ur et les artères se désenflent, les petites portes qui sont aux deux entrées des artères se referment et celles qui sont aux entrées des deux veines se rouvrent, et donnent passage à deux autres gouttes de sang, qui font derechef enfler le c_ur et les artères, tout de même que les précédentes.

Sachant ainsi la cause du pouls, il est aisé à entendre que ce n'est pas tant le sang contenu dans les veines de cette machine, et qui vient nouvellement de son foie, comme celui qui est dans ses artères, et qui a déjà été distillé dans son c_ur, qui se peut attacher à ses autres parties, et servir à réparer ce que leur agitation continuelle, et les diverses actions des autres corps qui les environnent, en détachent et font sortir :

car le sang qui est dans ses veines s'écoule toujours peu à peu de leurs extrémités vers le c_ur (et la disposition de certaines petites portes, ou valvules, que les anatomistes ont remarquées en plusieurs endroits le long de nos veines, vous doit assez persuader qu'il arrive en nous tout le semblable) ;

mais la plupart retournent dans les veines par les extrémités des artères, qui se trouvent en plusieurs endroits jointes à celles des veines.

Et des veines il en passe peut-être aussi quelques parties en la nourriture de quelques membres ;

Le suc des viandes, qui passe de l'estomac dans les veines, se mêlant avec le sang, lui communique toujours quelques-unes de ses qualités, et, entre autres, il le rend ordinairement plus grossier, quand il se mêle tout fraîchement avec lui :

Si le fiel, qui est destiné à purger le sang de celles de ses parties qui sont les plus propres de toutes à être embrasées dans le c_ur, manque à faire son devoir, ou qu'étant resserré par son nerf la matière qu'il contient regorge dans les veines, les esprits en seront d'autant plus vifs, et avec cela plus inégalement agités.

Si la rate, qui, au contraire est destinée à purger le sang de celles de ses parties qui sont les moins propres à être embrasées dans le c_ur, est mal disposée, ou qu'étant pressée par ses nerfs, ou par quelque autre corps que ce soit, la matière qu'elle contient regorge dans les veines, les esprits en seront d'autant moins abondants, et moins agités, et avec cela plus inégalement agités.

Mais par-dessus tout, le petit nerf qui se termine dans le c_ur, pouvant dilater et resserrer, tant les deux entrées par où le sang des veines et l'air du poumon y descend, que les deux sorties par où ce sang s'exhale et s'élance dans les artères, peut causer mille différences en la nature des esprits :

Au reste, pendant le sommeil, la substance du cerveau, qui est en repos, a le loisir de se nourrir et de se refaire, étant humectée par le sang que contiennent les petites veines ou artères qui paraissent en sa superficie extérieure.

comme aux entrées du c_ur, du fiel, de la gorge, des plus larges boyaux, et aux principales divisions de toutes les veines.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

de même aussi, si je considère le corps de l'homme comme étant une machine tellement bâtie et composée d'os, de nerfs, de muscles, de veines, de sang et de peau, qu'encore bien qu'il n'y eût en lui aucun esprit, il ne laisserait pas de se mouvoir en toutes les mêmes façons qu'il fait à présent, lorsqu'il ne se meut point par la direction de sa volonté, ni par conséquent par l'aide de l'esprit, mais seulement par la disposition de ses organes, je reconnais facilement qu'il serait aussi naturel à ce corps, étant, par exemple, hydropique, de souffrir la sécheresse du gosier, qui a coutume de porter à l'esprit le sentiment de la soif, et d'être disposé par cette sécheresse à mouvoir ses nerfs et ses autres parties, en la façon qui est requise pour boire, et ainsi d'augmenter son mal et se nuire à soi-même, qu'il lui est naturel, lorsqu'il n'a aucune indisposition, d'être porté à boire pour son utilité par une semblable sécheresse de gosier.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 65.

De façon que le cours de l'eau en cette terre imite celui du sang dans le corps des animaux, où il fait un cercle, en coulant sans cesse fort promptement de leurs veines dans leurs artères et de leurs artères dans leurs veines.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 7.

Il n'y a personne qui ne sache déjà qu'il y a en nous un coeur, un cerveau, un estomac, des muscles, des nerfs, des artères, des veines, et choses semblables.

On sait aussi que les viandes qu'on mange descendent dans l'estomac et dans les boyaux, d'où leur suc, coulant dans le foie et dans toutes les veines se mêle avec le sang qu'elles contiennent, et par ce moyen en augmente la quantité.

Ceux qui ont tant soit peu ouï parler de la médecine savent, outre cela, comment le coeur est composé et comment tout le sang des veines peut facilement couler de la veine cave en son côté droit, et de là passer dans le poumon par le vaisseau qu'on nomme la veine artérieuse, puis retourner du poumon dans le côté gauche du coeur par le vaisseau nommé l'artère veineuse, et enfin passer de là dans la grande artère, dont les branches se répandent par tout le corps.

Même tous ceux que l'autorité des anciens n'a point entièrement aveuglés, et qui ont voulu ouvrir les yeux pour examiner l'opinion d'Hervaeus touchant la circulation du sang, ne doutent point que toutes les veines et les artères du corps ne soient comme des ruisseaux par où le sang coule sans cesse fort promptement, en prenant son cours de la cavité droite du coeur par la veine artérieuse, dont les branches sont éparses en tout le poumon et jointes à celles de l'artère veineuse, par laquelle il passe du poumon dans côté gauche du coeur ;

puis de là il va dans la grand artère, dont les branches, éparses par tout le reste d corps, sont jointes aux branches de la veine cave qui portent derechef le même sang en la cavité droite d coeur ;

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 8.

C'est pourquoi, encore que j'en aie déjà touché quelque chose en d'autres écrits, je ne laisserai pas de dire ici succinctement que, pendant que nous vivons, il y a une chaleur continuelle en notre coeur, qui est une espèce de feu que le sang des veines y entre tient, et que ce feu est le principe corporel de tous les mouvements de nos membres.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 9.

ce qui est cause que ce sang, ayant besoin d'occuper un plus grand lieu, passe avec impétuosité de la cavité droite dans la veine artérieuse, et de la gauche dans la grande artère ;

puis, cette dilatation cessant, il entre incontinent de nouveau sang de la veine cave en la cavité droite du coeur, et de l'artère veineuse en la gauche.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 15.

Ainsi, par exemple, celui qui vient de la partie inférieure du foie, où est le fiel, se dilate d'autre façon dans le coeur que celui qui vient de la rate, et celui-ci autrement que celui qui vient des veines des bras ou des jambes, et enfin celui-ci tout autrement que le suc des viandes, lorsqu'étant nouvellement sorti de l'estomac et des boyaux, il passe promptement par le foie jusques au coeur.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 96.

Car, encore que toutes les veines conduisent le sang qu'elles contiennent vers le coeur, il arrive néanmoins quelquefois que celui de quelques-unes y est poussé avec plus de force que celui des autres ;

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 103.

et elle les conduit aussi tellement vers les petits nerfs de la rate et de la partie inférieure du foie, où est le réceptacle de la bile, que les parties du sang qui ont coutume d'être rejetées vers ces endroits-là en sortent et coulent avec celui qui est dans les rameaux de la veine cave vers le coeur ;

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 104.

En la joie ce ne sont pas tant les nerfs de la rate, du foie, de l'estomac ou des intestins qui agissent, que ceux qui sont en tout le reste du corps, et particulièrement celui qui est autour des orifices du coeur, lequel, ouvrant et élargissant ces orifices, donne moyen au sang que les autres nerfs chassent des veines vers le coeur d'y entrer et d'en sortir en plus grande quantité que de coutume.

Et parce que le sang qui entre alors dans le coeur y a déjà passé et repassé p lusieurs fois, étant venu des artères dans les veines, il se dilate fort aisément et produit des esprits dont les parties, étant fort égales et subtiles, [elles] sont propres à former et fortifier les impressions du cerveau qui donnent à l'âme des pensées gaies et tranquilles.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 105.

Au contraire, en la tristesse les ouvertures du coeur sont fort rétrécies par le petit nerf qui les environne, et le sang des veines n'est aucunement agité, ce qui fait qu'il en va fort peu vers le coeur ;

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 108.

Et en même temps aussi ces esprits allaient du cerveau vers les nerfs qui pouvaient pousser du sang de la rate et des petites veines du foie vers le coeur, pour empêcher ce suc nuisible d'y entrer, et de plus vers ceux qui pouvaient repousser ce même suc vers les intestins et vers l'estomac, ou aussi quelquefois obliger l'estomac à le vomir.

Et on peut voir à l'oeil qu'il y a dans le foie quantité de veines ou conduits assez larges par où le suc des viandes peut passer de la veine porte en la veine cave, et de là au coeur, sans s'arrêter aucunement au foie ;

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 109.

Il est aussi quelquefois arrivé au commencement de notre vie que le sang contenu dans les veines était un aliment assez convenable pour entretenir la chaleur du coeur, et qu'elles en contenaient en telle quantité qu'il n'avait point besoin de tirer aucune nourriture d'ailleurs.

Ce qui a excité en l'âme la passion de la joie, et a fait en même temps que les orifices du coeur se sont plus ouverts que de coutume, et que les esprits coulant abondamment du cerveau, non seulement dans les nerfs qui servent à ouvrir ces orifices, mais aussi généralement en tous les autres qui poussent le sang des veines vers le coeur, empêchent qu'il n'y en vienne de nouveau du foie, de la rate, des intestins et de l'estomac.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 114.

Or, il est certain que la couleur du visage ne vient que du sang, lequel, coulant continuellement du coeur par les artères en toutes les veines, et de toutes les veines dans le coeur, colore plus ou moins le visage, selon qu'il remplit plus ou moins les petites veines qui sont vers sa superficie.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 115.

Ainsi la joie rend la couleur plus vive et plus vermeille, parce qu'en ouvrant les écluses du coeur elle fait que le sang coule plus vite en toutes les veines, et que, devenant plus chaud et plus subtil, il enfle médiocrement toutes les parties du visage, ce qui en rend l'air plus riant et plus gai.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 116.

La tristesse, au contraire, en étrécissant les orifices du coeur, fait que le sang coule plus lentement dans les veines, et que, devenant plus froid et plus épais, il a besoin d'y occuper moins de place ;

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 117.

Ces passions échauffant ou agitant le sang qui vient du foie, des intestins et des autres parties intérieures, le poussent vers le coeur, et de là, par la grande artère, vers les veines du visage, sans que la tristesse qui serre de part et d'autre les orifices du coeur le puisse empêcher, excepté lorsqu'elle est fort excessive.

Mais, encore qu'elle ne soit que médiocre, elle empêche aisément que le sang ainsi venu dans les veines du visage ne descende vers le coeur pendant que l'amour, le désir ou la haine y en poussent d'autres des parties intérieures.

C'est pourquoi ce sang étant arrêté autour de la face, il la rend rouge, et même plus rouge que pendant la joie, à cause que la couleur du sang paraît d'autant mieux qu'il coule moins vite, et aussi à cause qu'il s'en peut ainsi assembler davantage dans les veines de la face que lorsque les orifices du coeur sont plus ouverts.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 122.

et la façon dont je crois qu'elle cause cet effet est qu'ouvrant extraordinairement les orifices du coeur, le sang des veines y entre si à coup et en si grande quantité, qu'il n'y peut être raréfié par la chaleur assez promptement pour lever les petites peaux qui ferment les entrées de ces veines :

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 124.

Le ris consiste en ce que le sang qui vient de la cavité droite du coeur par la veine artérieuse, enflant les poumons subitement et à diverses reprises, fait que l'air qu'ils contiennent est contraint d'en sortir avec impétuosité par le sifflet, où il forme une voix inarticulée et éclatante ;

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 126.

La première est la surprise de l'admiration, laquelle, étant jointe à la joie peut ouvrir si promptement les orifices du coeur, qu'une grande abondance de sang, entrant tout à coup en son côté droit par la veine cave, s'y raréfie, et passant de là par la veine artérieuse, enfle le poumon.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 129.

Et ce n'est qu'une même matière qui compose le sang pendant qu'elle est dans les veines ou dans les artères, et les esprits lorsqu'elle est dans le cerveau, dans les nerfs ou dans les muscles, et les vapeurs lorsqu'elle en sort en forme d'air, et enfin la sueur ou les larmes lorsqu'elle s'épaissit en eau sur la superficie du corps ou des yeux.

  LES PASSIONS DE L'AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 184.

Car celle-ci fait que la bile jaune, qui vient de la partie inférieure du foie, et la noire, qui vient de la rate, se répandent du coeur par les artères en toutes les veines ;

et celle-là fait que le sang des veines a moins de chaleur et coule plus lentement qu'à l'ordinaire, ce qui suffit pour rendre la couleur livide.

Mais parce que la bile, tant jaune que noire, peut aussi être envoyée dans les veines par plusieurs autres causes, et que l'envie ne les y pousse pas en assez grande quantité pour changer la couleur du teint, si ce n'est qu'elle soit fort grande et de longue durée, on ne doit pas penser que tous ceux en qui on voit cette couleur y soient enclins.

  LES PASSIONS DE L'AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 199.

et la haine fait que c'est principalement le sang bilieux qui vient de la rate et des petites veines du foie qui reçoit cette agitation et entre dans le coeur, où, à cause de son abondance et de la nature de la bile dont il est mêlé, il excite une chaleur plus âpre et plus ardente que n'est celle qui peut y être excitée par l'amour ou par la joie.

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE, Fin avril 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du début de juin 1637.).

Mais, outre cela, l'expérience fait très clairement voir à l'oeil, en la grande artère et en la veine artérieuse, que les six valvules qui y sont, les ferment exactement ;

et bien que celles de la veine cave et de l'artère veineuse ne semblent pas faire le même dans le c_ur d'un animal mort, toutefois si on considère que les petites peaux dont elles sont composées, et les fibres où elles sont attachées, s'étendent beaucoup plus dans les animaux qui sont vifs que dans les morts, où elles se resserrent et se retirent, on ne doutera point qu'elles ne se ferment aussi exactement que les autres.

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 20 février 1639.

La multitude et l'ordre des nerfs, des veines, des os et des autres parties d'un animal, ne montre point que la nature n'est pas suffisante pour les former, pourvu qu'on suppose que cette nature agit en tout suivant les lois exactes des mécaniques, et que c'est Dieu qui lui a imposé ces lois.

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

Quant aux oreillettes du c_ur, j'aurais ajouté, ce qui est vrai en effet, que je n'en ai pas traité à fond, parce que je Ies considère seulement comme les extrémités de la veine cave et de l'artère veineuse, etc.

Je ne vois pas pareillement pourquoi vous voulez qu'elle se fasse plutôt dans les veines gastriques et mésaraïques que dans toutes les autres.

et, à bien examiner les choses, les excréments mêmes, surtout ceux qui sont poussés hors des veines, doivent être censés partie du chyle, au moins tant qu'ils sont dans le corps, car ils y ont leurs fonctions, et il n'y en a aucune qui ne s'en aille enfin en excréments, pourvu que vous appeliez excréments ce qui sort par la transpiration insensible.

et le second par lequel une partie du sang qui doit se raréfier dans la cavité gauche du c_ur sort de la veine cave et se mêle à cette autre partie qui revient du poumon :

Je ne définis rien sur les veines lactées, parce que je ne les ai pas encore vues ;

Pour moi je penche beaucoup pour eux en sorte que je crois que les veines lactées diffèrent seulement des mésaraïques en ce qu'elles ne sont jointes à aucune artère, ce qui fait qu'en elles le suc des viandes est blanc, et qu'il devient sur-le-champ rouge dans les autres, parce qu'il se mêle au sang qui a circulé par les artères.

car l'effort avec lequel il sort suffirait à l'en faire tout sortir, si les valvules de la grande artère et de la veine artérieuse ne se formait avant que tout le sang fût échappé, et la plus petite quantité qui reste dans les ventricules suffit pour la fermentation.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 30 juillet 1640.

Car pour les veines, elles ont mille valvules qui en empêchent, comme on peut éprouver, en liant les unes et les autres dans le mésentère d'un chien vivant ;

car on verra que les artères se désenfleront entre les intestins et le lien, et non au delà, et que les veines, lactées et autres, feront le contraire.

Et l'expérience montre assez la facilité de leur séparation dans le sang tiré des veines ;

Pour la cause qui fait entrer le chyle dans les veines, je ne crois point qu'elle soit autre que la même qui fait sortir les boyaux du ventre, quand il est percé d'un coup d'épée, c'est-à-dire, que la pression des peaux ou autres parties qui les contiennent.

Et enfin l'action des muscles y aide beaucoup, en ce qu'elle fait que les parties du chyle viennent vis-à-vis des trous par où elles peuvent entrer dans les veines, tant les lactées que les autres ;

  Correspondance, année 1640, AU R. P. MERSENNE, 31 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 décembre 1640 ( ?)).

car c'est quasi une règle générale par tout le corps, qu'il y a des glandes, où plusieurs branches de veines ou d'artères se rencontrent.

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, 11 mai 1641.

Je ne suis pas bien certain aussi que les veines mésaraïques reçoivent le chyle des veines lactées dans le pancréas ;

vous ne devez point l'assurer sans une expérience très certaine, ni écrire là-dessus, comme si aucunes veines lactées ne portaient le chyle jusqu'au foie, parce qu'il y en a qui assurent en avoir fait l'expérience, et cela me paraît tout à fait vraisemblable.

  Correspondance, année 1645, A UN SEIGNEUR (NEWCASTLE), octobre 1645.

Et elle est comme une espèce d'eau-forte, qui, se glissant entre les petites parties des viandes qu'on a mangées, sert à les dissoudre, et en compose le chyle, puis retourne avec elles dans le sang par les veines.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Juin 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mai 1646.).

et c'est une chose si difficile que je ne l'oserais encore entreprendre, bien que je me sois à peu près satisfait moi-même touchant la vérité des principes que j'ai supposés en cet écrit, dont les principaux sont, que l'office du foie et de la rate est de contenir toujours du sang de réserve, moins purifié que celui qui est dans les veines ;

et que le feu qui est dans le c_ur a besoin d'être continuellement entretenu, ou bien par le suc des viandes, qui vient directement de l'estomac, ou bien, à son défaut, par ce sang qui est en réserve, à cause que l'autre sang, qui est dans les veines, se dilate trop aisément ;

et l'admiration ne fait en ceci autre chose, sinon que, par sa surprise, elle augmente la force du mouvement qui cause la joie, et fait que, les orifices du c_ur étant dilatés tout à coup, le sang qui entre dedans par la veine cave, et qui en sort par la veine artérieuse, enfle subitement le poumon.

  Correspondance, année 1646, A UN SEIGNEUR. (NEWCASTLE), 23 novembre 1646.

car je crois que l'eau de ces fontaines entraîne avec soi de petites parties des rochers par où elle passe, lesquelles sont de telles figures qu'elles s'attachent facilement les unes aux autres, lorsqu'elles viennent à se rencontrer, et que l'eau qui les amène, étant moins vive et moins agitée qu'elle n'a été dans les veines de ces rochers, les laisse tomber ;

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.

Car, s'il est vrai que nos premiers sentiments d'amour soient venus de ce que notre c_ur recevait abondance de nourriture qui lui était convenable, et au contraire, que nos premiers sentiments de haine aient été causés par un aliment nuisible qui venait au c_ur, et que maintenant les mêmes mouvements accompagnent encore les mêmes passions, ainsi qu'il a tantôt été dit, il est évident que, lorsque nous aimons, tout le plus pur sang de no s veines coule abondamment vers le c_ur, ce qui envoie quantité d'esprits animaux au cerveau, et ainsi nous donne plus de force, plus de vigueur et plus de courage ;

 

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« Et pourquoi la concavité gauche du coeur et la grande artère seraient-elles plus amples et plus larges que la concavité droite et laveine artérieuse ? ce qui se confirme parce qu'on voit que les animaux qui n'ont point de poumons n'ont aussi qu'une seule concavité dans le coeur,et que les enfants, qui n'en peuvent user pendant qu'ils sont renfermés au ventre de leurs mères, ont une ouverture par où il couledu sang de la veine cave en la concavité gauche du coeur, et un conduit par où il en vient de la veine artérieuse en la grandeartère, sans passer par le poumon. ce qui ne semblera nullement étrange à ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, l'industrie deshommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces, à comparaison de la grande multitude des os, des muscles, des nerfs,des artères, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, considéreront ce corps commeune machine, qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et a en soi des mouvements plusadmirables qu'aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS TROISIEME, DE L'OEIL. ZH est le nerf nommé optique, qui est composé d'un grand nombre de petits filets, dont les extrémités s'étendent en tout l'espaceGHI, où, se mêlant avec une infinité de petites veines et artères, elles composent une espèce de chair extrêmement tendre etdélicate, laquelle est comme une troisième peau, qui couvre tout le fond de la seconde. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL. à savoir, premièrement, les peaux qui les enveloppent, et qui, prenant leur origine de celles qui enveloppent le cerveau, sontcomme de petits tuyaux divisés en plusieurs branches, qui se vont épandre çà et là par tous les membres, en même façon que lesveines et les artères ; L'HOMME. Or, je ne m'arrêterai pas à vous décrire les os, les nerfs, les muscles, les veines, les artères, l'estomac, le foie, la rate, le c_ur, lecerveau, ni toutes les autres diverses pièces dont elle doit être composée ; et que cependant les plus subtiles et les plus agitées rencontrent çà et là une infinité de petits trous, par où elles s'écoulent dans lesrameaux d'une grande veine qui les porte vers le foie, et en d'autres qui les portent ailleurs, sans qu'il y ait rien que la petitesse deces trous qui les sépare des plus grossières : Or ce sang, ainsi contenu dans les veines, n'a qu'un seul passage manifeste par où il en puisse sortir, savoir celui qui le conduitdans la concavité droite du c_ur ; et le feu qui est dans le c_ur de la machine que je vous décris n'y sert à autre chose qu'à dilater, échauffer, et subtiliser ainsi lesang, qui tombe continuellement goutte à goutte, par un tuyau de la veine cave, dans la concavité de son côté droit, d'où ils'exhale dans le poumon et de la veine du poumon, que les anatomistes ont nommé l'Artère veineuse, dans son autre concavité,d'où il se distribue par tout le corps. l'un par où le sang de la veine cave passe dans la veine nommée artère, et l'autre par où les vapeurs ou le sang raréfié de l'artèrenommée veine, s'exhalent et vont dans la grande artère. car au moment qu'un de ces battements cesse, et qu'un autre est prêt de commencer, celles de ces petites portes qui sont auxentrées des deux artères se trouvent exactement fermées, et celles qui sont aux entrées des deux veines se trouvent ouvertes : si bien qu'il ne peut manquer de tomber aussitôt deux gouttes de sang par ces deux veines, une dans chaque concavité du c_ur. Puis ces gouttes de sang se raréfiant, et s'étendant tout d'un coup dans un espace plus grand sans comparaison que celui qu'ellesoccupaient auparavant, poussent et ferment ces petites portes qui sont aux entrées des deux veines, empêchant par ce moyenqu'il ne descende davantage de sang dans le c_ur, et poussent et ouvrent celles des deux artères, par où elles entrentpromptement et avec effort, faisant ainsi enfler le c_ur et toutes les artères du corps en même temps. et ainsi le c_ur et les artères se désenflent, les petites portes qui sont aux deux entrées des artères se referment et celles qui sontaux entrées des deux veines se rouvrent, et donnent passage à deux autres gouttes de sang, qui font derechef enfler le c_ur et lesartères, tout de même que les précédentes.. »

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