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Les mots nous éloignent-ils des choses ?

Publié le 08/03/2005

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A première vue, soutenir que les mots nous éloignent des choses est soutenir un paradoxe étrange: comment ce qui est fait pour désigner quelque chose à travers le langage et permettre à deux interlocuteur de s'entendre et de savoir de quoi ils parlent, pourrait-il au contraire éloigner des choses désignées ? Dans son second discours, Rousseau explique que le cri primitif et les gestes qui lui ont succédé étaient très insuffisants à dire toute chose, notamment les choses lointaines ou abstraites, d'où l'invention conventionnelle des mots pour dire toute chose. Les mots donc nous rapprochent de toute chose. Il semble qu'une langue bien faite, comme une langue naturelle, est faite pour rapprocher des choses, en vertu du parallélisme entre la langue et la réalité, lequel renvoie au parallélisme entre la pensée et le réel. Penser le monde et nommer le monde sont deux actions de l'homme. Grâce aux mots du langage, je puis par exemple faire resurgir une époque disparue, des choses du passé, comme Proust dans A la recherche du temps perdu. Les mots ici ressuscitent les choses, loin de nous en éloigner. La preuve a contrario de cela est que celui qui subit une maladie du langage ou simplement un certain analphabétisme est handicapé dans son rapport au monde, l'absence de mots l'éloigne donc des choses. De même l'enfant se constitue un monde et s'en rapproche grâce à l'apprentissage du langage qui se perfectionne avec l'acquisition de vocabulaire. Donc  la finalité des mots étant de désigner les choses dans toutes les langues, il semble inconcevable d'affirmer que les mots nous éloignent des choses. Toutefois, du mot à la chose, il y a toujours une distance, comme entre la théorie et la pratique.  Alors d'une certaine manière, le mot désincarné qui nomme la chose, n'en éloigne-t-il pas ?

 

  • 1) paradoxe de la question
  • 2) le mot trahit la chose, donc il en éloigne
  • 3) si les mots nous éloignent des choses ce n'est pas forcement mal

 

 

 

 

 

« du moins en théorie. · Le mot permet la définition.

Il est donc au fondement d'une connaissance sûre.

Si la sensation est à l'origine de toutes nos connaissances (puisqu'elle est à l'origine de notre pensée) le mot est ce qui fixecette pensée, ce qui en fait une connaissance ferme et assurée. « La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses.

» Platon . · Selon Platon, la connaissance passe donc par celle des mots.

Ceux-ci sont en effet ce qui définit, de manière générale. · Mais dans le même temps, les mots, dès qu'ils sont connus, font aussi connaître les choses.

Le mot est alors la source, définitive, de la connaissance.

On ne peut connaître que par les mots. · Ce principe est repris par les philosophes médiévaux, tels que Guillaume d'Ockham, posant alors le mot comme étant ce qui nous fait parvenir à l'objet. · Dans cet axe, nous voyons que les mots sont d'une part ce qui permet de connaître.

Et que d'autre part, ils sont aussi ce qui donne une définition à chaque chose.

En ce sens, ils sont donc proches de lachose. · Pourtant, le nominalisme du XVIIème siècle remettra en cause ce fait, Hobbes en tête, en posant à l'inverse une irréversible différence entre les mots et les choses. 3.

Oublions-nous ce qu'est la chose lorsque nous la définissons par les mots ? · Thomas Hobbes, philosophe posant les noms comme seuls connaissance certaine, voit aussi en eux un redoublement du signe : la chose se fait connaitre à l'esprit, par les sens ; ensuite, l'esprit produit lesmots, qui sont alors des signes de la pensée, et non de l'objet lui-même. « Or, puisque selon leur définition, les noms ordonnés dans le discours sont les signes des concepts, il estmanifeste qu'ils ne sont pas les signes des choses elles-mêmes ; car en quel sens peut-on comprendre que leson de ce mot pierre soit le signe d'une pierre si ce n'est en celui-ci : que celui qui entend ce mot en infèreque celui qui parle a pensé à une pierre ? » Thomas Hobbes, Léviathan. · La séparation existe donc entre le langage, d'une part, qui est un signe de la pensée, et le monde en général.

Les choses et les noms sont donc indubitablement séparés. · Mais si les mots ne traduisent pas les choses, ils nous en éloignent aussi.

Ce que nous disons devient un concept, et non la chose elle-même. · Plus encore, le concept peut alors être considéré comme étant lui-même une nouvelle chose. · Le mot ne cherche alors pas à nous éloigner de la chose, mais il en crée plutôt une autre, à l'image de celle donnée par le monde, mais qui n'est que dans la pensée : le concept. Conclusion. *Nous avons vu que les philosophes s'accordent sur le fait que la seule façon cohérente de connaître réside dansles mots.

Mais cette connaissance entraîne alors le problème du rapport entre les mots et les choses.

Connaitre parles mots, ce n'est pas connaître par les choses.

Il existe donc un écart infranchissable entre les mots et les choses.Cependant, si les mots nous tiennent éloignés des choses, peut-être aussi nous conserve-t-ils à une distancesuffisamment proche d'eux pour que nous retenions leur existence.

Les mots et les choses resteraient alors à desdistances respectables les uns des autres, se tenants éloignés tout en restant aussi proches que possibles.. »

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