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Le mythe de Prométhée ?

Publié le 27/02/2008

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D'après une autre légende, rapportée, notamment, par le poète latin Ovide (Métamorphoses, livre I), le géant Prométhée considère tous les êtres vivants et juge qu'il faut combler un manque : personne ne sait inventer, créer, par soi-même ; nul n'est capable d'utiliser la nature et de commander aux autres créatures afin d'établir une harmonie globale. Prométhée décide donc de former l'homme à partir du limon de la terre (cf. le dieu potier égyptien, Ptah ; la version de la Genèse où Dieu pétrit l'homme avec de la glaise). La déesse de la sagesse, Athéna, admire son ouvrage et lui propose de l'aider; il en profite pour dérober le feu divin et le ramener sur terre. Transition Prométhée est toujours présenté comme le père de la technique, de l'habileté ; mais les innovations qu'il apporte sont liées à la transgression traduisant l'angoisse de l'homme d'aller trop loin, de chercher à se faire Dieu. II. Quelle est la fonction symbolique de Prométhée ? 1. Le révolté humaniste Prométhée prend le parti des hommes contre les dieux ? ses ruses amusaient les petits Athéniens de l'Antiquité. Il se trouve châtié et subit des supplices à cause de l'injustice de Zeus.

« potiers— métallurgie et céramique.

Tous les ans, sa fête donne lieu à une course aux flambeaux, comme pour le culted'Athéna et Héphaïstos.

Après coup, les Grecs expliquèrent ce rite en l'intégrant à ceux qui, dans l'Antiquité,contribuaient à alimenter le feu divin, à le renouveler.

Donc, comme le dit Hésiode, le plus ancien dramaturge grecde l'Antiquité connu, Prométhée finit par réintégrer l'harmonie olympienne, qu'il avait troublée. Dans ce dialogue de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situationoriginelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peuprodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhéeaccepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.

Pour éviterque ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et laconnaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissentProméthée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sansles arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativementaux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin,pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sacondition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme unenécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ilssanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme lemoyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques,l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-ille maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la techniqueest d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contreceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre. 3.

Le voleur de feu La légende de Prométhée explique les sacrifices divins; elle revêt un caractère sacré car elle rend compte d'unepratique reposant sur une ruse mais demeurant toujours en vigueur.

Donc elle souligne le caractère complexe de larelation nouée entre les hommes et les dieux.

Le sacrifice apparaît, en effet, comme une preuve de soumission dansla désobéissance même.

Le mythe de Prométhée explique le rapport des hommes et des dieux mais aussi la perted'une forme d'immédiateté — la figure de Pandore anticipe celle d'Eve.Porté sur la scène par Hésiode en un temps où le théâtre était un lieu d'échanges sacrés en même temps quepédagogiques, Prométhée devient la figure de celui qui possède un savoir alors que Zeus doit légitimer l'exercice deson pouvoir.Très présent chez Balzac, romancier de l'énergie active, Prométhée incarne, en lui-même, la force créatrice, le feudu génie — qui fait penser à la formule de Hegel, un peu galvaudée aujourd'hui mais intéressante : rien de grandsans passion.

Cette figure internationale est, entre autres, exploitée par l'Allemand Goethe, Prométhée, l'AnglaisShelley, Prométhée délivré, le Français Gide, Prométhée mal enchaîné, etc.

Il symbolise l'idée que la création est liéeà un potentiel énergétique mais aussi à la volonté d'aller au-delà de ses limites. Transition Le mythe de Prométhée semble suggérer à l'homme qu'il doit domestiquer ses instincts pour en exploiter la forcedans un sens positif...

Voleur de feu, incarnation de l'énergie vitale, il serait le père de la sublimation des pulsionscréatrices. III.

La valeur idéologique du mythe de Prométhée 1.

La portée philosophique du mythe : le concept de perfectibilité Dans le livre II de la République, Platon distingue le logos — verbe philosophique — du muthos — discours indirect,allégorie trahissant l'incapacité à rationaliser l'explication des causes premières.

Dans le Protagoras (320c - 322a), ilreprend le mythe de Prométhée et critique la parole mythique, qui lui semble insuffisante pour fonder le discours envérité.

Cependant, il se réfère à la légende ancienne qui fait de Prométhée un voleur de feu : le philosophe évoque,en effet, le caractère inachevé, incomplet, de la nature humaine ; le frère de Prométhée, Epiméthée, n'a pas pourvul'homme des mêmes moyens de survie que les animaux.

Par mesure de compensation, Prométhée rend l'être humainperfectible en dérobant l'habileté et le feu.

« C'est ainsi que l'homme fut mis en possession des arts utiles à la viemais la politique lui échappa : celle-ci était en effet auprès de Zeus : or Prométhée n 'avait plus le temps depénétrer dans l'Acropole [...].» Dans Le Gai savoir, Nietzsche, lui aussi, procède à peu près de la même manière.Donc, les philosophes tendent à interpréter le mythe de Prométhée en référence à la perfectibilité, qui définirait laspécificité de l'homme par rapport aux animaux — cf.

tous les philosophes des Lumières et, bien évidemment,Rousseau, qui, dans ses Discours, montre bien le caractère très ambigu de la perfectibilité si elle n'est pas guidéepar la morale.

Alors que, mus par leur instinct, les animaux se bornent à reproduire des schémas, l'homme transformele réel ; il développe son habileté par nécessité, pour assurer sa survie.

Mais ces progrès le transforment eux aussi.Ainsi, l'homme doit, au cours du temps, réaliser sa nature en se « fabriquant » lui-même grâce au développement deses progrès techniques : il se crée en travaillant, à condition qu'il accomplisse une œuvre et ne se borne pas às'aliéner à une tâche répétitive (cf.

notre chapitre sur le progrès et la technique).. »

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