Devoir de Philosophie

LA NAUSÉE DE J.-P. SARTRE

Publié le 05/06/2011

Extrait du document

sartre

Antoine Roquantin, professeur et grand voyageur, semble s'être arrêté dans cette ville, au bord de la mer, pour se regarder « exister «. Au fond d'une solitude désespérée,. environnée de bourgeois conformistes ou d'êtres anonymes, confondus pour lui dans la cohorte immense des salauds «, il éprouve au contact des choses (un galet, un bouton de porte, une racine d'arbre), cette « espèce d'écoeurement douçâtre cette nausée, qui le révèle en quelque sorte à lui-même. D'expérience en expérience, souvent retracées avec un réalisme brutal, incisif et mordant, il est guetté par la certitude que dans ce monde, pour le temps et pour l'éternité, il est « de trop «. Parut en 1938, et curieusement obtint le Prix Populiste. Le mouvement du récit, l'originalité de sa démonstration, et l'intelligence aiguë dont il témoignait, devaient lui assurer un succès retentissant qui ne s'est jamais démenti : pour son plus grand public, Sartre demeure l'auteur de « La Nausée «.

sartre

« historique, l'histoire ne parlant que de ce qui a existé et jamais un existant ne peut justifier l'existence d'un autreexistant.

Mais une fiction... Pistes de lecture Une oeuvre accomplieJean-Paul Sartre est né à Paris en 1905.

La Nausée est sa première oeuvre littéraire publiée.

Proposé sous le titreMelancholia aux éditions Gallimard et rebaptisé La Nausée lors de sa publication, ce livre fut considéré par la critiquecomme une réussite si accomplie que beaucoup doutèrent de la faculté, pour l'auteur, de progresser dans le genre.Ce que la critique ignorait alors, c'est que, depuis des.

années, Sartre écrivait pour lui-même (presque aucune desoeuvres antérieures à La Nausée n'a été publiée à ce jour).En 1916, Sartre entre au lycée de La Rochelle et rencontre Paul Nizan avec qui il suivra les cours de l'Ecole Normaleen 1926.

Cette même année, il fait la connaissance de Simone de Beauvoir et termine son agrégation en 1929.

Ilmènera ensuite de front une carrière de professeur de philosophie et d'écrivain et ne quittera l'enseignement qu'en1945, année de la fondation de la revue Les Temps modernes.Dès cette époque, l'oeuvre d'art envisagée comme seule forme de salut — le même sentiment anime Roquentin dansLa Nausée — laisse peu à peu la place à un engagement politique qui se traduit tantôt par des actions ponctuelles(mai 68), tantôt par une littérature militante (l'affaire Henri Martin, 1953).

Lors de la rédaction de La Nausée, Sartrene se soucie pas encore de l'engagement historique ; ce qui est essentiel, c'est l'oeuvre d'art.

Ce journal d'unhomme qui se sent peu à peu happé par les désillusions évolue suivant un double principe; d'une part, la découvertemétaphysique de l'absurde de l'existence, c'est-à-dire que l'existence est un défaut de l'être, et, d'autre part, lamise en question et la démythification de principes tels que l'aventure, l'humanisme, les instants parfaits (lamadeleine de Proust), les gens bien pensants, etc. L'oeuvre d'art comme seul salutLa découverte de l'existence que fait Roquentin, bien que d'ordre philosophique, se place sur le plan de la sensation.Ce qui a changé, ce n'est pas le monde mais la manière dont le héros le perçoit.

D'abord effrayé par ce qu'il croitêtre la manifestation d'une maladie mentale qu'il va chercher à analyser (c'est le but de son journal), il va peu à peuconsidérer la nausée comme partie de lui-même.

Ce dégoût résulte de sa perception des objets comme existants,c'est-à-dire doués de qualités.

Les objets touchent, bougent, refusent de se laisser nommer (à force d'observer uneracine, Roquentin ne saura plus la nommer), les choses ne se laissent plus fixer.

La nausée vient de ce sentiment deflou, de flasque, de flottement des objets qui, peu à peu, s'animent jusqu'à en devenir agressifs (les bretelles duserveur, le galet).

Roquentin découvre la résistance passive des choses qui, dès qu'il les observe de près, ne sontjamais totalement elles-mêmes.

L'essentiel, c'est la contingence.

Exister, c'est être là simplement, mais cela nesignifie pas que l'on puisse déduire les choses.

Elles sont, gratuitement.

L'existence ne se laisse pas penser de loin.Et l'homme, tout comme le monde, est là, sans plus.

La seule justification de l'homme, le seul acte qui puisse luiaccorder l'opacité et le poids des choses, est sans doute l'oeuvre d'art que Roquentin se proposera d'écrire. L'homme face à la nauséeFace à cette découverte, toutes les illusions que l'homme s'invente s'effondrent.

Les rêves d'Anny n'existaient pas,elle voulait agir, profiter de situations privilégiées afin de créer des moments parfaits et lorsqu'elle retrouveRoquentin, c'est pour lui avouer l'échec de son entreprise.

Mêmes espoirs, mêmes illusions en ce qui concernel'Autodidacte, amoureux éperdu du genre humain et de la culture qu'il emmagasine par ordre alphabétique et quifinira par être chassé de la bibliothèque pour pédérastie.

Ne parlons pas de l'esprit d'aventure et des voyages dontRoquentin est revenu.

L'aventure n'est même pas au coin de la rue un dimanche après-midi, ce n'était qu'uneillusion.

Quant aux gens de bien, ceux-là mêmes qui s'exhibent à la sortie de la messe, tellement sûrs d'eux-mêmeset de leur respectabilité, Roquentin ne voit en eux que des salauds.

Si l'histoire est un leurre, les mythes unedérision, l'aventure une dangereuse illusion, les instants privilégiés une fausse route, que reste-t-il à l'homme quipuisse justifier son existence ?C'est par le biais de la musique qui dissipe la nausée de Roquentin que celui-ci découvre une porte de salut.

Si l'existence est gratuite, est « un plein que l'homme ne peutquitter », il peut au moins la justifier par la création.

Roquentin écrira une histoire qui raconte une aventure comme ilne peut en exister.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles