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... il est de nécessité que tout homme apprenne à lire et à écrire avant d'apprendre à penser. Tout langage est d'abord ramage et gazouillement, comme des oiseaux. Propos de littérature Alain, Emile-Auguste Chartier, dit. Commentez cette citation.

Publié le 22/02/2012

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langage
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langage

« nécessairement le bon penseur.

Dire d'une personne qu'elle parle bien consiste avant tout à souligner ses capacitésà bien persuader, à bien enjôler des propos.

Or, cela est rarement le garant d'une bonne pensée.

Bien au contrairesouvent.

Une telle approche tendrait ainsi à nous faire constater qu'il ne suffit pas de bien parler pour bien penser.Cependant, peut-on inversement bien penser sans bien parler ? Le langage n'est-il qu'un moyen de communicationde la pensée ou en est-il la condition ? Et s'il en est la condition, est-il une condition nécessaire et suffisante ?Saussure définit le langage comme n'étant que la faculté propre à tout homme en tant qu'homme, de pouvoir parler,et de faire usage de la langue.

Selon Saussure, le langage, à proprement dit, serait uniquement humain et doncarticulé.

De plus, cette définition sous-entend que l'homme serait amené à l'utiliser comme un instrument puisqu'il enferait « usage ».

Par conséquent, la seule vocation du langage serait de servir l'individu et, à une échelle supérieure; l'ensemble de la société humaine.

Le langage serait donc considéré que par l'usage que l'on en fait, c'est-à-direseulement comme un moyen.L'idée que le langage est un instrument en appelle une autre, qu'il sert à manipuler son objet en vue d'une finquelconque.

Effectivement, le langage peut-être utilisé comme moyen de pression, de domination et même demanipulation.

Dès que nous posons une fin à réaliser par le langage, nous admettons que celui-ci doit être un moyenefficace de persuasion.On appelle rhétorique l'art de bien parler en vue d'obtenir par la parole les fins que l'on poursuit.

Le rhéteur est celuiqui sait déployer toutes les ressources du langage pour tenter de plier la volonté de celui à qui il s'adresse, pourobtenir ce que l'on désire.

Ce qui résulte de la seule magie du discours ne crée qu'une persuasion et pas de vraiesconvictions.

On en retient rien de précis d'un discours très rhétorique, on n'y rencontre pas vraiment la convictionde raisons solidement enchaînées, mais seulement des opinions.

Inversement, pour être convaincu de la justessed'un point de vue, nous n'avons pas besoin de beaucoup de mots, mais d'une parole claire, véridique, munie deraisons.

Dans Gorgias : Gorgias, face à Socrate ; est intarissable, il est l'homme de l'éloquence, l'homme d'esprit quibrille en société.

Il est brillant et il sait de quel pouvoir il dispose à travers la rhétorique.

Platon nous présente aucontraire un Socrate volontairement maladroit, mais incisif dans son questionnement.

Socrate ne fait pas beaucoupde longs discours mais rétorque question après question.

Il y a là deux manières de se rapporter au langage, celle du« beau parleur », du sophiste, qui cultive l'art de parler, et celle du philosophe qui cultive l'art de penser.

L'enjeuentre l'une et l'autre consiste essentiellement dans l'alternative entre se servir de la parole comme d'un outil demanipulation d'autrui ou bien laisser la parole à elle-même comme d'une voie d'accès à la vérité.

Comprendre laparole comme voie d'accès à la vérité rend nécessairement économe de ses mots.

La prudence devant le langagerend la pensée plus économe pour éviter l'erreur.

User de la parole pour séduire ; persuader ou se faire obéir, c'esten négliger l'humilité devant la vérité et préférer l'arrogance du pouvoir sur autrui que le langage rend possible.

Lebien parler est donc non seulement ambigu, mais aussi parfois trompeur.

Les tournures savantes, les figures destyle, jeux de mots, tout cela fait son effet, mais l'effet est faux-semblant, il permet aussi de malmener la languepour lui faire dire ce que l'on veut bien lui faire dire.

L'effet permet de séduire, tout en sauvegardant l'apparence, ycompris l'apparence d'une pensée rigoureuse.

Il est donc possible que des discours brillants, ponctuésgénéreusement de « donc » et de « par conséquent » contiennent bien des sophismes que nous ne pouvons pasbien déceler, perdus dans ce ‘‘torrents'’ des mots.Persuader n'est donc pas convaincre.La rhétorique est un art de la persuasion qui ne se soucie pas de la vérité mais plutôt de l'effet qu'elle doitprovoquer chez le destinataire.

Ainsi, la rhétorique et surtout la rhétorique démagogique et politicienne va souventdans le sens de « la grosse bête » qu'est le peuple pour reprendre l'expression de Platon dans La République Larhétorique ainsi a pour conséquence moins le « bien penser » que le « bien pensant », le politiquement correct. Mais dans quelle mesure bien penser implique le bien parler, au sens de « parler vrai » ?Platon, dans Gorgias fait une critique de la rhétorique du bien parler en vue du bien pensant.

En effet, sa critiqueproférée est que les rhéteurs ne définissent pas leur concept afin d'avoir le dernier mot.

La rhétorique apparaîtcomme une lutte à mort où peu importent les armes utilisées, autorisées ou non.

La fin prime sur les moyens, lavictoire prime sur le fond du débat : la vérité est secondaire aux yeux de la rhétorique.

Bien parler pour la rhétoriqueest une fin en soi.

Le « bien penser » n'en est pas l'immédiate conséquence.

Si cela arrive, c'est le fruit du hasard.Platon, néanmoins ne s'oppose pas à l'idée que bien parler est une condition du bien penser dès lors qu'il définit lapensée comme « le dialogue de l'âme avec elle-même ». Dans quelle mesure la pensée ne peut-elle faire l'économie de langage ? En effet, quand il s'agit d'exprimer certainesnuances, le langage semble pris au dépourvus.

Y aurait-il de l'ineffable ?Pour Bergson, le langage est lui aussi un instrument d'adaptation, il est infidèle par rapport aux objets.

Les mots quenous utilisons ne correspondent jamais aux choses auxquels ils renvoient.

Exemple, la table ou l'arbre ça renvoie àun objet qui n'existe pas, ce qui existe c'est « cette » table ou « cet » arbre.La thèse de Bergson est le Nominalisme, c'est l'idée que ce qui est réel existe, ce sont toujours des êtres singulierset les noms sont toujours des noms communs et que par conséquent ne sont jamais conforme à ce qu'ils désignent,d'où l'idée que les mots sont des étiquettes, des tiroirs dans lesquels on range les objets.Chez Bergson, le langage vise à décrire le réel mais n'y parvient jamais.

La généralité du langage est la condition decommunication entre les hommes mais également la cause de son inadéquation au réel.

Ainsi, les impressionsfugitives semblent irréductibles à notre langage.Cependant il semble difficile de penser sans l'art de la parole.

Il nous apparaît nécessaire de formuler notre pensée.L'idée d'une pensée abstraite de toute formulation est ce que Hegel appelle l'Intellectualisme ‘tant que le sujet neformule pas ses pensées, il reste dans sa sphère propre qui par définition est non réfléchie – non pas réellement unepensée donc mais un sentiment, un « éprouvé » par moi'.

Penser c'est se démarquer de cette intériorité première etprimitive.

Le concept ne peut faire l'économie du mot.

Le mot est constitutif de notre pensée.

« C'est le sonarticulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimement unis »(Hegel).. »

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