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New Deal

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION New Deal (ou « nouvelle donne «), nom donné au programme mis en œuvre par le président des États-Unis Franklin D. Roosevelt entre 1933 et 1938 pour contrecarrer les effets de la grande dépression due à la crise économique de 1929.
2   NEW DEAL ET INTERVENTIONNISME ÉTATIQUE La production industrielle américaine a chuté de moitié entre 1930 et 1933, voire des deux tiers dans certains secteurs, les prix agricoles ont baissé dans des proportions variant de 25 p. 100 à 50 p. 100 selon les produits, 14 millions d’Américains sont au chômage en 1933, soit un quart de la population active qui ne subsiste que grâce aux soupes populaires, autant d’indicateurs révélateurs d’une crise économique sans précédent qui a notamment vu resurgir des manifestations de révolte que l’on croyait d’un autre temps et d’un autre monde : les émeutes de la faim. Par sa durée, par son ampleur — au-delà des États-Unis, la crise est devenue mondiale — et la détresse sociale qu’elle a engendrée, la récession des années trente marque une étape importante dans l’évolution des politiques économiques occidentales et inaugure l’ère de l’intervention de l’État (théorisée par John Maynard Keynes) dans une économie de marché devenue défaillante.
Pour tenter de réduire le chômage et de rétablir la prospérité, Roosevelt impose une intrusion très forte de l'État fédéral dans l'activité économique, instaurant un ensemble d'agences fédérales, de programmes subventionnés et de nouveaux services publics. Ces mesures ne sont alors motivées par aucune théorie économique, toutefois le président s'appuie sur un groupe de conseillers, le brain trust, composé essentiellement de professeurs issus des universités de Harvard (Boston) et Columbia (New York) et représentant différents courants de pensée : d’une part, des « planificateurs « prônant des réformes structurelles ; d’autre part, des « conjoncturistes «, ou spenders (littéralement « ceux qui dépensent «), pour lesquels il suffit de réinjecter des liquidités dans l'économie pour permettre l'écoulement de la production.
3   LE PREMIER NEW DEAL Les mesures du premier New Deal sont préparées dès l'hiver 1932-1933, autrement dit avant la prise de fonctions effective de la nouvelle équipe démocrate, le candidat Roosevelt ayant lancé son idée lors de la campagne présidentielle comme une force mobilisatrice : « Je vous engage, je m'engage moi-même à réaliser une nouvelle donne pour le peuple américain. Que tous ici assemblés, nous soyons les prophètes d'un ordre nouveau de compétence et de courage. C'est plus qu'une campagne politique, c'est un appel aux armes. «
3.1   Actions conjoncturelles et réformes structurelles Les premières mesures s'articulent autour de deux axes principaux, reflétant la diversité idéologique du brain trust : sortir dans un premier temps au plus vite le pays de la crise par une injection de crédits publics pour réamorcer la pompe (pump priming), au prix d'un déficit budgétaire provisoire (voir budget) ; puis associer à cette action conjoncturelle une réforme structurelle du capitalisme américain visant à réorganiser le tissu industriel de façon à répartir plus équitablement les richesses produites entre les différents acteurs économiques.
Dès les premiers « cent jours « (période symbolique couramment définie afin de « tester « l’efficacité de l’action d’un gouvernement) de la présidence, seize lois réorganisent la vie économique et sociale du pays.
3.2   Mesures financières et monétaires La dévaluation du dollar est officialisée le 30 janvier 1934 par le Gold Reserve Act, le nouveau cours officiel de l'or (35 dollars pour une once de 31,1 g) subit une réduction de 41 p. 100 de sa valeur et la circulation fiduciaire (voir monnaie) est accrue d'un cinquième, mesure visant à créer une légère inflation de reprise en allégeant le poids de l'endettement et en favorisant les exportations américaines.
L'Emergency Banking Act (juin 1933) instaure l'inspection des organismes financiers par les banques fédérales afin de rétablir une confiance populaire ébranlée par de nombreuses faillites bancaires. La loi réglemente ainsi les banques, établissant une distinction claire entre banques de dépôt pour le crédit à court terme et banques d'affaires pour les prêts à long terme. Les déposants sont en outre assurés par l'intermédiaire de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC). Deux lois de 1933 et 1934 rendent obligatoire le contrôle du marché des valeurs mobilières, effectué par une nouvelle commission, la Securities and Exchange Commission (SEC).
3.3   La politique agricole Conçue par Henry Wallace, l'Agricultural Adjustment Act (AAA) vise essentiellement à faire remonter les prix agricoles — ajustement nécessaire en vue de rendre aux fermiers, principales victimes de la crise, un niveau de vie décent — et prévoit plusieurs mécanismes pour y parvenir : allègement dans un premier temps d’une dette devenue très importante par la mise en place d'un système de rééchelonnement en fonction de leurs possibilités de remboursement et d'un crédit à taux minoré ; puis, pour remonter les cours, versement aux agriculteurs d’une indemnité gouvernementale en échange de la destruction de stocks existants et d'une réduction de leur production.
3.4   La politique industrielle Le National Industrial Recovery Act (NIRA, 16 juin 1933) constitue la mesure la plus novatrice du premier New Deal : elle réglemente la collaboration entre l'État et les entreprises dans un but concerté de lutte contre la crise. Un important programme de reconstruction et par conséquent de relance des activités de travaux publics débute sous le contrôle de la Public Works Administration (PWA). Pour enrayer la baisse des prix et des profits, les entreprises d'une même branche peuvent adhérer à des codes de concurrence loyale et ainsi bénéficier d'aides de l'État et du label we do our part (littéralement « nous faisons notre devoir «, autrement dit, « nous respectons à la lettre les règles édictées par l’État «) sur leurs produits. Même si cet apaisement concerté de la concurrence représente une infraction pratique à l'esprit des lois antitrust (voir trust), puisque les entreprises d'une même branche se constituent en sortes de cartels, ces codes de concurrence loyale pour chaque secteur d'activité sont approuvés et appliqués par une nouvelle agence, la National Recovery Administration (NRA).
3.5   La politique sociale La NIRA comporte également un versant social : la durée de la semaine de travail est fixée entre trente-cinq et quarante heures selon les secteurs d'activité et un salaire horaire minimal est arrêté. Plusieurs projets de loi tentent de résoudre la question du logement en prévoyant la levée des hypothèques pour les fermiers et les propriétaires de logements et en offrant des garanties d'emprunt aux acheteurs par le biais de la Federal Housing Administration (FHA).
3.6   La lutte contre le chômage Le Civilian Conservation Corps (CCC) permet quant à lui d'embaucher de jeunes hommes et de leur confier des travaux d'utilité publique ; l'aménagement de la vallée du Tennessee par la Tennessee Valley Authority (TVA) reste à ce titre le programme de reconstruction le plus célèbre du New Deal. La TVA est une haute autorité chargée du développement de cette vallée dans les domaines de la navigation, de la régulation des crues et de la construction d'usines hydroélectriques censées fournir de l'électricité à une grande partie du sud-est des États-Unis.
4   LE DEUXIÈME NEW DEAL 4.1   Les premières désillusions Les espoirs d'un redressement rapide de l'économie se révèlent illusoires, puisqu’une certaine incohérence préside aux différentes mesures prises, inflationnistes pour certaines, tandis que d'autres visent à réduire la production industrielle et agricole. En outre, la Cour suprême, dont les juges ont été nommés par la précédente administration — la présidence Hoover —, déclarent anticonstitutionnelles plusieurs lois clés du New Deal, jugeant que le pouvoir fédéral a outrepassé ses droits en matière de réglementation ; les dispositions du NIRA sont annulées en mai 1935, celles de l'AAA en janvier 1936. Pour sa part, le monde des affaires n'adhère pas non plus au New Deal ; un grand trust comme Ford, par exemple, ne signe pas le code d'adhésion au NIRA pour l'automobile. Enfin, l'opposition politique (les républicains) accuse Roosevelt de développer dans le pays un dirigisme d'essence socialiste.
4.2   L’avènement de l’État-providence Ces différents revers incitent Roosevelt à mettre en œuvre, à partir de 1935, une deuxième série de mesures qui traduisent une nouvelle orientation sociale et annoncent l’avènement de l'État-providence. Obtenant l’appui des syndicats par le Wagner Act, qui reprend et précise les clauses syndicales du NIRA, le National Labour Relation Act donne à l'État un pouvoir d'arbitrage et de contrôle en matière de liberté syndicale et de conventions collectives. Le taux d'imposition des plus riches est par ailleurs augmenté et des subventions sont émises pour financer la Rural Electrification Administration, tandis que le Federal Fair Labor Standards Act de 1938 fixe le temps de travail maximal et le salaire minimal pour la plupart des catégories de travailleurs.
En août 1935 est votée une loi instituant pour la première fois aux États-Unis une sécurité sociale, le Social Security Act, qui comprend trois programmes principaux : une assurance vieillesse, une assurance chômage ainsi que le remboursement des frais médicaux et chirurgicaux.
Ce train de nouvelles mesures entraîne un lourd déficit du budget : 3,5 milliards de dollars environ en 1936.
5   LE TROISIÈME NEW DEAL Après une récession fin 1937 due à un amoindrissement du soutien du gouvernement à l'économie, notamment au processus productif, de nouvelles mesures sont prises en 1938 : de larges dépenses budgétaires financent la construction de logements, des législations favorables au soutien des salaires contribuent à l'amélioration du pouvoir d'achat des américains et, en 1939, le réarmement se révèle une occasion nouvelle d'augmenter la production.
Même si le bilan strictement économique du New Deal est mitigé (en 1939, le revenu national n'avait pas encore retrouvé son niveau de 1929), il a permis d'améliorer à long terme l'infrastructure du pays. Le New Deal a accru, de façon définitive, le pouvoir économique du gouvernement fédéral, en développant ses instruments de politique monétaire (action sur la masse monétaire) et budgétaire (nouveaux impôts, pratique du déficit budgétaire) ; ces instruments ont été de nouveau utilisés par la suite afin de limiter les effets des récessions. Sur le plan social en revanche, la crise, conjuguée aux droits nouveaux des syndicats, a contribué à exacerber les tensions manifestées lors des grandes grèves de 1937. Le New Deal est toutefois globalement parvenu à ressouder la société américaine, les exclus des années vingt (chômeurs, femmes seules, invalides) pouvant dorénavant bénéficier d'une sécurité sociale.
6   NEW DEAL ET LIBÉRALISME Le New Deal a ainsi marqué la naissance d’un interventionnisme « expérimental «, conduit dans un contexte d’urgence, avec pour finalité une tentative de gestion de la pénurie. Après la Seconde Guerre mondiale, ces politiques économiques d’intervention se sont généralisées à l’ensemble des pays industrialisés, le keynésianisme étant le plus souvent interprété comme un processus associant exclusivement dépense sociale et relance de l’économie. Toutefois, loin de consacrer un « dirigisme « étatique, l’interventionnisme de la puissance publique a d’abord été conçu comme un mécanisme mis au service d’une finalité identique à celle que se donne une économie libérale (voir libéralisme) : assurer, autant que faire se peut, un équilibre optimal sur l’ensemble des marchés — tant celui des biens et services que le marché du travail ou le marché monétaire. Il y a donc multiplication des interventions sectorielles dans l’économie : l’État, devenu entrepreneur agissant directement sur les structures de l’économie par l’intermédiaire de différentes mesures (nationalisations, encadrement des prix, dirigisme bancaire), ne se contente plus d’assurer une correction globale sur les déséquilibres. L’État se situe au centre du débat, puisque cet interventionnisme est considéré comme la principale cause du retour à un libéralisme « pur « qui caractérise les économies des pays industrialisés depuis le milieu des années quatre-vingt (voir États-Unis ; Royaume-Uni).
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