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Nicaragua

Publié le 11/04/2013

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nicaragua
1 PRÉSENTATION

Nicaragua, en espagnol Nicaragua, pays d’Amérique centrale. Sa capitale est Managua.

Le Nicaragua est bordé au nord par le Honduras, à l’est par la mer des Caraïbes, au sud par le Costa Rica et à l’ouest par l’océan Pacifique.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La superficie du Nicaragua est de 129 494 km². C’est le plus étendu des pays d’Amérique centrale. Il est divisé en trois grandes zones géographiques.

Au centre se trouvent les hautes terres nicaraguayennes, d’une altitude moyenne de 600 m et découpées d’est en ouest par plusieurs dorsales montagneuses, dont la plus élevée, la Cordillère Isabelia, dépasse 2 000 m ; à l’ouest se trouve le fossé tectonique, qui abrite le lac Nicaragua situé à 31 m d’altitude, le plus grand d’Amérique centrale, et le lac de Managua (39 m d'altitude), tous deux reliés par la rivière Tipitapa.

Le versant pacifique est la seconde région naturelle du Nicaragua, constituée d’une cordillère volcanique qui fait de cette région une zone à risques ; plusieurs volcans — le Chonco, le San cristobal (Chinandega), qui culmine à 1 745 m, et le Cosiguïna situé sur le golfe de Fonseca au nord du pays — y sont en effet toujours en activité. Ce volcanisme intense et la séismicité ont entraîné de fréquentes catastrophes ; en 1972, la capitale Managua a ainsi été détruite à 70 p. 100 par un tremblement de terre.

À l’est enfin, s’étend la Moskitia, grande plaine côtière qui donne sur la mer des Caraïbes. Connue sous le nom de côte des Mosquitos et partiellement couverte par la forêt tropicale, elle s’étend à l’intérieur des terres sur 72 km. Les quatre principaux fleuves du pays — le río San Juan, le río Coco, le río Grande et le río Escondido — se jettent dans la mer des Caraïbes.

2.2 Climat

Les régions côtières du Nicaragua jouissent d’un climat tropical avec une température moyenne de 25,5 °C. La côte du Pacifique est une région tropicale sèche dont l’alizé du nord-est est le vent dominant. La zone de l’Atlantique connaît en revanche un climat tropical humide. À des altitudes plus élevées, dans l’intérieur des terres, le climat est subtropical et la température varie entre 15,5 °C et 26,5 °C. La saison des pluies dure de mai à octobre, la saison sèche de décembre à mai, tandis que le long de la côte des Caraïbes, la moyenne des précipitations atteint 3 810 mm.

2.3 Flore et faune

La végétation du Nicaragua est de type tropical et subtropical. La côte des Caraïbes et les versants est des montagnes abritent des forêts tropicales denses, dont les principales espèces sont le cèdre, le sapin baumier, l’acajou et l’arbre à gomme sauvage, ainsi que de nombreux arbres fruitiers.

Les pumas, les cerfs, plusieurs espèces de singes, des alligators et de nombreux reptiles constituent l’essentiel de la faune sauvage du Nicaragua. On trouve également des perroquets, des colibris et des dindes sauvages en abondance. Le lac Nicaragua, autrefois relié à la mer, a développé une faune marine adaptée aux eaux douces des milieux lacustres, notamment une espèce de requin d’eau douce (carcharhinus nicaraguensis) unique au monde.

2.4 Ressources naturelles

Les ressources naturelles du Nicaragua sont essentiellement agricoles. Le sol, de nature volcanique, est extrêmement fertile. L’agriculture y a été dominée pendant des décennies par les cultures d’exportation. Un peu plus du quart du territoire nicaraguayen est couvert de forêts. Le pays possède quelques gisements d’or, d’argent et de cuivre.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population du Nicaragua est estimée à 5,78 millions d'habitants, pour une densité de population de 48 habitants au km2 et un taux d'urbanisation de 58 p. 100. En 2008, le taux de fécondité est de 2,63enfants par femme et l’espérance de vie de 71,2 ans. La population est jeune, 34,6 p. 100des Nicaraguayens ayant moins de 14 ans en 2008.

Environ 69 p. 100 des Nicaraguayens sont des métis (mestizos, ou population d’ascendance blanche et amérindienne), environ 17 p. 100 sont des Blancs créoles tandis que les Amérindiens d’origine caraïbe, les Miskito, les Sumu, les Rama, les Mayangnas et les Garifunas représentent 5 p. 100 de la population et les Noirs 9 p. 100. Il existe une opposition entre la côte atlantique, principalement morave, ayant connu la colonisation anglaise et le reste du pays, qui a connu la colonisation espagnole.

3.2 Découpage administratif et villes principales

Le Nicaragua est divisé en 15 départements et deux régions autonomes. Selon des estimations de 2003, Managua, la capitale et le premier centre commercial du pays, compte 959 000 habitants, León, important centre religieux et culturel, 174 051 habitants, et Granada 105 171 habitants.

3.3 Langue et religion

L’espagnol est la langue officielle du Nicaragua. Près de 73 p. 100 de la population nicaraguayenne est de confession catholique. L’Église évangélique rassemble 15 p. 100 de la population. L’ethnie dominante sur la côte Atlantique, les Miskito, a été évangélisée par les Moraves au xixe siècle et s’est organisée en une église éponyme, qui représente 1,5 p. 100 de la population.

3.4 Éducation

Les enseignements primaire et secondaire sont gratuits et obligatoires mais de nombreux enfants ne poursuivent pas d’études secondaires en raison du manque d’établissements. La scolarité ne dure en moyenne que onze années. En 2005, le taux d’alphabétisation était de 68,2 p. 100. Les principaux établissements d’enseignement supérieur du Nicaragua sont l’université autonome nationale du Nicaragua (1812), située à León, l’université d’Amérique centrale (1961) et l’université technique du Nicaragua (1967), toutes deux situées à Managua.

3.5 Culture

À l’instar des autres pays d’Amérique latine, le Nicaragua est fortement marqué par la culture espagnole mais a conservé certaines traditions propres aux Amérindiens. Les Nicaraguayens organisent de nombreuses célébrations pour commémorer les fêtes des saints locaux et les événements religieux. Le marimba est extrêmement populaire et d’anciens instruments comme le chirimía (clarinette), le maraca (crécelle) et le zul (flûte) sont très utilisés dans les régions rurales. Certaines danses remontent à la période coloniale.

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE
4.1 Organisation des pouvoirs

La Constitution adoptée en 1987 a été amendée en 1995 et 2000.

Le pouvoir exécutif est assuré par le président de la République qui assume en outre les fonctions de chef du gouvernement. Il est assisté par un vice-président. Tous deux sont élus en même temps au suffrage universel pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. La loi électorale stipule que pour être élu au premier tour de scrutin, le candidat doit avoir obtenu au moins 35 p. 100 des suffrages et bénéficier de cinq points d’avance sur le deuxième.

Le pouvoir législatif est détenu par l’Assemblée nationale, composée de 92 membres élus à la proportionnelle pour un mandat de cinq ans. Un siège est réservé pour le président sortant et un siège pour le candidat arrivé en second à la dernière élection présidentielle.

Le tribunal le plus élevé du Nicaragua est la Cour suprême, qui siège à Managua.

4.2 Partis politiques

Les principaux partis politiques du Nicaragua sont le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) du président Daniel Ortega, le Parti libéral constitutionnaliste (PLC, conservateur), l’Alliance libérale nicaraguayenne (droite) et le Mouvement de rénovation sandiniste (MRS).

4.3 Défense nationale

Au cours des années 1980, pendant la guerre civile, le Nicaragua comptait 80 000 hommes sous les drapeaux. Après le retour de la paix, le gouvernement élu en 1990 a considérablement réduit les effectifs de l’armée. Elle ne comptait plus que de 14 000 hommes en 2004 et le budget de la défense constituait 1,2 p. 100 du PIB en 2003.

5 ÉCONOMIE
5.1 Généralités

Le Nicaragua est dans les années 2000 le pays le plus pauvre de l’hémisphère Nord après Haïti. Son économie repose sur l’agriculture, qui emploie près de la moitié de la population active. En 2006, le produit intérieur brut (PIB) du Nicaragua était estimé à 5,3 milliards de dollars, soit un PIB par habitant de 958,10 dollars.

L’économie nationale, en pleine expansion jusqu’à la fin des années 1970, a été durement affectée par la dictature somoziste et les inégalités sociales, puis par la guerre civile — il lui a fallu vingt ans pour retrouver en 2002 les niveaux de production atteints en 1982. Le gouvernement jouait un rôle majeur dans l’économie nicaraguayenne sous le régime sandiniste, mais le pays a vécu dans le cadre d’une économie de guerre dans les années 1980 et connu une hausse vertigineuse de son endettement (6,7 milliards de dollars à la fin des années 1980). À partir des années 1990, le développement économique s’est fondé sur les principes du néolibéralisme et des secteurs entiers de l’économie ont été privatisés.

L’économie a reposé jusque dans les années 1950 sur la culture du café, affectée dans les années 2000 par la chute des cours, avant que ne soient favorisées les cultures de canne à sucre et de coton ainsi que l’élevage. Le Nicaragua a bénéficié en 2002 d’un allègement de sa dette équivalent à 80 p. 100 de sa dette extérieure totale dans le cadre de l’initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE). Pour la période 1990-2003, le taux de croissance du PIB s’élève à 3,73 p. 100. Alors que près du quart de la population vit sous le seuil de pauvreté au milieu des années 2000, le pays espère bénéficier d’une augmentation de ses exportations et des investissements étrangers grâce à l’Accord de libre-échange entre l’Amérique centrale, la République dominicaine et les États-Unis (CAFTA-DR), entré en vigueur en 2006.

5.2 Agriculture

En 2001, le secteur agricole du Nicaragua, fondement de l’économie nationale, employait 43 p. 100 de la population active et représentait 19,7 p. 100 du PIB en 2006, mais les terres cultivables n’atteignent que 15,9 p. 100 de la superficie totale. Les principales cultures d’exportation sont le café, le coton et les bananes. Parmi les autres cultures figurent la canne à sucre, le maïs, le sorgho, le riz, les haricots et les oranges. Le Nicaragua est l’un des principaux pays éleveurs de bovins d’Amérique centrale ; il en comptait 3,5 millions en 2006.

La production de bois atteignait 6,07 millions de m³ en 2006 ; celui-ci est débité puis acheminé par les principaux fleuves qui se jettent dans la mer des Caraïbes. Les principales pêches commerciales sont la crevette et l’écrevisse.

5.3 Mines et industries

En 2003, le secteur industriel employait 18 p. 100 de la population et 29,5 p. 100 du PIB provenait du secteur industriel en 2006 dont les principales ressources et activités sont le ciment, les produits chimiques, les produits pétroliers et les biens de consommation. Le pays possède par ailleurs des usines de transformation du café et des raffineries de sucre, ainsi que des fabriques de textile qui traitent le coton produit sur place.

5.4 Échanges

L’unité monétaire du Nicaragua est le córdoba oro, équivalent de 100 centavos. Les principales exportations sont le café, la viande bovine, les crevettes grises et les homards, le tabac, le sucre, l’or et les arachides, et les principales importations sont les biens de consommation, les matières premières et les produits pétroliers. Les principaux partenaires du Nicaragua sont les États-Unis et les pays d’Amérique latine (Venezuela, Salvador, Costa Rica, Honduras, Mexique, Guatemala). En 2006, l’Accord de libre-échange entre l’Amérique centrale, la République dominicaine et les États-Unis (CAFTA-DR), ratifié par le Nicaragua en 2005, est entré en vigueur. À l’initiative des États-Unis, le CAFTA a pour objectif d’éliminer les barrières commerciales entre les États-Unis, le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Costa Rica, le Nicaragua et la République Dominicaine.

Le Nicaragua possède environ 18 669 km de routes, dont 384 km font partie de la grande route panaméricaine. Le pays est desservi par 378 km de voies ferrées, et des bateaux à vapeur sillonnent le lac Nicaragua. Les transports aériens intérieurs et internationaux sont assurés par Aerolíneas Nicaragüenses (AERONICA), la compagnie aérienne nationale.

6 HISTOIRE
6.1 Le peuplement des origines

Avant l’arrivée des Européens, le peuplement du territoire actuel du Nicaragua est composé de deux grands groupes linguistiques, l’un d’origine nahualt, l’autre d’origine macrochibcha, venus du Mexique. Les Miskito, les Sumu et les Rama sont les descendants des anciens groupes macrochibchas.

6.2 De la colonisation à la domination américaine

Les premiers colons espagnols conduits par Gil Gonzáles Dávila pénètrent au Nicaragua vers 1520 et le pays est rattaché à la capitainerie générale du Guatemala en 1523 par le conquistador Francisco Fernández de Córdoba. La domination espagnole reste néanmoins limitée à la côte pacifique. Ils y fondent Granada en 1524 et León en 1525, qui devient la capitale de la colonie espagnole. Les premiers esclaves noirs sont introduits dès 1542 et se mélangent à la population indienne. La côte atlantique est sous le contrôle des Anglais à partir de 1655. Les premières insurrections contre la Couronne espagnole éclatent au début du xixe siècle dans les villes de la côte pacifique. L’indépendance est proclamée en 1821 et, en 1823, le Nicaragua devient membre de la République fédérale de Centre-Amérique. Mais cette fédération centraméricaine se disloque dès 1838 ; le Nicaragua fait alors sécession pour devenir une république indépendante et proclame sa propre Constitution. Idéale pour la construction d’un canal reliant l’océan Pacifique à l’océan Atlantique, la position du Nicaragua attise les ambitions des Britanniques qui établissent un protectorat sur la côte des Mosquitos, entre 1845 et 1894, et des Américains.

Au cours des années qui suivent l’indépendance, les gouvernements libéraux et conservateurs alternent au pouvoir sur fond de guerre civile à partir de 1854. En 1855, William Walker, un aventurier américain à qui les libéraux avaient demandé son soutien, envahit le pays à la tête d’une armée de mercenaires et s’autoproclame président. Il tente de mettre en place un État esclavagiste sur le modèle de la Confédération nord-américaine, mais tous s’unissent contre lui et il est expulsé en 1857. Les présidents conservateurs se succèdent de 1858 à 1893 à la tête du pays. En 1893, les libéraux reprennent le pouvoir grâce au général José Santos Zelaya, sous le mandat duquel une armée nationale est fondée et la monoculture caféière prend son essor.

En 1901, les Américains inaugurent la politique du big stick (« gros bâton «) définie par le président Theodore Roosevelt contre le Nicaragua. Profitant des rivalités entre les factions libérales et conservatrices, les États-Unis interviennent de plus en plus dans la vie du pays et, en 1909, un coup d’État soutenu par Washington redonne le pouvoir aux conservateurs. À partir de 1912, le Nicaragua tombe sous la dépendance des États-Unis qui y stationnent des troupes et imposent par le traité Bryan-Chamorro (1913) de contrôler les douanes et les chemins de fer et obtiennent le droit d’exploiter une base navale dans le golfe de Fonseca. Cette disposition suscite l’indignation des pays riverains qui n’ont pas été consultés. En 1926, la guerre civile reprend au Nicaragua. Les Américains interviennent à nouveau en 1929, soutenant les conservateurs contre la guérilla nationaliste d’Augusto Sandino qui bénéficie alors du soutien du Mexique. Héros national, il fédère tous les opposants à la présence américaine. Le retrait des États-Unis en 1933 laisse le pays à la merci du général Anastasio Somoza appuyé par la garde nationale.

6.3 La dictature des Somoza (1936-1979)

En 1934, Augusto Sandino, chef des guérilleros qui avaient combattu la présence américaine, est assassiné sur ordre du général Anastasio Somoza alors qu’il a déposé les armes et qu’il participe à des négociations de paix. Le général Somoza s’autoproclame président en 1936 et impose au pays sa dictature jusqu’à son assassinat en 1956. Ses fils lui succèdent, Luis Somoza Debayle jusqu’en 1963 et Anastasio Somoza Debayle de 1967 à 1979, année où il est renversé.

Le pouvoir d’Anastasio Somoza s’apparente à celui d’un caudillo (nom donné aux chefs militaires en Espagne, et plus particulièrement à Francisco Franco), fondé sur des liens personnels très forts, une garde nationale étroitement surveillée, un contrôle total des processus électoraux et une forte capacité à coopter de nouveaux-venus dans les réseaux du pouvoir. Parallèlement, Anastasio Somoza apparaît également comme un réformateur : création de l’Institut du développement (1953), de la Compagnie électrique nationale (1956), création d’une sécurité sociale, réforme agraire en 1963. La situation se dégrade pourtant, puisque, d’une part, le népotisme familial et la corruption privent du soutien des classes moyennes le clan Somoza qui gouvernait en alternant les phases de répression et d’ouverture et, d’autre part, de 1960 à 1978, les petits propriétaires fonciers connaissent d’importantes difficultés.

Le détournement des fonds de soutien envoyés à la suite du tremblement de terre qui détruit Managua et provoque la mort de cinq mille personnes environ en 1972 déclenche un fort sentiment d’hostilité à l’égard du clan Somoza et contribue à la montée du Front sandiniste de libération nationale (FSLN), fondé en 1961 et nommé ainsi en hommage à Augusto Sandino. Après l’assassinat en 1978 de Pedro Joaquín Chamorro, le directeur du principal journal d’opposition, La Prensa, des émeutes éclatent. L’opposition se regroupe et l’Église catholique légitime le combat contre le dictateur. Les sandinistes du commandant Edén Pastora prennent d’assaut le palais national à Managua (22 août 1978) et une guerre civile se déclare. L’insurrection générale de septembre 1978 est réprimée par les chars et l’aviation de le Garde nationale, tandis que l’état de siège est instauré. La phase finale de l’insurrection sandiniste commence en avril 1979. Finalement, le 19 juillet 1979, la Garde nationale dépose les armes, et les sandinistes entrent triomphalement dans Managua. Le 25 juillet, un premier contingent de 2 000 coopérants cubains arrivent au Nicaragua. Les combats auraient provoqué la mort de 20 000 personnes. Anastasio Somoza Debayle s’exile au Paraguay où il est assassiné en 1980.

6.4 Le régime sandiniste de Daniel Ortega (1979-1990)

La population soutient largement les sandinistes qui ont mis à bas une dictature ayant fait 50 000 morts. Le FSLN met en place le 20 juillet 1979 un gouvernement de Reconstruction nationale qui comprend cinq membres dont Daniel Ortega et Violeta Chamorro, la veuve du journaliste assassiné en 1978 ; opposée à l’orientation marxiste prise par le nouveau régime, elle démissionne moins d’un an plus tard.

Les sandinistes élaborent un programme économique d’inspiration socialiste comprenant notamment des nationalisations d’entreprises et une réforme agraire et tentent d’améliorer la société par une campagne d’alphabétisation et en développant l’accès aux soins et à l’enseignement. La Constitution de 1974 est suspendue. Inquiet de voir les nouveaux dirigeants nicaraguayens aider les rebelles marxistes au Salvador et craignant l’influence cubaine et soviétique, le gouvernement américain de Ronald Reagan suspend son aide économique en 1981 et finance l’opposition des contras qui lancent leurs premières attaques à partir de 1983, puis impose au pays à partir de mai 1985 un embargo commercial qui le pénalise sévèrement. Des dirigeants sandinistes, comme le « commandant Zéro « (Edén Pastora), reprennent les armes, refusant la politique de soviétisation de l’économie du pays et la politique de coercition vis-à-vis des indiens Miskito. Dirigés par Broocklyn Rivera et Steadman Fagoth, les Miskito déclenchent, avec l’appui des États-Unis, une guérilla qui s’avère très coûteuse pour les sandinistes.

Daniel Ortega est élu à la tête du pays pour six ans en novembre 1984 avec 67 p. 100 des suffrages, la participation s’élevant à 79 p. 100. Une nouvelle Constitution est promulguée le 9 janvier 1987. À la faveur des négociations engagées sous l’égide du président costaricain Óscar Arias Sánchez en 1987 entre sandinistes et contras, un accord de cessez-le-feu est obtenu en mars 1988 et le gouvernement sandiniste consent à organiser des élections libres en 1990 en contrepartie du désarmement des contras. Après huit années de guerre, dans un contexte désastreux du point de vue économique, un véritable processus de paix s’engage à la fin des années 1990 (création d’une commission de réconciliation nationale, libération des prisonniers politiques, accord de cessez-le-feu avec les Indiens Miskitos, rétablissement de la liberté de la presse…).

6.5 La présidence de Violeta Chamorro (1990-1996)

Lors des élections générales du 25 février 1990, la crise économique (24 000 p. 100 d’inflation en 1988) et l’impopularité du service militaire obligatoire semblent avoir raison de l’adhésion populaire dont les sandinistes bénéficiaient jusqu’alors. Daniel Ortega, qui recueille 40,8 p. 100 des suffrages, est battu de manière inattendue par Violeta Chamorro, qui obtient 54,7 p. 100 des suffrages. Veuve du directeur du journal assassiné en 1978, elle est soutenue par une coalition conservatrice de quatorze partis, l’Union nationale de l’opposition (UNO), qui remporte 90 sièges au Parlement contre 39 pour les sandinistes, mais aussi par les États-Unis qui s’engagent à mettre un terme à leur embargo et à apporter de nouveau leur aide financière au pays. La nouvelle présidente entre en fonction (25 avril) après la conclusion d’un cessez-le-feu (19 avril) entre la Contra et l’armée sandiniste. Un an après son élection, la paix civile est une réalité favorisée par le désarmement de 22 000 contras et par une réduction des troupes régulières de 80 000 à 25 000 hommes. Cependant, les rivalités entre des bandes armées constituées d’anciens sandinistes et d’anciens contras contribuent à maintenir un climat d’insécurité. De plus, la situation économique reste très précaire, d’autant que le gouvernement doit constamment faire face à des mouvements de grève.

Jugeant la rupture avec le sandinisme trop lente, la coalition qui a fait élire Violeta Chamorro lui retire son soutien en 1993. La présidente s’allie alors avec les députés du FSLN afin de bénéficier d’une majorité parlementaire. Soumise à la pression américaine, Violeta Chamorro se résout toutefois à relever de ses fonctions en 1994 le général sandiniste Humberto Ortega, commandant en chef des armées, frère de Daniel Ortega. Au terme de son mandat, elle peut se prévaloir d’avoir réussi à préserver la paix civile et d’avoir relancé l’économie qui connaît en 1996 sa troisième année de croissance positive consécutive.

6.6 La présidence d’ Arnoldo Alemán (1997-2001)

En octobre 1996, le candidat de l’Alliance libérale (coalition des partis conservateurs), Arnoldo Alemán, est élu à la présidence de la République au premier tour de scrutin avec 51,02 p. 100 des suffrages face à Daniel Ortega, qui recueille 37,75 p. 100 des suffrages. L’Alliance libérale obtient également la majorité au Parlement, avec 42 sièges contre 37 pour le FSLN. Malgré la contestation des résultats par le FSLN, l’élection est validée par la Cour suprême et Arnoldo Alemán succède le 10 janvier 1997 à la présidente sortante, Violeta Chamorro, qui ne pouvait briguer un second mandat selon les termes de la Constitution. La « désandinisation « du Nicaragua est à l’ordre du jour, la principale difficulté consistant à recouvrer des immeubles (environ 4 500 propriétés) confisqués par les sandinistes, répartis entre les militants et aujourd’hui réclamés par la famille Somoza — en avril, ce projet provoque l’organisation de manifestations par le FSLN et le recul du président Alemán. La reprise économique qui se confirme en 1997 est compromise par le passage du cyclone Mitch en octobre 1998, qui cause des dégâts considérables, fait plusieurs milliers de morts et trois millions de sinistrés. L’aide internationale permet toutefois une forte relance de l’économie en 1999 tandis qu’en décembre 2000 le pays bénéficie de l’initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) mise en place par le FMI et la Banque mondiale.

Dans un environnement économique sinistré par les catastrophes naturelles, le chômage et la pauvreté, et miné par les affaires de corruption et les soupçons sur l’emploi des fonds pour la reconstruction, le FSLN de Daniel Ortega resurgit sur le devant d’une scène qu’il n’a jamais véritablement quittée. Sa capacité de mobilisation et sa force politique transparaissent notamment à l’occasion des élections municipales de novembre 2000 où il remporte douze des dix-sept principales villes du pays.

6.7 La présidence d’Enrique Bolanos (2002-2006)

L’amorce de reconquête du pouvoir par les sandinistes semble se confirmer à l’approche des élections présidentielle et législatives de novembre 2001, où les sondages pronostiquent un duel au coude à coude entre Daniel Ortega et son adversaire du Parti libéral constitutionnaliste (PLC), Enrique Bolanos. À l’issue d’une campagne essentiellement populiste, c’est toutefois le candidat libéral, qui a bénéficié du soutien des États-Unis, qui l’emporte le 4 novembre 2001 avec 56,3 p. 100 des suffrages contre 42,3 p. 100 pour Daniel Ortega. Entrepreneur converti à la politique, emprisonné à plusieurs reprises sous le régime sandiniste, le vice-président d’Alemán a axé sa campagne sur la lutte contre la pauvreté qui affecte 70 p. 100 de la population nicaraguayenne. Au terme des élections législatives qui se tiennent le même jour, le PLC dispose de 53 députés et les sandinistes de 38 sur un total de 92 parlementaires. Alors que des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises, le scrutin se déroule sans incident et la participation atteint le taux record de 91 p. 100.

Soupçonné de s’être enrichi illicitement lors de son mandat, l’ancien président Arnoldo Alemán est destitué de la présidence du Parlement et mis en accusation en décembre 2002 pour corruption et blanchiment d’argent ; il est condamné en décembre 2003 à vingt ans de prison. La lutte contre la corruption est l’une des priorités du nouveau gouvernement, mais l’action gouvernementale et le fonctionnement des institutions sont largement paralysés par les manœuvres politiciennes et les marchandages d’alliance au Parlement entre les libéraux alémanistes et les sandinistes, pourtant adversaires politiques. Le président Enrique Bolanos se trouve ainsi marginalisé au sein de sa propre formation, le PLC, qui reste fidèle à Arnoldo Alemán. En avril 2005, l’annonce de la hausse du prix de l’essence et donc de ceux des transports publics suscite une forte mobilisation sociale qui débouche sur un accord prévoyant des aides publiques et la mise en place d’un « dialogue national « réunissant le gouvernement, les partis politiques et des représentants de la société civile. En octobre 2005, l’Assemblée nationale ratifie l’Accord de libre-échange avec les États-Unis (CAFTA-DR), à l’issue de longues négociations entre le président Bolanos et l’opposition. La vie politique est en outre largement dominée à partir de 2005 par la perspective des élections de novembre 2006, qui fait notamment craindre aux États-Unis le retour au pouvoir de Daniel Ortega, dans un contexte régional marqué par les présidences de Fidel Castro à Cuba, Hugo Chávez au Venezuela et Evo Morales en Bolivie.

6.8 Le retour au pouvoir de Daniel Ortega (2007- )

Seize ans après avoir quitté le pouvoir, mais demeuré depuis l’homme fort du Nicaragua, Daniel Ortega est élu à la présidence de la République dès le premier tour de scrutin en novembre 2006 avec 37,99 p. 100 des voix, alors qu’il devait selon la loi électorale obtenir au moins 35 p. 100 des suffrages et bénéficier de cinq points d’avance sur le deuxième. Affichant ses volontés de réconciliation nationale, il a pour colistier un ancien dirigeant de la Contra et adopte un discours modéré, annonçant qu’il respectera la propriété privée et l’économie de marché. Il ne dispose pas en revanche de la majorité parlementaire qui nécessite 47 sièges, les sandinistes ayant obtenu 38 sièges, le Parti libéral constitutionnaliste 25, l’Alliance libérale nicaraguayenne 24 et le Mouvement de rénovation sandiniste 5.

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