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Nietzsche et la mort de Dieu

Publié le 21/04/2005

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nietzsche
Où est allé Dieu ? Je vais vous le dire ! Nous l'avons tué - vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! Nietzsche
L'ambiguïté de l'athéisme
 
D’abord, l’Insensé qui annonce la mort de Dieu décrit celle ci comme une catastrophe et non comme une victoire. Il ne se réjouit nullement de cette mort. Il prédit, au contraire, un avenir sombre. Comment interpréter cela ? À l’évidence, Nietzsche a pensé que le monde moderne allait entrer dans une période d’athéisme et que, loin d’être une libération, cela allait l’affaiblir. Certes, dans la religion, tout n’est pas lumineux. Mais, au moins, le fait de croire manifeste une volonté. Avec l’athéisme, passé le temps du désir de détruire la religion, le risque est grand de déboucher sur le grand cri nihiliste :


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« dualisme, c'est-à-dire de l'opposition entre l'ici-bas et l'au-delà, entre l'âmeet le corps.

C'est donc la fin de toute une culture négatrice, nihiliste, quidévalons ait ce monde, le corps, la vie.

C'est la fin de la « moraline » judéo-chrétienne, du ressentiment, de l'esprit de vengeance, de ces contraintesqui écrasaient les hommes.

C'est précisément tout ce qui s'oppose àL'affirmation de la vie et que Nietzsche veut détruire qui est en train deperdre son importance, qui a déjà pris fin, d'une certaine ère.

La mort deDieu est bien un affranchissement de l'homme qui était assujetti à un au-delà.

Et le philosophe y voit, non pas une raison de s'attrister ou des'assombrir, mais au contraire « un nouveau genre de lumière », « un bonheur », « un soulagement », « une nouvelle gaieté », « un encouragement ».

C'est ce qu'on découvre aulivre cinquième du « Gai savoir »:« C'est un fait, nous autres philosophes et "esprits libres", à la nouvelle que "le vieux Dieu" est mort, nousnous sentons comme touchés par la lumière d'une nouvelle aurore : notre cœur déborde de gratitude,d'étonnement, de pressentiment, d'attente - voici l'horizon redevenu libre...

»Mais la mort de Dieu, ce n'est pas seulement la mort du Dieu chrétien et moral, mais de tous les dieux.

Cetévénement est énorme car il ouvre une nouvelle phase de l'histoire de l'homme, celle du « surhomme ». Qu'est-ce que le Surhomme ? Le Surhomme est une forme d'humanité supérieure qui laisse parler en lui la totalité des instincts, etprécisément ceux-là mêmes que la Culture christianisée a étouffés parce qu'ils étaient des formes de lavolonté de puissance, « ce qu'il y a de pire » en l'homme : égoïsme, instinct de domination, sexualité.

Mais ilconvient ici de souligner un point important.

L'homme est de toute façon un être de culture.

Il n'est donc enaucun cas possible de retourner au moment où les Barbares étaient encore indemnes des effets de lavolonté de puissance de leurs esclaves, moment fondateur de la culture.

Les instincts doivent être libéréspour être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui qui aurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussiintenses qu'on peut les tolérer.

En effet, où la plante humaine se montre vigoureuse, on trouve les instinctspuissamment en lutte les uns contre les autres...

mais dominés.

» Ce surhomme parvient à la connaissancevéridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique » qui a été décrite précédemment.

Il se réalisedans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fiction connue comme telle, oucelle de la connaissance intellectuelle.

Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il est celui qui adhère àla doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance. « Tous les dieux sont morts: nous voulons à présent que vive le surhomme - que ceci soit au grand midinotre dernière volonté! », s'écrie Zarathoustra.

L'insensé du « Gai savoir », qui, le premier, avait annoncéque Dieu était mort et que nous étions tous ses meurtriers, avait aussi déjà, à sa manière, avancé l'idée dusurhomme: « Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sangsous nos couteaux - qui effacera de nous ce sang ? Avec quelles eaux nous purifierons-nous? Quellesexpiations, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer ? La grandeur de cette action, n'est-elle pas tropgrande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux pour paraître dignes decette action ? » En fait, pour Nietzsche, il n'y eut pas d'action plus grandiose que l'assassinat de Dieu, etceux qui naîtront après «appartiendront à cause de cet acte, à une histoire plus élevée que ne le fut jamaistoute histoire ! ».

Que signifie « le surhomme», sinon le dépassement de l'homme par l'homme ? Mais encore? Une affirmation de « la volonté de puissance », le passage du « tu dois » au «je veux ».

L'homme sansDieu doit se donner à lui-même sa volonté.«Je suis Zarathoustra, l'homme sans Dieu: où trouverais-je mon semblable ? Sont mes semblables tous ceuxqui se donnent eux-mêmes leur volonté et se défont de toute soumission.

»Est-ce que cela signifie, comme certains ont voulu croire, la domination de l'homme par l'homme ? Uneapparition du règne des maîtres qui doit balayer la tourbe de l'humanité commune ? Ces interprétations, quifont de la volonté de puissance un appétit de domination, sont aberrantes.

Vouloir la puissance, c'est dire «oui » à la vie.

c'est se vouloir soi-même plus grand.

Une telle volonté n'est de l'ordre de la possession, del'avoir, mais de celui de l'être.

Il s'agit de ne plus vivre dans la culpabilité, le ressentiment, la haine.

Lameilleure image de cette volonté de puissance affirmative et créative, c'est Dionysos qui nous l'offre, ce dieude la spontanéité, de la danse, du délire enthousiaste.

Dionysos, le contraire du Crucifié.La mort de Dieu signifie donc la résurrection de l'homme, d'un homme qui n'est plus responsable que de lui-même, qui ne se commande que lui-même, d'un homme parvenu à maturité.

Certes un tel homme peuttrouver sa liberté extrême et vouloir mourir.

Mais à l'extrême de cette liberté, « la volonté de néant » peuts'inverser en « une volonté de l'éternel retour du même ».

Le passage du « tu dois » au «je veux» peutassurer la renaissance du «je suis ». Que signifie ce thème de l'éternel retour du même, affirmé, avec force, dans Ainsi parlait Zarathoustra etdéjà présent, implicitement, dans « Le Gai savoir » (aphorisme 310: « Volonté et vague ») ? Le dépassementdu pessimisme, son inversion en l'homme le plus exubérant, le plus vivant qui soit.

Celui qui acquiesce à cequi fut et à ce qui est, celui qui veut l'avoir de nouveau, comme c'était et comme c'est, à jamais, pourl'éternité, en criant insatiablement « da capo » :« Ainsi vivent les vagues - ainsi vivons-nous, nous autres êtres voulants! [...

] Dansez à votre gré, bellestumultueuses, hurlez de plaisir et de méchanceté - à nouveau plonge7- au fond du gouffre versez vosémeraudes et jetez par-dessus vos blanches dentelles infinies de mousse et d'écume...

» DUALISME : Théorie philosophique qui distingue deuxplans de réalité distincts.

Dansle cadre de la philosophie ducorps, théorie selon laquelle lecorps et l'âme sont deux êtresdistincts.. »

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