« Nos différences nous enrichissent-elles nécessairement ? »
Publié le 20/12/2011
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La différence fait peur et engendre la haine. Pourtant que serait un monde uniforme ?
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La différence est habituellement définie comme un caractère ou un ensemble
de caractères qui, dans une comparaison ou un ordre, distinguent un être ou une chose
d'un autre être ou d'une autre chose.
La différence est donc ce qui fait qu’un être soit
ou ait le sentiment d’être étranger à un autre être.
Empiriquement, il semble que le bilan du produit des différences, même s’il
est difficile à évaluer du fait de la variété des types de différences, apparaisse comme
largement négatif.
En effet, la diff érence, avant d’être à l’origine d’un quelconque
enrichissement, a été à l’origine des plus grandes horreurs, et des plus grandes
destructions.
Comme cités en introduction, il semble que les génocides ou les conflits
étatiques furent tous causés par une quelconque différence, qu’elle soit culturelle,
ethnique, religieuse, technologique, etc.
Comment rendre compte d’un tel constat ?
Cela s’explique par le fait que la différence de l’un donne l’impression à l’autre qu’il
ne partage pas la même humanité avec l ’individu auquel il a affaire.
Cela fut caractéristique du crime Nazi pendant la seconde guerre mondiale.
En
effet, avant de commettre l’extermination systématique de six million de juifs, les
Allemands avaient été totalement embrigadés dans une idéologie fondée sur la
hiérarchisation des races.
En plus d’êtres aidés par un mécanisme de
« déresponsabilisation » fondé sur l’obéissance à la hiérarchie, les Allemands avaient
été désensibilisés au mal qu’ils commettaient.
En effet, la thèse de Hitler, théoris ée
dans Mein Kampf en 1924 était fortement imprégnée des théories évolutionnistes
comme celle de François Gobineau, formulée en 1855 dans Essai sur l’inégalité des
races humaines.
Les Allemands, qui en étaient très largement nourris, avaient donc un
regard transformé sur leurs victimes.
Ils ne les voyaient pas comme des êtres humains
mais comme une sorte de résidus de l’espèce humaine, tout juste bonne à corrompre
la race supérieure qu’était la race Aryenne.
C’était donc bien cette différence
fondamentale entre le bourreau et sa victime, qui a certainement pu permettre
l’ampleur de l’élimination systématique des Juifs.
C’est dans ce sens là que Lévi
Strauss déclarait dans Race et Histoire : « Le barbare c’est d’abord celui qui croit à la
barbarie ».
Cela sig nifie que l’auteur de barbarie par ses actes n’est autre que celui qui
voit en sa victime un barbare, un individu sous -développé, tout juste humain, en tous
cas, ne partageant pas une humanité aussi noble que lui.
Et qu’est ce qui au final
permettait ce sentiment d’étrangeté ? Ce sont l’ensemble des différences qui séparait
le bourreau de sa victime, chacune de ces différences contribuant à créer ce sentiment.
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