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La notion d'inconscient est-elle dangereuse ?

Publié le 31/08/2005

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On peut alors définir l'inconscient comme ce qui n'est pas ou n'est plus conscient. Mais une telle définition est, selon  Freud, insuffisante. ·         L'inconscient, au sens freudien, n'est pas purement et simplement le non-conscient, le « négatif « en quelque sorte de la conscience. Il est, au contraire, une force psychique active, dont le fonctionnement obéit à des règles spécifiques, distinctes de celles auxquelles est soumise la pensée consciente. C'est pourquoi Freud propose de comprendre le psychisme comme la coexistence de deux modes de fonctionnement, dont chacun forme un système indépendant : le système « inconscient « d'une part, et le système « pré-conscient « de l'autre. ·         Or, il semblait que l'inconscient apparaissait comme un danger en tant qu'il se présentait comme l'Autre en moi, autre que je ne contrôlais pas. Mais en réalité, conscience et inconscience ne sont pas superposables et bien plutôt indépendants. Il apparaît donc comme faux et exagéré de considérer l'inconsciente comme un danger en cela qu'il n'est en aucun cas l'Autre qui pourrait prendre le contrôle définitif de notre être. ·         L'inconscient est donc un danger pour ceux qui ne souhaitent pas remettre en cause leur certitude quant au contrôle du moi. Ceux, a fortiori qui n'admette pas la part d'animalité qui est intrinsèque à la nature humaine.

 

Dans quelle mesure l’inconscient, dans ce qu’il apporte de part d’obscurité au sein même de l’homme, peut-il constituer un danger ? Est-ce définir essentiellement l’inconscient en le réduisant à un danger ? Pour qui constitue-t-il un véritable danger ?

            D’un point de vue moral, cette dépossession de la maîtrise totale de soi, que semble être l’inconscient, ne constitue-t-elle pas le plus grand danger quant à la notion de responsabilité, et donc en creux de celle de liberté ?

 

« l'inconscient à un animal redoutable en le rapprochant de l'instinct animal qui n'est lui-même pasde l'ordre de la conscience. · La notion d'inconscient semble donc dangereuse à double titre, et ces deux manières sont liées logiquement : la dépossession de soi qui fait que l'homme n'est pas maître de la totalité deses comportements et de ses affects, et qui par-là, est déchue de son piédestal, rabaissé du côtéde son animalité. Si l'homme est obscur à lui-même, il ne faut pas imaginer que l'inconscient désigne un autre moi, qui serait le double caché et secret de ma conscience.

Cet inconscient serait un mauvais ange, unconseiller diabolique, avec ses préjugés, ses ruses et ses passions.

Toute pensée procède en nousde la conscience, par laquelle seule nous nous définissons comme sujet.

Le rêve n'est pas unepensée car toute pensée est volontaire.

Ce qui échappe donc à notre conscience et à notrevolonté ne relève pas d'un psychisme inconscient, mais d'un mécanisme corporel.

Quand laconscience est assoupie, le corps livré à lui-même, induit des sentiments et des représentationsqui reflètent son bien-être ou son inconfort.

Donner une existence et une consistance àl'inconscient, c'est idolâtrer le corps, craindre ce qui est inférieur et normalement soumis à notrevolonté consciente, si l'on en fait le ressort secret de notre volonté et de notre conscience.

Il y aune faute morale capitale à craindre son inconscient en y voyant un autre moi que je connais malmais qui me connaît et me conduit.

L'homme ne tire sa dignité que de sa conscience par laquelle ilveut ce qu'il pense et pense ce qu'il veut.

L'homme n'est grand que par sa liberté, la pensée querien ne l'engage ni ne le force sinon lui-même.

La conscience est moralement destinée à dominer lecorps et ses mécanismes obscurs. II- L'inconscient : un danger pour qui craint à ses certitudes · Pourtant, cette notion d'inconscient, même si elle a été clairement posée par Freud, puis Lacan, n'est pas créée ex nihilo, comme si personne n'avait eu cette intuition auparavant.· Que le psychisme ne soit pas toujours ni tout entier conscient, la philosophie classique en avait déjà émis l'hypothèse.

Leibniz, par exemple, affirme qu'il existe des « petites perceptions »inconscientes, c'est-à-dire trop faibles pour être aperçues.

Tout ne peut être, en effet, toujours etcontinûment conscient.

On peut alors définir l'inconscient comme ce qui n'est pas ou n'est plusconscient.

Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petites perceptions.

Il montre ainsi que notre perception consciente est composée d'une infinité depetites perceptions.

Notre appétit conscient est composé d'uneinfinité de petits appétits.

Qu'est-ce qu'il veut dire quand il ditque notre perception consciente est composée d'une infinité depetites perceptions, exactement comme la perception du bruitde la mer est composée de la perception de toutes les gouttesd'eau ? Les passages du conscient à l'inconscient et del'inconscient au conscient renvoient à un inconscientdifférentiel et pas à un inconscient d'opposition.

Or, c'estcomplètement différent de concevoir un inconscient qui exprimedes différentiels de la conscience ou de concevoir uninconscient qui exprime une force qui s'oppose à la conscienceet qui entre en conflit avec elle.

En d'autres termes, chezLeibniz, il y a un rapport entre la conscience et l'inconscient,un rapport de différence à différences évanouissantes, chezFreud il y a un rapport d'opposition de forces. "D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à toutmoment une infinité de perceptions en nous, mais sansaperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changementsdans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parceque les impressions sont ou trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres,elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou àune chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.

Ce n'est pas que cemouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme quiy réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme etdans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notreattention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants.

Car toute attention demande dela mémoire, et souvent quand nous ne sommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendregarde, à quelques-unes de nos propres perceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexionet même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertit incontinent après et nous fait. »

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