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Si nous sommes libres qu'est-ce qui nous le prouve ?

Publié le 11/08/2005

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La liberté, au sens le plus commun, c'est être affranchi de toute entrave, n'être soumis à aucune obligation ni contrainte. Etre libre, ce serait faire tout ce qui nous plaît. Mais il est facile de voir qu'à ce compte-là, personne n'est libre et ne le sera jamais. Ma liberté rencontre toujours des limites : le règlement, la loi, mes forces physiques, et la liberté des autres. Je ne suis pas libre d'être grand si je suis petit, ni de ne pas avoir de la fièvre si j'ai la grippe. Or, si ma liberté est limitée, semble-t-il, je ne suis pas libre. On n'est pas libre partiellement. Si, être libre, c'est faire tout ce que l'on désire, il n'y a pas de degrés dans la liberté: c'est tout ou rien; soit on est libre, soit on ne l'est pas du tout. Puisqu'il y a toujours des limites, faut-il renoncer à l'idée que l'homme soit libre? Peut-être est-il plutôt nécessaire de penser autrement la liberté. S'il ne dépend pas de moi de faire tout ce que je veux, en revanche, il semble que ma pensée, elle, soit indépendante. Même si mon corps est entravé, je reste libre de rêver que je m'évade. Ma pensée, tout intérieure, est indépendante et hors d'atteinte de la réalité ou d'autrui. Nul ne peut me contraindre à penser vrai ce que je crois faux, à vouloir ou à aimer ce que je n'aime ou ne veux pas. Cependant, est-il certain que ma pensée elle-même soit libre? Ne peut-on pas, au moyen de certains procédés, influencer la pensée? 

« La possibilité de l'erreur démontre cette liberté de la volonté.

L'erreur n'est possible que parce que notre volonté est libre.

S'il nous arrive de nous tromper, c'est précisément parce que nous sommes libres devant le vrai.

La vérité nenous détermine pas; l'évidence ne nous contraint pas.

Nous pourrions être déterminés par Dieu, ou par un instinct, ànécessairement et toujours voir le vrai là où il est, de manière infaillible; mais ce n'est pas le cas.

Comment l'erreurest-elle possible ? Deux facultés sont à l'œuvre dans la connaissance (Descartes, Méditations , IV).

L'une qui nous fournit des idées, l'autre qui nous permet de les juger.

La sensibilité et l'entendement remplissent le premier rôle; lavolonté complète la connaissance.

L'entendement conçoit des idées.

De même, la sensibilité, par l'intermédiaire dessens, nous fournit des représentations des choses.

Ainsi, j'ai l'idée d'arbre ou l'idée de triangle.

Mais une idée, à elleseule, n'est pas encore une connaissance.

Elle ne peut donc encore être ni vraie ni fausse.

A ce stade, l'erreur n'estpas encore possible.

Pour qu'il y ait connaissance, il faut un jugement.

Un jugement est défini par Aristote comme une proposition de la forme A est B.

Un jugement, par conséquent, 1) relie deux idées entre elles; 2) est uneproposition , c'est-à-dire pas n'importe quel énoncé, mais une affirmation ou une négation.

Une question, par exemple, ou un ordre, ne sont pas des propositions, ce ne sont pas des connaissances, ils ne sont pas susceptiblesd'être vrais ou faux.

Connaître suppose donc que l'on ait des idées, fournies par les sens ou l'entendement, et enplus que l'on porte un jugement sur ces idées.

Juger, c'est-à-dire affirmer ou nier, c'est le rôle de la volonté.

Lavolonté juge, elle décide, elle prend parti, elle accepte ou rejette la connaissance.

Tant que l'on n'affirme rien, onne risque pas de se tromper.

D'où la possibilité d'éviter tout risque d'erreur en s'abstenant de tout jugement, ce queles sceptiques appelaient épochè.

En revanche, en choisissant d'affirmer, je prends le risque de me tromper.Autrement dit, c'est lorsque la volonté entre en scène que l'erreur devient possible.

Mais la volonté n'est pasfautive.

Je me trompe lorsque je prends parti avant d'avoir suffisamment examiné mes idées.

Toute erreur est unjugement prématuré, formulé avant d'avoir atteint la certitude.

Ce qui est responsable de l'erreur, ce n'est donc pasla volonté, mais un mauvais usage, un usage précipité de la volonté [Malebranche, en disciple de Descartes, reprendla même idée].

Un ordinateur, lui, ne se trompe jamais, car il ne juge pas.

Si l'homme peut se tromper, c'est qu'ildispose d'une volonté libre.La liberté de notre volonté est impliquée aussi par la possibilité du doute .

Le doute mis en œuvre par Descartes dans les Méditations n'est possible que si la volonté est libre.

Le doute cartésien est en effet un doute volontaire.

A l'inverse du doute commun, qui consiste à douter parce que l'on a effectivement des raisons de douter, le doutephilosophique va contre la pente naturelle: il consiste à tenir pour faux ce qui est incertain.

Un effort de volonté estdonc requis.

Il prouve la possibilité de refuser ce qui paraît vrai: je peux même refuser d'admettre que 2+2=4.

Pourqu'une telle mise en doute soit possible, il faut que ma volonté ne soit déterminée ni par l'habitude, ni par latendance naturelle à se contenter de ce qui est probable.

Nous sommes libres de refuser de considérer comme vraice qui, pourtant, a toutes les chances d'être vrai.

Je suis capable de résister à l'évidence, qui me fait pencher verstelle ou telle idée.

Je suis capable de résister à la séduction de l'évidence, capable de suspendre mon jugement, dem'abstenir de tout jugement sur une idée, même si tout porte à croire qu'elle est vraie. 3.

La liberté d'indifférence--L'acte gratuit De même, la possibilité du mal -- c'est-à-dire non plus de l'erreur, mais de la faute morale --, témoigne de la liberté de l'homme.

Elle prouve que nous ne sommes pas guidés de façon infaillible vers le bien.

Je peux choisir le mal.

Jepeux même le choisir, non par ignorance, mais en connaissance de cause, c'est-à-dire choisir le mal pour lui-même.Si je vois où est le bien, rien ne m'empêche de choisir le contraire.

La liberté se révèle dans l'expérience du choix.C'est pourquoi Descartes parle du libre arbitre, ou libre choix: la liberté est la faculté de choisir entre deux partis.

Jepeux choisir ce qui ne me paraît pas bon, choisir le parti contraire à celui vers lequel je penche, ce qui prouve quece penchant ne me détermine pas.

Je peux choisir un parti vers lequel rien ne m'incline, choisir une action alors querien ne m'y pousse, alors que je n'ai aucune raison de l'accomplir.

C'est ce que l'on appelle aussi la libertéd'indifférence.

Je peux choisir alors même que les deux termes de l'alternative me sont indifférents.

C'est une libertéd'équilibre: même si les raisons de choisir l'un ou l'autre terme sont parfaitement équivalentes, je peux cependanttrancher, grâce à ma volonté.

L'exemple de l'âne de Buridan permet de concevoir les conséquences de l'absence delibre arbitre.

On suppose qu'un âne est dépourvu de libre arbitre.

Un âne ayant également faim et soif, si on luiprésente un seau d'eau et un seau d'avoine, sera incapable de décider par où commencer.

Le libre arbitre, c'est lafaculté de me résoudre à un choix, même si les deux termes du dilemme sont de poids identiques.

En cas dedilemme, ma volonté me permet de choisir de façon arbitraire, c'est-à-dire sans raison de faire ce choix plutôt quel'autre. Selon cette conception de la liberté, semble-t-il, la liberté se manifeste dans l'acte de choisir, et plus encore dechoisir sans raisons.

C'est donc lorsque je choisis sans raison que je serais le plus libre.

L'acte le plus libre, ce seraitl'acte gratuit.

Un acte gratuit, c'est un acte sans motif, que l'on n'a aucune raison de commettre (en anglais, "free"signifie aussi bien gratuit que libre).

Si cet acte s'expliquait par un motif, alors il aurait une cause.

L'acte libre, c'estcelui qui trouve sa source dans ma seule volonté.

S'il a une cause étrangère à ma volonté, alors il n'est pas libre.

Sij'ai eu une raison d'agir, alors j'ai été déterminé par cette cause.

De cette théorie de l'acte gratuit, Gide donne unexemple à la fin des Caves du Vatican .

Lafcadio veut se prouver à lui-même sa liberté.

Dans un train en marche, il pousse dehors un vieillard qui se trouve dans le même compartiment que lui, qu'il ne connaissait pas et qu'il n'avaitaucune raison de tuer.

Il tue par pure gratuité, sans y être poussé par aucun motif.

Il semble accomplir ainsi lecomble de la liberté. II.

L'objection déterministe Descartes ne donne pas de preuve de la liberté.

Selon lui, elle se passe de preuve, elle est un fait d'expérience: «La. »

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