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Nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons le plus souvent à lire les étiquettes collées sur elles.

Publié le 01/10/2012

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Nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons le plus souvent à lire les étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence du langage. Car les mots (à l'exception des noms propres) désignent des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s'insinue entre elle et nous, et en masquerait la forme à nos yeux si cette forme ne se dissimulait déjà derrière les besoins qui ont créé le mot lui-même. Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nous dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu. Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre? Nous serions alors tous poètes, tous romanciers, tous musiciens. BERGSON Introduction Nous faisons spontanément confiance au langage, jusqu'au moment où nous pouvons avoir le sentiment qu'il nous fait défaut pour énoncer ce que nous voudrions. D'après Bergson, cette incapacité vient de la nature même des mots. L Critique du langage — Non-coïncidence entre les choses et les mots (étiquettes arbitraires et superficielles). — Avant même l'intervention du langage, le besoin sélectionne...

« 1.

Critique du langage - Non-coïncidence entre les choses et les mots (étiquettes arbitraires et superficielles).

- Avant même l'intervention du langage, le besoin sélectionne ses versions du réel sans se préoccuper de l'être même des choses.

Cette tendance est accentuée par l'usage du vocabulaire.

- Tout mot représente un genre, il noie donc une singularité dans une communauté.

Rappel: tout concept est en effet général et fait par définition abstraction des qualités ou détails propres à chaque objet singulier.

- Le mot fait donc barrage à notre perception du réel, il nous en impose une version préformée, et d'autant plus qu'il est le résultat d'un besoin qui a déjà effectué un premier filtrage.

- Conséquence sur l'expression de la subjectivité: elle devient impossi­ ble, puisque pour en dire l'unicité, nous n'avons que des mots communs (haine, amour, etc.).

Dès lors, aliénation du moi.

II.

Critique de l'abstraction - Cette critique du langage se situe dans le cadre de la critique bergsonienne de tous les phénomènes relevant d'une intelligence toujours trop abstraite.

- Elle indique que le réel (extérieur et intérieur) nous échappe puisque entre sa saisie et notre conscience, il faut toujours des mots pour le dire et que les mots le déforment.

Comment, dans cette optique, maintenir un projet ontologique, ou, plus modestement, accéder au réel? -Elle rejoint un point de vue déjà exprimé par Nietzsche, qui reprochait également au vocabulaire d'être aliénant puisque par définition collectif.

- Elle aboutit à un problème fondamental: si l'on prétend, soit retrouver le contact avec le réel, soit énoncer ses états d'âme dans ce qu'ils ont d'originalement vécu, il faut recourir à d'autres formes de langage.

Comment dès lors assurer la communication? III.

La solution poétique - Importance de la dernière phrase du texte: l'expression de l'intimité est réservée aux artistes (poètes, romanciers, musiciens) qui peuvent échapper à la froideur analytique des concepts en ne respectant pas le fonctionnement «ordinaire,.

de la langue.

- Rappel: les linguistes eux-mêmes admettent que par la. »

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