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Obeir est-ce subir ?

Publié le 17/04/2009

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Obeir est-ce subir ?

 

Obéir suppose une soumission à une autorité. Plus exactement, on peut dire que l’obéissance consiste en ce qu’on exécute des commandements par soumission à la seule autorité du chef qui commande au sein de l’Etat, ou à sa propre règle dans le cadre de la morale : ce n’est pas le pouvoir de tous. La liberté quant à elle peut se définir comme l’absence d’obstacle d’une volonté. La soumission est aussi une obéissance, mais non volontaire, obtenue par la contrainte, par la force ou la crainte. En ce sens, il semble que l’on puisse identifier l’obéissance à la soumission. Et c’est bien la le cœur du problème : qu’en est-il de la liberté ? Mais bien plus, si la contrainte est nécessaire pour l’obéissance, n’est-ce pas dire que toute loi produit une soumission ? Dans ce cas, la liberté dans le champ politique ne serait qu’une illusion. Il s’agit donc d’étudier le rapport obéissance – soumission à l’aune des notions de liberté et de contrainte.

Si l’obéissance est réductible à la soumission (1ère partie), il n’en reste pas moins que la réduction se fait au prix de la confusion entre le volontaire et le non-volontaire et la valeur positive de la contrainte (2nd partie), même si cette obéissance ne doit pas être aveugle (3ème partie).

 

 

I – Pouvoir, contrainte et soumission

 

II – Liberté et obéissance : la contrainte nécessaire

 

III – Le droit de désobéir

 

 

 

« est l'objet d'une volonté.

Or « Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plus un actede prudence.

En quel sens pourra-ce être un devoir ? ».

Même en raisonnant par l'absurde comme le fait Rousseau dans le chapitre III du Contrat social , on peut remarquer qu'établir un « droit du plus fort » donc une obéissance obtenue par la soumission c'est-à-dire la force est une contradiction sans fin et nous découvre un abîme sansfond : « Supposons un moment ce prétendu droit.

Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable; car, sitôtque c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause : toute force qui surmonte la première succède à sondroit.

Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement; et, puisque le plus fort a toujours raison, il nes'agit que de faire en sorte qu'on soit le plus fort.

Or, qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il fautobéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir ; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé.

On voitdonc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force; il ne signifie ici rien du tout.

» La force et le droit sont donc dansune relation d'exclusion conceptuelle réciproque.

Cependant, si obéir c'est céder à la force alors il s'agit d'unenécessité mais non d'un droit.

Et pour comprendre cela Rousseau utilise l'exemple du brigand cherchant à me voler.Qu'il faille donner sa bourse est une nécessité si je veux rester en vie mais on voit mal au nom de quoi il s'agirait icid'un droit et cela d'autant plus que si je pouvais me soustraire à sa menace on pourrait se demander en quoi je seraiobligé de la lui donner.

Et l'arme qu'il tient est une puissance et non un droit.

Comme le conclut Rousseau :« Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes.

»b) Or l'obéissance est produite par le pacte social.

Son principe volontaire est, pour Rousseau , effectivement directement issue de la formule du Contrat social qui au chapitre VI s'énonce de la manière suivante : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute da puissance sous la suprême direction de la volonté générale (passomme des volontés particulières) ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.

»Autrement dit, par le jeu démocratique, l'obéissance est liberté dans la mesure où la loi est un effet de la volontégénérale à laquelle j'ai adhéré par le contrat.

On obéit volontairement mais il ne s'agit pas d'une soumission.

Ne pasobéir à la loi ce serait remettre en cause le fondement de la société civile, donc mettre en péril ma propre liberté :« A l'instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d'association produit un corpsmoral et collectif, composé d'autant de membres que l'assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte sonunité, son moi commun, sa vie et sa volonté.

Cette personne publique, qui se forme ainsi par l'union de toutes lesautres, prenait autrefois le nom de cité (a), et prend maintenant celui de république ou de corps politique,, lequel est appelé par ses membres État quand il est passif, souverain quand il est actif, puissance en le comparant à ses semblables.

À l'égard des associés, ils prennent collectivement le nom de peuple, et s'appellent en particulier citoyens, comme participant à l'autorité souveraine, et sujets, comme soumis aux lois de l'État ». c) Montesquieu dans le livre XI de De l'esprit des lois s'interroge sur les rapports entre constitution et liberté à travers la question de la liberté politique donc du lien entre obéissance et liberté pouvant déterminer une servitudevolontaire.

Etre libre politiquement, ce n'est pas faire ce que l'on veut.

La liberté dans la société civile est toujourslimitée en raison même de l'existence d'une pluralité de volontés et de libertés concurrentes.

En ce sens, « dans unEtat, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doitvouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir ».

Il y a donc une distinction nécessaireentre obéissance et contrainte, cette dernière plus directement en conflit avec la liberté bien qu'elle soit nécessairedans l'ordre social.

Ainsi, la liberté se définit comme le droit de faire tout ce que les lois permettent.

En effet, si uncitoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'y aurait plus alors de liberté, parce que le autres auraient aussi cepouvoir.

C'est par ailleurs en ce sens que Montesquieu dira qu'« il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.

» Ainsi, une constitution pourra être telle que personne ne sera contraint de faire leschoses auxquelles la loi ne l'oblige pas, ou de faire ce que la loi lui permet, il n'y a donc pas de servitude et encoremoins volontaire.

Or c'est pourquoi Rousseau en vient radicalement à dire au chapitre VII que « quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcerad'être libre.

» Dès lors, comme on le retrouvera explicitement au chapitre VIII, il ne peut y avoir incohérence entre laliberté et l'obéissance dans la mesure où « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté ».

Le pacte social nepeut en effet être onéreux pour personne.

Transition : Ainsi il n'y a as de contradiction à mêler obéissance, liberté et contrainte inhérente au pacte social.

Il s'agitjustement d'une clause nécessaire au bon fonctionnement de la société civile.

La soumission se comprend alors entant que sujet par rapport à une loi que j'ai choisi en tant que citoyen.

Je n'obéis et ne me soumets qu'à moi-même.Pour autant cela ne signifie pas que mon obéissance à la majorité est acquise aveuglément au risque sinon de fairede cette obéissance une soumission.

III – Le droit de désobéir a) En effet, s'il n'y a pas contradiction entre liberté et obéissance cela n'implique pas l'existence d'une rapportd'identité entre ces deux notions.

Même en démocratie, la liberté ne peut pas être aveugle est assujettie àl'obéissance sous prétexte d'une décision de la volonté générale comprise comme opinion de la foule, et dans lamesure où cette décision est influençable et manipulable au risque sinon de voir réapparaître la servitude volontaire.Et c'est bien tout le jeu de la liberté que de reconnaître la loi comme produite par soi et non pas venue del'extérieur.

Autrement dit, la liberté est responsabilité comme le remarque notamment Kant dans la Critique de la raison pratique .

En effet, désobéir à la loi c'est entrer en conflit avec le législateur, mais il semble que dans bien des cas, cette désobéissance à la loi est sinon nécessaire, ou moins salvatrice, dont l'Histoire moderne notamment nousen fournit de nombreux exemples et dont le paradigme pourrait être trouvé chez les Justes de la Seconde Guerremondiale.b) En effet, certaines lois apparaissent injustes ou non justifiée ; ou encore posent un problème moral et dans ce. »

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