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L'obéissance n'exclut-elle nécessairement la liberté ?

Publié le 16/03/2005

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Ces derniers constituent un élément de désunion sociale (c'est la le danger interne de toute démocratie), tandis que la loi, qui vise l'intérêt commun, en constitue l'élément unificateur. Obéir aux lois, c'est donc obéir à ce qui est favorable à la communauté, c'est donc contribuer à faire de la cité un organisme politique autonome, donc libre.     II. L'obéissance est liberté, s'il s'agit d'obéir à sa propre loi morale (Kant).   -L'homme est un être libre en ce qu'il obéit à ses propres lois : c'est l'autonomie. La liberté, c'est ainsi la détermination de la volonté par la forme de la loi morale, celle de l'impératif catégorique, qui constitue la forme pure du devoir. Etre libre, c'est obéir à la loi donnée par la forme de la raison pure (en tant que non dérivée de l'expérience) pratique (en tant qu'elle sert ici à un usage moral, et non théorique). Etre libre, c'est obéir à la forme légale de sa raison pure pratique. -Obéir à une loi civile est nécessaire, car l'homme est incapable de suivre sa propre loi morale rationnelle tout au long de sa vie ; il lui faut donc évoluer dans un cadre légal qui exprime dans ses principes les éléments de la loi morale : l'hétéronomie ne constitue alors qu'une forme extérieure de l'autonomie morale.     III.

-La liberté constitue la faculté de déterminer sa volonté indépendamment de toute influence extérieure, notamment celle venant des sens. -L'obéissance constitue la soumission à une règle donnée, à partir de laquelle seulement notre action doit trouver sa norme. -Il y a ainsi toutes les apparences qu'obéir revient à renoncer à sa liberté, puisqu'ils s'agit alors de soumettre son action à une règle qui lui est extérieure. -Or, n'y a-t-il pas certaines modalités de l'obéissance qui, non seulement ne nous font pas renoncer à notre liberté, mais au contraire la conditionnent ? Et, plus profondément encore, toute obéissance ne s'inscrit-elle pas elle-même sur un horizon irréductible de la condition libre de l'homme ?

« (Sartre).

-Il ne saurait y avoir de contrainte, si forte qu'elle fût, qui ne soit l'objet d'unchoix libre initial.

Ainsi, la collaboration, sous l'Occupation allemande, étaitl'objet d'un choix libre de la part des Français, car il y avait toujours lapossibilité d'entrer dans la Résistance.

C'est pourquoi Sartre a pu énoncercette célèbre phrase, qui n'est en rien une boutade (comme peuvent le croireles historiens ignorants) : "L'homme n'a jamais été aussi libre que sousl'Ocuppation".

Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués,«chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La liberté est donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soitl'obstacle ou la situation, à se faire être.Ainsi, pour Sartre , si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de ce qu'il fait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, desjustifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C'est ceque j'exprimerai en disant que 1 homme est condamné à être libre.

Condamnéparce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parcequ'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait .

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » : « Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par là nousvoulons dire aussi qu'en se choisissant, il choisit tous les hommes .

» Autrement dit, chacun de nous, par ses choix, ses actes, pose les normes du vrai et du bien et engage ainsil'humanité tout entière.

Certes, beaucoup d'hommes ne se sentent pas responsables, croyant en agissant n'engagerqu'eux-mêmes, et « lorsqu'on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent les épaules et répondent: tout le monde ne fait pas comme ça ».

Mais, en fait, ils se masquent leur angoisse, la fuient.

Ils sont de mauvaise foi, car en vérité, on doit toujours se demander: « Qu'arriverait-il si tout le monde en faisant autant ? » Dire que « l'homme est condamné à être libre », cela signifie bien que l'homme n'est pas niais qu'il se fait, et qu'en se faisant il assume la responsabilité de l'espèce humaine, cela signifie aussi qu'il n'y a pas de valeur ni de morale quisoient données a priori.

En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sans guides et cependantpour tous.Contrairement à la chose qui est ce qui est, l'homme, en tant que « pour-soi », n'est jamais tout à fait soi.

Il est et il n'est pas ce qu'il est.

En avouant, par exemple, que je suis un menteur, j'adhère à ce que je suis mais en mêmetemps je prends mes distances à l'égard de ce que je suis.

La conscience est donc bien négativité infinie, pouvoir dedépassement de ce qui est.

Mais la liberté se confond-elle avec la spontanéité de la conscience ? Un enfant est-illibre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et la connaissance ? Sartre semble sous-estimer le rôle de la raison et de la connaissance dans la liberté.

-La liberté constitue le lot commun à tous les hommes, qui n'est justifié par rien et que l'on ne saurait aliéner.

Lacontrainte même, par la possibilité que l'on a de la refuser, s'inscrit au sein de cette liberté.

Tout l'effort de l'hommedoit donc consister en l'acceptation de sa condition libre, pour pouvoir refuser précisément la contrainte extérieureen tant que déterminisme fatal.

Refuser la contrainte revient à refuser d'être de mauvaise foi.

Conclusion -Etre libre, c'est être autonome, donc constituer un tout harmonieux exigeant l'obéissance des parties à la légalitédu tout.-Cette autonomie peut également être comprise comme l'obéissance aux lois internes de notre raison pure, qui nousgarantissent l'indépendance par rapport aux influences sensibles.-Néanmoins, toute contrainte possible ne constitue elle-même que le choix même d'être contraint par quelque chosequi nous déterminerait, puisque l'on ne prend pas la liberté de nier cette contrainte.

Toute obéissance, comme touteaction humaine, est donc réduite à la liberté originaire de la conscience humaine : l'obéissance n'exclut donc laliberté qu'à partir du moment où la liberté ne se reconnaît pas elle-même comme telle.. »

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