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N'obéit-on à la loi que par peur de la sanction ?

Publié le 01/03/2009

Extrait du document

 

Analyse du sujet :

 

  • Obéir : se plier à un ordre, obtempérer, ne pas enfreindre les lois qui régissent la société. Se distingue de la soumission parce que l’obéissance est un acte volontaire par lequel on reconnaît une certaine autorité.

  • Loi : règle obligatoire, prescription qui régit les rapports sociaux et à laquelle chacun se doit d’obéir. Comme le précise Rousseau dans le Contrat social, la loi est générale par son objet et par sa source car elle s’adresse non pas à un individu en particulier mais à tous. De plus, elle n’est pas le fruit de la réflexion d’un seul qui imposerait sa règle à tous les autres, mais elle est le résultat d’une volonté générale pour satisfaire le bien public et non le bien privé.

  • Sanction : mesure répressive infligée par une autorité à un coupable pour le punir d’un méfait, d’une faute ou d’un acte contraire à la loi civile. Peine prévue par la loi appliquée contre les personnes ayant commis une infraction.

  • Ne…que : restriction.

Problématique :

Il s'agit ici de s'interroger sur ce qui nous conduit à respecter les lois. En effet, si les lois étaient édictées sans qu'aucune sanction ne tombe pour celui qui ne les respecte pas, nous pouvons être amenés à penser que peu de lois seraient respectées. Il suffit pour cela de constater ce que peut produire "la peur du gendarme", de voir comment la présence des forces de l'ordre conduit traditionnellement à respecter la loi. Ce respect est ainsi semble-t-il fondé sur une forme de crainte. On peut d'ailleurs remarquer que la notion de respect est très proche de la crainte en ce qu'il impose une forme de distance. Respecter les pelouses c'est se tenir à distance, ne pas marcher dessus. On peut également remarquer que lorsque nous enfreignons la loi, nous nous attachons à le faire de manière masquée. Ainsi, si c'est la crainte de a sanction qui nous conduit à obéir aux lois, force alors est de constater que se manifeste là une logique pure de l'intérêt particulier. Les analyses de Hobbes dans le Léviathan montrent que l’état de nature est un état de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun parce que c’est un état dans lequel les lois instituées sont absentes, il donne l’argument suivant : si vous ne croyez pas que l’état de nature est tel et que les hommes spontanément cherchent leur propre intérêt et cherchent à abuser des autres, pourquoi ferme-t-on sa porte à clef quand on part en voyage ? Ainsi, nous obéirions aux lois dans un simple calcul de ce que l’on peut gagner et de ce que l’on peut perdre. Néanmoins, peut-on penser que les hommes ne sont animés que par cet intérêt particulier ? Ne peut-on pas penser que nous obéissons également aux lois pour des raisons morales, au nom de l'intérêt général ? En outre, ne peut-on pas distinguer différentes formes de désobéissance ? En effet, la réalité montre que la présence de gendarmes et de contrôles conduit les gens à rouler moins vite au volant, mais ce n’est peut-être pas l’existence des lois qui fait que nous ne tuons pas notre voisin quand il fait trop de bruit…N’est-il pas possible que nous agissions aussi parfois en tant qu’être moraux ? La force de la loi ne tient-elle pas aussi parfois dans son caractère moral ? Peut-être s'agit-il alors de montrer que si la crainte de la sanction est nécessaire pour conduire au respect des lois, celles-ci peuvent aussi être comprises comme servant l'intérêt de tous. Obéir à la loi n’est-il pas le moyen pour l’homme d’acquérir et de garantir sa liberté ? L’obéissance à la loi ne peut-elle pas devenir morale ?

 

« autorité souveraine est avantageux pour chaque individu.

En effet, sans ce pacte social, c'est un état deguerre de tous contre tous qui règnerait parce que l'homme est un être qui cherche à accroître sa puissanceet à satisfaire tous ses désirs.

Cela entraînerait des conflits perpétuels qui nuiraient aux individus.

Il est doncutile et avantageux de renoncer au droit d'agir à sa guise.

Obéir aux lois, c'est donc renoncer à la violence etcela sert finalement les intérêts de chacun.De plus, selon Rousseau, la loi exprime la volonté du peuple, la volonté générale.

En les respectant, le peupleobéit à lui-même.

Les lois doivent « partir de tous pour s'appliquer à tous », c'est le « peuple statuant sur lepeuple » ( Contrat social, II, 6 ). Ainsi, pour Rousseau, « la loi est le respect de la liberté ».

En me reconnaissant comme citoyen, je respecteles libertés d'autrui.

Ce n'est pas l'autre en tant qu'individu que je respecte mais la loi qui défend l'intérêtgénéral.Obéir aux lois, c'est donc se libérer du déterminisme naturel (nos désirs) et c'est aussi devenir autonome, caren obéissant aux lois qu'il s'est lui-même prescrit le peuple devient libre.

Il y a donc une vertu pédagogique dela loi : en obligeant l'homme à respecter la loi, on l'oblige à être libre.Enfin, la peur de la sanction ne serait-elle pas un garde fou pour faire régner la justice tant que l'homme n'estpas entièrement raisonnable ? 3- Obéir à la loi : une exigence morale : On doit obéir à la loi parce ce que c'est la loi, et ce pour préserver l'équilibre de la cité.C'est la thèse élaborée par Platon dans le Criton.

Pour Socrate, ce n'est pas la crainte de la sanction qui doit faire obéir aux lois.

Cette obéissance est un devoir moral.

Pour lui désobéir aux lois va contre le principe dejustice même.

Si l'on obéit seulement aux lois qui nous conviennent et nous avantagent, cela signifie que l'onutilise la loi comme un moyen.

Or, pour être sacrée, la loi doit être prise comme une fin.Par ailleurs, tant que l'homme obéit à la loi, même si c'est parce qu'il craint le châtiment, la justice estpréservée.

La loi comble en quelques sortes les lacunes de la raison humaine qui est encore à éduquer.

La peurde la sanction est utile tant que l'homme n'obéit pas de lui-même à la loi morale prescrite par la raisonpratique.

Selon Kant, cette loi morale s'exprime sous la forme d'une devoir et elle est universelle.

Cependantparce que l'homme est un être sensible qui doit apprendre à devenir raisonnable, la loi morale s'exprime sous laforme d'un impératif catégorique : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir enmême temps comme principe d'une législation universelle ». De ce fait, obéir à la loi qu'on s'est prescrite et pas seulement à celle qui nous est imposée constitue la forme la plus achevée de la liberté. Le sens de la formule kantienne. A.

— L'impératif moral — le Devoir — se distingue de tous les autres, lesimpératifs de la « prudence » ou de l'« habileté », par exemple, en ce queceux-ci ne sont que des impératifs hypothétiques, c'est-à-dire soumis à unecondition — « si tu veux obtenir tel résultat, tu dois employer tel ou telmoyen » — en ce que cet impératif moral est catégorique : le Devoircommande sans condition, ainsi que l'exprime le proverbe : « Fais ce que dois,advienne que pourra.

» Il en résulte, dit KANT, puisque « la loi ne contientaucune condition à laquelle elle soit astreinte », qu'il « ne reste rien quel'universalité d'une loi en général, à laquelle la maxime de l'action doit êtreconforme...

Il n'y a donc qu'un impératif catégorique, et c'est celui-ci : Agisuniquement...

a, etc.B.

— KANT donne quatre exemples de l'application de cette règle.

— 1° Lepremier est emprunté aux devoirs envers soi-même.

Un homme, désespéré àla suite de maux qu'il a subis, est tenté de se donner la mort.

Mais la maximede son action ne peut devenir une loi universelle de la nature.

Car ce seraitune contradiction que la disposition à vivre qui est en nous fût employée parnotre volonté à détruire cette vie elle-même.

— 2° Les devoirs envers autruipeuvent fournir un deuxième exemple.

Un homme, qui a besoin d'argent,promet de rendre ce qu'on lui prêtera, tout en sachant qu'il lui sera impossible de s'acquitter de sa dette.

Il est évident qu'une telle conduite devient, elle aussi, contradictoire dès qu'on enuniversalise la maxime.

Car le fait même de promettre deviendrait impossible si personne ne tenait ses engagements,ce qui détruirait toute confiance dans les promesses.

— 3° Le troisième et le quatrième exemples sont empruntés àce que KANT appelle les « devoirs imparfaits » ou devoirs larges.

Un homme, qui a des talents naturels, les laissesans culture parce qu'il se trouve dans une situation aisée et n'éprouve pas le besoin de les développer.

Certes, ici,on conçoit qu'une nature puisse subsister selon cette loi universelle de laisser ses dons sans culture.

Mais on nepeut vouloir raisonnablement que cela devienne une loi universelle : car tout être raisonnable veut nécessairementque toutes ses facultés,, qui lui sont données pour toutes sortes de fins possibles, se développent.

— 4° Supposonsenfin un homme juste qui ne fait de tort à personne, qui respecte scrupuleusement les droits de ses semblables,mais qui, voyant d'autres hommes aux prises avec de grandes difficultés, s'abstient de leur venir en aide, alors queses moyens lui permettraient de le faire.

Ici encore, on peut concevoir que cette façon de faire devienne une loiuniverselle.

Mais on ne peut pas vouloir qu'un tel principe soit érigé en loi universelle de la nature; car un ordre de lanature suppose nécessairement des relations de réciprocité; or, il peut arriver que, nous aussi, nous ayons besoinde la sympathie et du secours des autres.

— On le voit : il ne suffit pas, selon KANT, que la maxime de notre action. »

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