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LES OBJETS ET LES FORMES DE L'ATTENTION

Publié le 15/03/2011

Extrait du document

   Nous décrivons des faits; mais à propos de chaque fait nous verrons surgir une théorie qui estime que ce fait précis est caractéristique de l'attention; par exemple : pour les sensualistes, toute attention est au fond sensorielle.    A) L'attention sensorielle    Extérieurement, c'est la plus caractéristique : lorsqu'on oppose voir à regarder entendre à écouter, ces verbes indiquent qu'une certaine opération perceptive comporte de l'attention alors qu'une autre n'en comporte pas. Ce type d'attention est socialement très important : il peut assurer la sécurité, et déterminer la spécialité professionnelle de certains experts (un taste-vin). Peut-on tirer de ces faits toute une doctrine? c'est ce qu'a tenté Condillac (1715-1780). 

« L'intervention prolongée de l'attention dans les activités d'instinct ou d'habitude tend à en abolir la sûreté et à endésorganiser les mécanismes.

Une ancienne mélodie se reconstituait spontanément en ma mémoire : que monattention s'y applique, et la mélodie s'interrompt.

Le pianiste trop attentif à ses doigts, l'écrivain à son orthographe,l'orateur au choix de ses mots, l'élève à sa récitation voient leurs automatismes désorganisés par l'attention.L'attention était à sa place au moment où l'activité inexperte tâtonnait, cherchait sa direction.

En intervenant dansl'activité instruite, elle la fait rétrograder à la période des tâtonnements. Les preuves sont encore plus claires dans les exemples pathologiques.

Le Dr Pierre Janet a relevé le cas de malades« qui ne peuvent accomplir l'action qu'en restant dans un état de distraction », ou à condition que leur actionn'attire pas trop l'attention d'autrui : « Il ne faut pas se figurer que l'on rend toujours une opération plus facile quand on prétend aider celui qui agit.

Trèssouvent, cette aide complique énormément l'action et tel malade qui peut faire encore une action quand il est toutseul, en devient incapable quand une autre personne veut le regarder, le surveiller, le commander et surtout l'aider.» Nous pouvons d'ailleurs faire sur nous-mêmes des observations du même genre à un degré moindre.

C'est quel'attention est un appel à des forces supplémentaires d'ordre intellectuel.

Cette mobilisation intellectuelle exaspère lesentiment que le mécanisme moteur n'est pas au point et donc accroît le sentiment interne de la difficulté; unetâche facile devient difficile quand on y fait trop attention, car l'attention ressuscite le sentiment de la difficulté.C'est le paradoxe de l'attention; elle n'est pas toujours bienfaisante; c'est ce qu'on appelle le barrage de la volonté. Résumons les observations que nous avons recueillies jusqu'ici : l'attention dérange souvent le mouvementd'adaptation, elle ne le commande jamais, elle ne peut que faire répondre à des buts qu'elle définit avec précision;elle sert à bien orienter l'effort des forces physiques qu'elle ne peut créer; elle alerte les activités musculaires, leurdonne le départ; c'est ainsi que les coureurs doivent prendre le départ à un signal convenu quand s'abaisse ledrapeau du starter; les musiciens fournir un son vocal ou instrumental répondant à un geste du chef d'orchestre.L'efficience de l'attention reste intellectuelle : elle n'est jamais motrice.

2° La théorie périphérique de Ribot. Il est donc impossible d'admettre la théorie périphérique de Ribot, de ramener l'attention à une accommodationmotrice.

Il y a une attitude de l'homme attentif : on voit si des auditeurs sont attentifs ou non.

La physiologie leconfirme : le physiologiste décèle des accommodations des yeux et du tympan, des aspirations nasales, uneaccélération du cœur, une modification du pouls, une vaso-constriction (resserrement des vaisseaux sanguins) audébut de l'attention.

Un homme qui ne présente pas ces phénomènes externes ne fait pas attention; Ribot enconclut que l'attention consiste en ces phénomènes mêmes; cette théorie reparaîtra chez W.

James à propos del'émotion. Cette explication est assez superficielle : il est vrai que l'attention comporte normalement des phénomènespériphériques mais elle peut se dissocier, en cas de besoin, des attitudes extérieures qui la manifestentnormalement. Exemple : les convenances sociales nous forcent souvent à ne pas regarder directement le point sur lequel portenotre attention : ce qui nous intéresse se passe dans les zones marginales de notre champ visuel.

Si nous faisonsattention, non à ce qui est dans la direction apparente de nos yeux, mais à ce qui est sur le côté, nous verronssurtout ce qui est situé à la limite de notre champ de vision normal. Les phénomènes périphériques généraux qui sont invisibles comme le rythme cardiaque subsistent cependant : nousne pouvons dissocier qu'attention et attitude apparente; les phénomènes intérieurs subsistent : mais sont-ilsexplicatifs de l'attention? Henri Piéron qui aimait cependant les explications par la physiologie, ne pouvait admettrela thèse de Ribot : ces phénomènes accompagnent l'attention mais ils n'expliquent pas le choix du facteur sur lequelporte l'attention : « Il est tout à fait impossible de rendre compte par le simple jeu d'un clavier musculaire de l'orientation mentale quipermet de faire un calcul, de composer une poésie, de résoudre tel ou tel problème.

Les processus d'orientationmentale donnant la prédominance à telle ou telle forme d'activité quand il n'y a plus de participation nécessaire desactivités sensori-motrices sont inexplicables par un simple jeu des distributions d'activité dans le muscle.

Même enfaisant jouer un rôle mental à l'articulation verbale dans la pensée, on ne peut admettre que c'est dans le muscleque se trouve la clé de l'orientation de la pensée dans telle ou telle direction.

» C) L'attention intellectuelle Nous adopterons donc sur ce point les vues de M.

Pradines pour qui toute attention est intellectuelle, soit par saforme, soit par son objet et sa forme à la fois; ce n'est donc pas une forme particulière de l'attention, c'en est lemode normal, universel.

Sous toutes ses formes, l'attention est la tension d'une activité intellectuelle qui, mêmequand elle oriente les mouvements, donne un sens aux impressions, a son autonomie, son caractère de processuscentral.. »

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