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les obstacles de l'épistémologie

Publié le 16/12/2005

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D'où l'idée d'une psychologie et, partant, d'une psychanalyse de l'esprit scientifique. Le premier obstacle que nous rencontrons est, de ce point de vue, exemplaire : il s'agit de l'expérience première. En effet, l'esprit préscientifique croit naïvement que tout ce qui peut s'observer dans la nature est source de connaissance. Bachelard prend l'exemple d'une explosion mise en scène, les produits explosifs étant recouverts de terre disposée en forme de cône. À la suite de l'explosion, le public pense avoir pénétré l'essence du volcanisme et ainsi expliqué un phénomène extraordinaire. Alors qu'en elle-même l'expérience renvoie à une réaction chimique scientifiquement analysable, l'esprit la recouvre de tous ses désirs, dont celui de pénétrer le mystère de l'univers. Le fait est que, pour l'esprit scientifique, n'importe quelle situation peut donner lieu à n'importe quel observation. La distinction même entre le scientifique et son public est mince : chacun peut venir apporter ses remarques et ses intuitions propres quant à ce qui s'est produit. Mais examinons deux autres obstacles en détail, avant d'en venir à l'interprétation plus globale de la notion d'obstacle épistémologique. II - Différents types d'obstacles épistémologiques           Parmi les différents obstacles repérés par Bachelard, retenons les obstacles substantialiste et verbal.
L’idée d’obstacle épistémologique a connu de longs et intéressants développements dans un ouvrage de Gaston Bachelard : La formation de l’esprit scientifique. Pour ce philosophe, la formation de l’esprit scientifique consiste à surmonter un certain nombre d’obstacles épistémologiques, permettant ainsi de passer de l’esprit préscientifique à l’esprit scientifique lui-même, pleinement objectif et rationnel.
Objectif et rationnel, puisque le propre de l’esprit préscientifique consiste à se laisser aller aux pulsions inconscientes qui travaillent la connaissance objective. En d’autres termes, il s’agit de psychanalyser l’esprit humain, afin qu’il se rende compte de tous les désirs dont il investit l’objet de ses recherches. Nous allons brosser à grands traits le parcours de l’ouvrage afin de clarifier ces idées, notamment par l’évocation d’exemples précis.

« Conclusion : Ainsi, le propos de Bachelard est extrêmement intéressant, puisqu'il prend appui sur la méthodepsychanalytique, montrant comment les obstacles au progrès de l'esprit se trouvent produits par l'esprit lui-même.Prenons, en guise de conclusion, deux exemples.

Voici d'abord ce qu'écrit un auteur préscientifique se laissant allerà ses rêveries, faisant de la dilatation la cause de remarques aberrantes puis le principe de l'univers : « Puisque le feu dilate tous les corps, puisque son absence les contracte, les corps doivent être plus dilatés le jour que la nuit, les maisons plus hautes, les hommes plus grands, etc.

ainsi tout est dans la Nature dans deperpétuelles oscillations de contraction et de dilatation, qui entretiennent le mouvement et la vie dans l'Univers ». À l'inverse, au 19 ème siècle, Georg Ohm rend compte des différents conducteurs électriques en formant le concept abstrait de résistance, qui n'a rien à voir avec des qualités sensibles (le fait que l'électricité soit une glu,par exemple), mais qui renvoie à la formulation précise d'une loi chargée d'expliquer des phénomènes précis et isolés. SUPPLEMENT: LA NOTION D'« OBSTACLE EPISTEMOLOGIQUE » (BACHELARD) Penser contre une connaissance antérieure.• « C'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de laconnaissance scientifique », disait Bachelard (La Formation de l'espritscientifique, 1938).• On connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant desconnaissances mal faites » (Ibid.)«• « L'esprit scientifique doit se former en se réformant » (Ibid.). Penser contre l'expérience première.« Dans la formation d'un esprit scientifique, dit aussi Bachelard, le premierobstacle, c'est l'expérience première.

» (La Formation de l'esprit scientifique,1938).

Ce qui entrave la pensée scientifique contemporaine, au moins dans satâche d'enseignement, c'est un « attachement aux intuitions usuelles », c'estl'« expérience commune prise dans notre ordre de grandeur » (Ibid.).De nos jours, ni la microphysique ni l'astrophysique ne peuvent donner droitde cité à des concepts pourtant « évidents » aux yeux du sens commun :invariance de la masse, tridimensionnalité de l'espace, etc. Prudence expérimentale ou sensualisme. a) Qualités premières et qualités secondes. • Descartes (1596/1650), suivi par Locke (1632/1704) sur ce point.

soulignait la différence entre qualités premièreset qualités secondes ( la terminologie est celle de Locke, mais la distinction se trouve déjà chez Descartes).

Lesqualités premières d'un objet (sa forme, par exemple) sont celles dont la perception que nous en avons correspond àune qualité réelle de l'objet; les qualités secondes (couleur, chaleur, etc.) sont, elles, une traduction dans notreesprit de certaines propriétés de l'objet.

Les sensations ne sont pas nécessairement conformées à la ressemblancedes objets réels, affirment donc ces philosophes (par ex., la plupart des animaux ne perçoivent pas les différencesd'intensités lumineuses sous forme de couleurs : le bleu du ciel n'existerait pas sans un spectateur dont l'œil traduitl'intensité lumineuse en couleurs). Descartes écrit même : « aucune idées des choses ne nous sont représentées par eux (= nos sens) telles que nousles formons par la pensée » (Notas in programma, 1647). b) Le sensualisme.Un sensualisme intégral aboutirait, en fin de compte, au phénoménisme, c'est-à-dire à des aberrations du genre decelles qu'on a attribuées à Épicure (nr s.

av.

J.-C.

) : celui-ci aurait soutenu que la taille du Soleil doit être du mêmeordre que celle de son image sensible ! N.B.

: Quant aux objets qu'étudie la microphysique contemporaine (atomes, particules infra-atomiques, etc.)—parce qu'ils sont inobservables directement, il va de soi que leur étude ne saurait dériver de l'expérience sensibleimmédiate.

L'expérience ne vient jamais, dans ce domaine, que confirmer un effet prévu par le calcul.

(Cf.

la formulede Bachelard : « Il faut réfléchir pour mesurer et non pas mesurer pour réfléchir» (La Formation de l'espritscientifique, 1938). LISEZ ! • Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, PUF.. »

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