Devoir de Philosophie

L'oeuvre de Brontë

Publié le 22/04/2010

Extrait du document

POÈMES PAR CURRER, ELLIS ET ACTON BELL (1846)

 

LES HAUTS DE HURLE-VENT (1847)

 

POÈMES (1906)

 

ŒUVRES COMPLÈTES (1910)

 

POÉSIES COMPLÈTES (1924)

BRONTË (Emily), écrivain anglais (1818-1848), auteur du roman Les Hauts de Hurlevent (1847), elle marque le passage littéraire du style gothique au réalisme romantique.

« entière.

Elle devient amour.

Elle absorbe ensuite les désirs dévorants d'amour dont les siens sont la proie.

Petit à petit, sans jamais esquisser le moindre geste de passion ou de révolte, elle accomplit sa mission terrestre.

Extérieurement, elle n'est qu'une belle jeune fille dont le dévouement, la douceur sont devenus légendaires dans la contrée.

C'est elle qui fait l'ordre dans la maison familiale où règne une pro­ preté méticuleuse; c'est elle qui lave le linge, raccommode, astique les meubles, les cuivres, le carrelage; c'est elle qui prépare les repas, qui pétrit le pain; c'est elle encore qui se rend par n'importe quel temps chez les pauvres et les malades.

Elle rafraîchit leur front avec ses mains, leur âme avec son silence.

Plus elle s'adonne à ses activités de ménagère; mieux, elle préserve au-dedans d'elle le vide où commencent à s'agiter, aimer et souffrir ses personnages.

Elle écrit enfin leur aventure d'un seul trait, comme s'il s'agissait de se délivrer d'elle en eux, de s'en remettre à leur destin, aveuglément.

On pourrait croire qu'elle se supprime au profit de leur univers de passions et de haines qui est plus démoniaque et plus sacré que la vie elle-même.

Dès lors, la maison du pasteur Brontë semble frappée par une foudre lente qui détruira ses habitants les uns après les autres; rage de destruction nécessaire puisque l'œuvre accomplie commence à prendre son essor.

C'est Branwell qui meurt le premier d'une crise de delirium tremens.

Les Hauts de Hurle- Vent élèvent davantage leur voix désespérée.

On lit le livre dans toute l'Angleterre, on le juge avec surprise, avec sévérité, on tente en vain de découvrir la véritable identit~ de ce rude écrivain qui se cache sous le pseudonyme de Ellis Bell, puis on le condamne.

Donc il existe, il fait résonner partout sa cruelle plainte d'amour mêlée à celle de la tempête; il jette dans les milieux lettrés les reflets de son âme possédée.

La maison Brontë se fait plus muette, moins hospitalière.

Emily, que la mort de son frère a brisée, s'étiole.

Mais elle continue d'assumer les travaux du ménage, elle poursuit à travers la lande ses randonnées quotidiennes, tandis que la vie fuit d'elle par mille blessures.

Charlotte, l'aînée, et Ann, la cadette pressentent le drame.

Elles la supplient de prendre du repos, d'accepter les soins d'un docteur; elles la harcèlent de leur tendresse bouleversée, mais Emily ne veut rien savoir.

La douce et la patiente entre dans de violentes colères, interdit la porte de sa chambre, interdit qu'on lui parle de sa santé.

Elle s'obstine à se coucher tard, à se lever tôt, grelottante de fièvre, ravagée par la toux.

Puis, un matin, pendant qu'elle se coiffe, elle tombe.

Et lorsque le médecin appelé par Charlotte arrive, Emily Brontë n'est plus.

La maison devient plus sonore et plus glacée.

Ann s'éteint quelques mois plus tard, ensuite c'est au tour de Charlotte d'être enlevée; et le révérend Brontë quitte enfin cette terre après six années de survivance.

Les Hauts de Hurle- Vent grondent bientôt dans le monde entier.

Issu d'un cœur de femme, le livre est devenu lui-même un cœur puissant, multiple, mi-mâle, mi-f~melle.

Heathcliff le démon en assume le sang mâle; Cathy la sauvage en assume le sang femelle.

Il y a d'abord l'enfance de ce cœur en qui rayonnent les espoirs, les élans capricieux.

Il y a le ruissellement de deux âmes parallèles qui cherchent à se fondre l'une dans l'autre mais qui retardent cet instant béni par jeu, par méchanceté aussi, et parce qu'elles se savent habitées par le même démon de pureté.

Elles s'aiguisent aux simulacres de la haine, à ceux de la solitude et du silence.

Et puis brusque­ ment les âmes s'aperçoivent qu'il est trop tard.

Heathcliff et Cathy sont arrachés l'un à l'autre, et l'immense cœur d'Emily Brontë saigne à n'en plus finir.

Les deux âmes prédestinées se rejoignent enfin au moment où Cathy, touchée par les grâces insignes de l'amour et de la mort, accueille Heathcliff.

Les amants s'étreignent en une seconde de connaissance fulgurante où rien n'a plus le pouvoir de les séparer.

On a mal et pitié pour Heathcliff et Cathy, mal et pitié pour Emily en songeant que sa traversée de la vie n'a été qu'un dialogue constant et modeste avec la mort.

Elle n'a connu ni enfance, ni jeunesse, ni vieillesse.

Et tous les siens, malgré eux, ont été conviés à la même étrange fête de dépouillement.

On ne peut qu'éprouver émotion et joie devant la paix qui est sienne à jamais, éprouver la même émotion et la même joie devant l'orage que les Hauts de Hurle- Vent ne cesseront de faire gronder dans nos cœurs.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles