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L'oeuvre de Musil

Publié le 22/04/2010

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Musil, (Robert), écrivain autrichien (1880-1942); il dévoile sans aucune complaisance les messages et les faux-semblants de la société de l'époque (Les Désarrois de l'élève Tôrless, 1906) et cherche dans son oeuvre maîtresse (L'Homme sans qualités, 1933-1943) à rendre l'au-delà des apparences et le caractère factice de la réalité.

 

  • ROMANS

 

LES DÉSARROIS DE L'ÉLÈVE TOERLESS (1906)

NOCES (1911 )

TROIS FEMMES (1923)

L'HOMME SANS QUALITÉS (1930)

 

  • THÉATRE

 

LES EXALTÉS (1921)

VINCENT ET L'AMIE DES PERSONNALITÉS (1924)

 

  • ESSAIS

 

SUR LA BÊTISE (1937)

L'EUROPE SANS DÉFENSE, trois essais (1961)

ŒUVRES POSTHUMES (1936)

ŒUVRES COMPLÈTES (3 vol.) (1952‑1955‑1957)

 

« travailler à l'achèvement de l'Homme sans qualités.

Mais en août 1938, ce fut Vienne qu'il dut quitter.

Septembre le voit arriver à Zurich.

Puis il s'installe à Genève où il vit dans une solitude presque totale, reprenant inlassablement, au milieu des pires difficultés matérielles et morales, ce chef-d'œuvre qu'il n'achèvera pas.

Une apoplexie cérébrale l'emporte en 1942.

Un an après sa mort, sa veuve parvenait à faire paraître, à Lausanne, un troisième volume qui comportait des chapitres prêts à l'impression et un choix dans la masse considérable des manuscrits et ébauches pour la fin du roman.

Mais.ce n'est que dix ans plus tard que l'œuvre, enfin rééditée par les soins d'Adolf Frisé, devait commencer à rayonner dans le monde.

L'œuvre de Musil comporte donc un roman de jeunesse, les Désarrois de l'élève Torless, qui, à travers une histoire d'internat militaire, laisse pressentir le déchaînement de barbarie du nazisme, deux recueils de nouvelles, deux pièces de théâtre, un recueil de petites proses poétiques ou critiques, d'assez nombreux essais et articles dispersés, un très volumineux journal (moins un journal intime qu'un ensemble de notes de lecture et de travail), enfin l'œuvre essentielle, immense, inachevée qu'est l'Homme sans qualités.

Le cadre prévu pour ce roman (cadre que Musil n'aura pu entièrement remplir) était le suivant.

Musil voulait non pas raconter une vie, mais analyser l'« histoire d'un esprit » dans le monde actuel, et cet esprit s'incarnait dans le personnage d'Ulrich, double ironique de l'auteur, « homme sans qualités », c'est-à-dire homme dont les qualités, positives ou négatives, ne peuvent s'employer à rien, faute d'un centre, faute d'un sens qui les ordonne.

Au début du roman, situé en août 1913, Ulrich, après quelques tentatives décevantes dans différentes carrières, décide donc de s'accorder un an de congé, de se retirer en quelque sorte de sa vie pour réfléchir sur elle.

Mais il se trouve embarqué, à ce moment précis, dans une aventure toute contraire.

Comme l'année 1918 doit voir un double jubilé, celui de François-Joseph Jer et celui de Guillaume II, Musil imagine qu'un groupe de patriotes autrichiens fonde un comité pour donner à l'anni­ versaire de leur empereur une signification universelle, afin d'éclipser cel~i du « frère prussien ».

C'est l'action dite de ce fait « parallèle », au sein de laquelle Ulrich se voit confier contre son gré un rôle central, de sorte qu'il passe les six premiers mois de son année de méditation dans un tourbillon de personnages : aristocrates, industriels, fonctionnaires, beaux esprits, militaires, tous occupés à chercher la « grande Idée » qui illustrera ce jubilé et du même coup fera le salut du monde; extraordinaires caricatures de l'idéalisme moderne, reflets ridicules ou dénaturés de la recherche même d'Ulrich.

Tel est le cadre de la première partie de l'œuvre, la seule inté­ gralement achevée, celle qui parut en 1930.

Au bout de ces six mois, il semble donc qu'Ulrich se soit enlisé dans le marécage des vaines parlotes, quand la mort de son père lui fait retrouver Agathe, une sœur dont il avait presque oublié l'existence et en qui il reconnaît aussitôt son « double » fémit,in.

Alors commence entre le frère et la sœur une aventure « aux limites de l'impossible » où, par la grâce du Désir irréalisé, ils approchent de cet « autre état » auquel Musil n'avait cessé de rêver depuis sa jeunesse, et qui constitue un bouleversement total de nos rapports avec le monde et avec autrui, analogue à l'extase mystique.

Alors, histoire, science, action ne semblent plus qu'un vain bruit; l'ironie la plus étincelante cède au lyrisme le plus dense, qui donne à certains chapitres de cette seconde partie une lumière unique.

Mais l' « autre état » ne résout aucun des problèmes du quotidien; l'action parallèle comme le« Voyage au Paradis » débouchent, devaient déboucher sur la mobilisation d'août 1914.

L'année de congé n'a pas empêché la catastrophe.

L'œuvre, néanmoins, conformément à la nature de son auteur pour qui le possible a toujours compté plus que le réel, reste ouverte, et sans doute ne se fût jamais achevée, sans conclusion, prête à repartir au-delà, question et non réponse, mais question plus riche, plus rigoureuse, plus profonde et finalement plus positive que la plupart des réponses qu'ont si vite fait de donner des écrivains moins exigeants.

PHILIPPE JACCOTTET. »

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