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L'oeuvre de Rilke

Publié le 17/03/2010

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rilke

 

VIE ET CHANSON ( 1894)

DANS L'ATTENTE DU CHEMIN DE LA VIE (1896)

MAINTENANT ET A L'HEURE DE NOTRE MORT (1896)

SACRIFICE AUX LARES (1896)

POUR LE GEL MATINAL (1897)

AURÉOLE DE RÊVES (1897)

AVENT (1898)

SANS PRÉSENT (1898)

VERS LA VIE (1898)

DEUX HISTOIRES DE PRAGUE (1899)

POUR MA FÊTE (1899)

HISTOIRES DU BON DIEU ET D'AUTRES (1900)

LES DERNIERS (1902)

LE LIVRE DES IMAGES (1902 et 1906)

LE LIVRE DE LA VIE MONASTIQUE (1905)

LE CHANT DE L'AMOUR ET DE LA MORT DU CORNETTE

CHRISTOPHE RILKE (1906)

NOUVELLES POÉSIES (1907‑1908)

REQUIEM (1909)

LES CAHIERS DE MALTE LAURIDS BRIGGE (1910)

LA VIE DE MARIE (1913)

ÉLÉGIES A DUINO (1923)

SONNETS A ORPHÉE (1923)

VERGERS (1926)

(poèmes en français)

JOURNAL FLORENTIN ( 1927)

LETTRES A UN JEUNE POÈTE (1929)

 

 

C’est en 1906 que Rainer Maria Rilke devient à Meudon le secrétaire de Rodin. Déjà alors il a composé une partie importante de son œuvre. C’est lui-même qui affirme que sa réalité poétique commence en 1899, 1900. Avant d’être au service de Rodin avec lequel il ne tarde pas à se brouiller, il a donné entre 1900 et 1905 les trois volets du Livre d’heures que sont Le Livre de la vie monastique, Le Livre du pélerinage, Le Livre de la pauvreté et de la mort. Il a déjà composé certains des textes qui paraîtront dans le recueil des Nouveaux Poèmes, édité en 1907, et il a commencé le grand texte en prose que sont Les Cahiers de Malte Laurids Brigge. (S’il a écrit les Lettres à un jeune poète, celles-ci ne paraîtront qu’en 1929, trois ans après sa mort.) Ces Cahiers sont le lieu d’une méditation. Les “ éléments insaisissables ” de la vie en sont l’objet. Cette méditation est plus intense, étrangement sereine et désespérée encore lorsque Rilke entame le cycle des Élégies auxquelles il consacre dix années de sa vie. Enfin, il compose les Sonnets à Orphée, accomplissement où l’absence est une intimité, une chute immobile, l’approche d’un temps où vie et mort se confondent.  

 

rilke

« naîtra une fille.

Mais l'année suivante, il a déjà déserté son foyer.

Sur l'amour et le mariage, il a son idée : l'amour est un surcroît de solitude et il n'y a pas de ménage heureux, sinon celui où chacun jàit de l'autre le gardien de sa propre solitude.

Cet incoercible besoin d'évasion hors des êtres et des choses est un trait fondamental de sa nature.

Il y a en lui un réflexe rétractile.

S'il n'a certainement pas subi à l'école militaire un régime qui permette d'évoquer les Souvenirs de la maison des morts, en revanche les brutalités de ses cama­ rades et ses fréquentes maladies l'y ont fait prendre conscience de sa débilité comme d'une tare.

Il frise l'hypocondrie, se compose des menus végétariens, craint les dangers.

>, résume quelqu'un.

Mais à bien prendre, lui y gagnait : à l'opposé de Henri Heine, qui faisait de ses grandes douleurs de petites chansons, il en fera de grandes, de douleurs en apparence infimes, et ses angoisses nourriront son œuvre : il faut que les soucis restent frais.

C'est qu'il n'y a contre maux et périls d'autre protection que leur transmutation, qui incombe au génie.

Il faut qu'ils soient aufgebraucht (élaborés), mués en valeur d'art, ce à quoi ils ne se prê­ teront que portés à leur plus haut degré d'acuité.

De ce pouvoir magique de transposition qui l'habite et le sauve de la destruction, Rilke tire un orgueil tel que, plus d'une fois, on n'en croit pas ses yeux en le lisant.

Lorsqu'il vient à parler de cette « mission sacrée» ou de ce «sacerdoce» dont il s'estime investi, le ton prophétique qu'il adopte donne parfois le vertige.

Il se compare, par exemple, à quelque personnage insignifiant cueillant des simples dans les bois, pendant qu'alentour les troncs s'élancent dans l'adoration.

« Mais un jour, dit-il, je préparerai mon breuvage, où, pour le seul amour de leur puissance, seront unis les sucs les plus vénéneux et les plus mortels.

Et j'élèverai ce breuvage vers Dieu, afin qu'il étanche sa soif et sente sa splendeur couler dans ses veines.

» Il achève ses Elégies « glorieusement » et, pendant qu'il y travaillait, il « clamait, estime-t-il, d'énormes comman­ dements » et « recevait des signaux venus du cosmos >>, auxquels il répondait par « d'immenses salves tonitruantes » ( Salutschüsse) ...

Bien entendu, celui que le sort destine à de pareils exploits ne peut être que l'instrument d'une volonté supérieure.

Il écrit sous une «mystérieuse dictée».

Seul parmi les sourds, il entend.

Mais on n'écoute que dans le silence.

S'il ne «fait que de rares signes», c'est qu'il « ressemble au chasseur à l'affût, qui craint d'effaroucher le gibier qui approche ».

Rien ne l'attache à aucun homme; rien, non plus, ne l'enchaîne à aucun lieu.

A Prague, capitale de province, il se sent, à bon droit, étranger, et l'on ne se trompe pas tout à fait en affirmant qu'il a passé sa vie en quête d'une patrie.

Peut-être l'aurait-il découverte dans la Vienne de Hoffmannsthal, de Schnitzler, d'un nouvel art décoratif.

Il lui préfère Berlin, bien qu' "in­ fâme" (schandlich).

Il ne cesse de rêver à un bonheur stable, envie Francis Jammes, assis dans une chambre silencieuse de la maison paternelle.

Malgré quoi, lorsque, sur le tard, un mécène lui offre le petit château de Muzot, qu'il convoite, il veut partir au bout d'un an.

Tout jeune, il avait déjà compris que sa patrie n'était pa~ de ce monde: «L'artiste n'a de patrie qu'en lui-même.» Il condamne la tendance en art mais écrit des pièces à thèse.

« Pour tous, contre personne », il y va quand même, en 1914, de son couplet quasi-patriotique, approuve ensuite la révolution bavaroise, « victoire sur les abus, au profit de la plus profonde tradition », prend part à des réu­ nions publiques, et, lorsque triomphe le communisme russe, il estime que « la chère et grande Russie fait vraiment le premier pas purement humain ».

Il ne croit pas en Dieu, mais porte une croix d'argent sous son veston, s'agenouille, peu de temps avant de mourir, dans une chapelle et vit, au surplus, dans l'intimité des revenants et des fantômes.

Il abomine le Christ, qui lui a enseigné de tendre l'autre joue à ses bourreaux de Sankt-Pôlten.

Il le nomme un obstacle sur le chemin de Dieu, un téléphone éternellement muet entre Dieu et les hommes.

« De quoi se mêle­ t-il, ce Christ qui ne sait rien de la vie? » Mais ce ne sont là que trivialités suspectes d'apostat : jamais lamentation pieuse n'a déploré avec une commisération plus pathétique la détresse de ce Christ, seul avec le chagrin de tous les hommes, montant, tout gris dans la grisaille du Mont 339. »

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