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L'opposition de la matière et de l'esprit est-elle une évidence du sens commun ?

Publié le 27/01/2004

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esprit
TEXTE 2 BACHELARD. Après avoir publié en 1932 Le Pluralisme cohérent de la chimie moderne, Gaston Bachelard publie en 1953 un second ouvrage consacré à l'épistémologie de la chimie, Le Matérialisme rationnel, où il tente de dégager le sens véritable du concept de matérialisme lorsqu'il s'applique à la chimie contemporaine. Loin d'être un concept simple, renvoyant à une matière simple et solide, le matérialisme rationnellement compris renvoie à des substances complexes, de sorte qu'il importe de substituer à une « phénoménologie des choses » (solides) une « phénoménologie de la matière », où cette dernière relève plus du construit que du donné. "Dès qu'on suit l'évolution des connaissances scientifiques sur la matière dans la période contemporaine, on est amené à s'étonner que le matérialisme puisse encore être tenu, par les philosophes, comme une philosophie simple, voire comme une philosophie simpliste. En effet, les problèmes envisagés par les sciences de la matière se multiplient actuellement et se diversifient avec une telle rapidité que le matérialisme scientifique - si seulement on le suit dans le détail de ses pensées effectives - est en passe de devenir la philosophie la plus complexe et la plus variable qui soit. On choquerait un psychologue en lui disant que les combinaisons psychologiques sont moins nombreuses et moins délicates que les combinaisons chimiques. Et pourtant les faits sont là : la production d'idées et d'expériences, dans la chimie contemporaine, dépasse la mémoire d'un homme, l'imagination d'un homme, la puissance de compréhension d'un homme. Il faut ici - nous le remarquons souvent - que les hommes s'unissent pour savoir et pour comprendre, pour toucher aux points d'où part le mouvement du savoir. Inutile de répéter que l'homme est ondoyant et divers. Il « ondoie » faiblement et sa diversité contingente cache mal une pauvreté profonde.
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« TEXTE 1 EPICURE, Lettre à Hérodote (Ille siècle av.

J.-C.) TEXTE 2 BACHELARD. Après avoir publié en 1932 Le Pluralisme cohérent de la chimie moderne,Gaston Bachelard publie en 1953 un second ouvrage consacré àl'épistémologie de la chimie, Le Matérialisme rationnel, où il tente de dégagerle sens véritable du concept de matérialisme lorsqu'il s'applique à la chimiecontemporaine.

Loin d'être un concept simple, renvoyant à une matière simpleet solide, le matérialisme rationnellement compris renvoie à des substancescomplexes, de sorte qu'il importe de substituer à une « phénoménologie deschoses » (solides) une « phénoménologie de la matière », où cette dernièrerelève plus du construit que du donné. "Dès qu'on suit l'évolution des connaissances scientifiques sur la matière dansla période contemporaine, on est amené à s'étonner que le matérialismepuisse encore être tenu, par les philosophes, comme une philosophie simple,voire comme une philosophie simpliste.

En effet, les problèmes envisagés parles sciences de la matière se multiplient actuellement et se diversifient avecune telle rapidité que le matérialisme scientifique — si seulement on le suitdans le détail de ses pensées effectives — est en passe de devenir laphilosophie la plus complexe et la plus variable qui soit.

On choquerait unpsychologue en lui disant que les combinaisons psychologiques sont moins nombreuses et moins délicates que les combinaisons chimiques.

Et pourtant les faits sont là : la production d'idéeset d'expériences, dans la chimie contemporaine, dépasse la mémoire d'un homme, l'imagination d'un homme, lapuissance de compréhension d'un homme.

Il faut ici — nous le remarquons souvent — que les hommes s'unissentpour savoir et pour comprendre, pour toucher aux points d'où part le mouvement du savoir.

Inutile de répéter quel'homme est ondoyant et divers.

Il « ondoie » faiblement et sa diversité contingente cache mal une pauvretéprofonde.

Pour trouver, dans l'homme même, une véritable richesse psychologique, une voie certaine est d'allerchercher cette richesse au sommet des pensées.

On peut alors saisir l'homme dans sa volonté d'oeuvre coordonnée,dans la tension de la volonté de penser, dans tous ses efforts pour rectifier, diversifier, dépasser sa propre nature.Et les preuves les plus tangibles de ce « dépassement », ne les trouverons-nous pas dans le dépassement de lacommune expérience, dans le dépassement de la nature elle-même ? Car, qu'on le veuille ou non, tout se double,dans l'homme, par la connaissance.

A elle seule, la connaissance est un plan de l'être, elle est le plan de potentialitéde l'être, potentialité qui s'accroît et se renouvelle dans la mesure même où la connaissance s'accroît.

La sciencecontemporaine fait entrer l'homme dans un monde nouveau.

Si l'homme pense la science, il se renouvelle en tantqu'homme pensant."Gaston Bachelard, Le Matérialisme rationnel, « Phénoménologie et matérialité », © PUF, 1953, p.

1 et 2. TEXTE 3 : EINSTEIN et INFELD, L'Évolution des idées en physique (1938) Einstein tire dans ce texte les conséquences de ses découvertes de 1905 sur la nature de l'objet de la physique.

Il aen effet montré alors que la masse d'un corps peut diminuer à la suite d'une émission d'énergie, et que parconséquent, masse et énergie sont convertibles.

Ceci remet en cause l'idée que les corps et l'espace parcouru parl'énergie (le champ) sont deux réalités différentes. "Pouvons-nous considérer la matière et le champ comme deux réalités différentes et distinctes ? Une petite particulede matière étant donnée, nous pourrions nous figurer naïvement qu'il existe une surface définie de la particule au-delà de laquelle elle cesse d'exister et où apparaît son champ de gravitation.

Dans cette image, la région où les loisdu champ sont valables est brusquement séparée de celle où se trouve la matière.

Mais quels sont les critèresphysiques qui permettent de distinguer entre la matière et le champ ? Avant d'avoir connu la théorie de la relativité,nous aurions pu tenter de répondre à cette question de la manière suivante : la matière a une masse, tandis que lechamp n'en a pas.

Le champ représente de l'énergie, la matière représente de la masse.

Mais nous savons déjàqu'une telle réponse est insuffisante quand on considère les connaissances ultérieurement requises.

La théorie de larelativité nous a appris que la matière représente d'immenses réservoirs d'énergie et que l'énergie représente de lamatière.

Nous ne pouvons pas ainsi distinguer qualitativement entre la matière et le champ, puisque la distinctionentre la masse et l'énergie n'est pas d'ordre qualitatif."Einstein et Infeld, L'Évolution des idées en physique, « Champs-Flammarion », © Éditions Flammarion, 1983, p.

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