ORAISON FUNÈBRE DE MICHEL LE TELLIER

« état, Non, no·n, ne le cro)'ez pas, que la justice habite ja­ mais dans les dmes où l'ambition domine ...

» 2o L'homme politique montra sa sagesse pendant la Fronde et resta fidèle à Mazarin qui sut le récompenser.

Ici se place le portrait de Retz dont le trait final est si vi­ goureux: « •.• Mais pendant qu'il voulait acquérir ce qu'il devait un jour mépriser, il remua tout par de secrets et puis­ sants ressorts; et après que tous les partis furent abattus, il sembla encore se soutenir seul, et seul encore menacer le favori victorieux, de ses trist es et intr épides regards ».

3° Parvenu au sommet des honneurs judiciaires, Le Tellier chancelier montra toujours une justice exacte et prompte.

Il respecta et soutint les droits de l'Eglise; ce fut avec bonheur qu'il scella l'acte de révocationdel'éditdeNan­ tes: « Dieu lui réservait l'accomplissement du grand ou v rage de la religion ; et il dit, en scellant la révocation du fameux édit de Nantes, qu'après ce triomphe de la foi et un si beau monument de la piété du roi, il ne se souciait plus de finir ses jours ».

Dans la péroraison : " Vivons comme lui, si nous vou­ lons mourir comme lui » l'apostrophe finale est célèbre : « Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans votre poussière!.

..

Ah I si quelques générations, que dis-je? quelques années après votre mort, ''ous reveniez, hommes oubliés, au milieu du monde, vous vous hâteriez de rentrer dans vos tombeaux, pour ne pas voir votre nom terni, votre mémoire abolie, et votre préVO)'ance trompée dans vos amis, dans vos créatures, et plus encore dans vos héritiers et vos enfants.

Est-ce là le fruit du travail dont vous vous êtes consumés sous le soleil, vous amassant un trésor de haine et de colère éternelle au juste jugement de J)ieu? » III.

Apprécia&ion.

1 • Défauts.

L 'é loge donné à cette âme " supérieure à l'ambition " est excessif: de fait, Le Tel­ lier profita de toutes les circonstances afin de pousser sa for­ tune et celle de sa famille.

On a critiqué aussi les solennelles actions de grâces au " nouveau Constantin " pour la rt!voca­ tion de l't!dit de Nantes: c'est un manque de vue qu'il serait injuste de trop reprocher à Bossuet.. »