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ORIGINE DE LA VIE. — ANTHROPOLOGIE (EPICURE)

Publié le 19/03/2011

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epicure

   Origine de la vie. — Rien dans le monde n'étonne et ne trouble plus les hommes que l'existence des êtres vivants : d'où viennent leurs espèces si nombreuses et si variées qui se nourrissent et se multiplient sur la terre, dans l'eau et dans l'air? comment se fait-il que les animaux soient capables de sentir et de se mouvoir ? comment s'explique l'admirable prévoyance qui se montre dans l'agencement de leurs organes, dans la succession de leurs mouvements instinctifs? Ils ne pensent pas, puisqu'ils restent muets, et cependant ils semblent être les dépositaires d'une sagesse plus qu'humaine.    Pour Épicure, la vie n'a rien de mystérieux : les principes qui servent à expliquer le monde et le« phénomènes qui s'y passent, suffisent aussi h rendra compte de la formation des espèces vivantes qui le remplissent, Ne croyons pas qu'un câble d'or les ait descend dues du ciel dans les campagnes. Elles n'ont pu sortir que du monde lui-même : c'est la terre qui les a engendrées spontanément.

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« Pour détruire ces légendes, il faut bien qu'Épicure esquisse l'histoire véritable de l'espèce humaine, et fixe lesprincipes d'une sociologie positive. La civilisation n'a pas surgi tout à coup par une création divine : elle a été lentement conquise par les générationssuccessives, qui ont su profiter peu à peu des leçons de l'expérience. Il n'y a pas eu d'âge d'or ; les premiers hommes étaient de véritables animaux ; ils ne savaient rien et vivaientdénués de tout.

« Leurs corps étaient beaucoup plus durs que ceux des hommes d'aujourd'hui ; c'étaient les dignesenfants de la terre.

La charpente de leurs os était beaucoup plus grande et plus solide, des muscles puissantsreliaient tous leurs organes ; ni la chaleur, ni le froid, ni le changement de nourriture, ni les maux auxquels noussommes sujets n'avaient prise sur ces corps robustes.

Le soleil accomplit maintes fois sa révolution dans le cielavant qu'ils connussent d'autre vie que les mœurs vagabondes des bêtes sauvages.

On ne voyait point encore lerobuste laboureur manier la charrue recourbée ; nul ne savait retourner la terre avec le tranchant du fer, nienfoncer dans le sol des plantes encore tendres, ni retrancher avec la faucille les vieux rameaux des grands arbres.Les présents que leur faisaient le soleil et les pluies, les productions spontanées de la terre suffisaient à lescontenter; ils cherchaient le plus souvent leur nourriture au pied des chênes chargés de glands...

Ils ne savaientpas encore traiter les objets utiles par le feu, ni se servir de fourrures ni se vêtir de la dépouille des bêtes.

Ilshabitaient les bois et les antres des montagnes ; ils reposaient entre les broussailles leurs membres souillés, pouréchapper aux assauts des vents et de la pluie.

Incapables d'envisager le bien général, ils ne savaient s'imposer nides coutumes, ni des lois communes.

Chacun ravissait la proie que la fortune lui offrait, et, sans autre maître queson instinct, usait de ses forces et ne vivait que pour soi...

Comptant sur l'étonnante vigueur de leurs bras et deleurs jambes, ils poursuivaient les animaux avec des armes de pierre et de pesantes massues...

Hérissés etsauvages d'aspect comme les sangliers des forêts, ils étendaient à terre leurs membres nus, quand la nuit lessurprenait, et s'enveloppaient de feuilles amassées...

Ce que redoutaient ces infortunés, c'étaient les attaquesfréquentes des bêtes sauvages pendant leur sommeil.

Chassés de leur demeure, ils fuyaient l'antre qui les abritait, àl'approche d'un sanglier hérissé ou d'un lion formidable ; et au cœur même de la nuit, ils cédaient avec épouvante àces hôtes terribles leurs lits de feuillage.

Il arrivait plus souvent à quelqu'un d'entre eux d'être surpris par les bêtesféroces, de leur fournir une pâture vivante, et d'être englouti par leurs mâchoires ; ses cris remplissaient les forêtset les montagnes, quand il voyait ses membres vivants ensevelis dans un sépulcre vivant.

Quelques-unsréussissaient à fuir, tout déchirés de morsures ; mais après, tenant leurs mains appliquées sur d'affreuses plaies, ilsappelaient la mort avec des cris horribles ; et enfin ils expiraient dans de cruelles tortures, sans secours, sans savoirles remèdes qu'exigeaient leurs blessures.

» (Lucrèce, I.

V, v.

922-995.) Si l'homme primitif fut à ce point ignorant et sauvage, il n'est pas aisé d'expliquer comment il a pu sortir de sabarbarie naturelle.

Épicure le tente cependant, et sa tentative est d'autant plus intéressante qu'il refuse de faireappel à l'action intérieure de principes innés dans l'homme, aussi bien qu'à une révélation extérieure, divine.

Iln'admet pas comme Aristote que, par nature, l'homme soit un animal fait pour vivre en société ; il n'admet pas,comme les rationalistes, que malgré son ignorance il possède du moins pas une sorte de révélation naturelle lanotion de vérité et la notion de justice.

Il n'y a rien, selon lui, qui distingue l'homme primitif de l'animal. Le temps, l'expérience et l'imitation sont, d'après Épicure, les seuls facteurs du progrès humain. Si l'on s'imagine que les langues, le droit, la morale, les différents éléments de la civilisation ont surgi tout d'un coup,on ne peut s'empêcher de croire à un véritable miracle.

Mais si l'on prend soin de se représenter une longue suite desiècles pendant lesquels les générations successives, d'abord ignorantes et inexpérimentées, ont lutté avec lanature, se sont ingéniées, ont tenté des essais, infructueux pour la plupart, mais dont quelques-uns se sont trouvésréussir, et ont transmis à la postérité le résumé de leur savoir, la civilisation, grâce à la conception du progrès,apparaît comme un phénomène naturel et n'a plus rien de surprenant. Le langage, par exemple, n'est l'œuvre ni d'un dieu, ni d'un homme unique; c'est le résultat de la collaboration detous.

L'organe crée la fonction : possédant naturellement l'organe de la voix, les hommes ont émis des sons, d'abordpour exprimer leurs émotions à la manière des animaux, puis pour désigner les divers objets.

Peu à peu, les sonsdevinrent de plus en plus articulés, el servirent à exprimer des idées de mieux en mieux définies. Ce n'est pas en un jour que les nations se constituèrent.

Les hommes sortirent lentement de leur isolement primitif.Tant qu'ils vécurent dans des cavernes, ils ne connurent pas d'autre groupement que la famille.

Mais vint un tempsoù ils surent construire des cabanes.

Alors plusieurs familles devinrent voisines.

Toutes sortes de malheurs vinrents'abattre sur ceux qui, vivant les uns auprès des autres, ne surent pas conclure d'amitiés entre eux.

Sous lapression de ces malheurs, se constituèrent des tribus.

Les familles vivaient, dès lors, groupées autour d'un chef, quiles empêchait de se nuire les unes aux autres et les protégeait contre les autres clans.

Mais, dans cet étatd'anarchie, les troubles étaient continuels.

Constatant que les vengeances les épuisaient, las de se soutenir par laforce, les hommes allèrent d'eux-mêmes au-devant du joug des lois et d'une contrainte salutaire ; ils constituèrentdes nations, en convenant de ne point se tuer, de ne point se dépouiller les uns les autres, et de se prêter main-forte contre l'ennemi commun.

C'est ainsi que la justice naquit d'un contrat consenti dans l'intérêt de tous. Comment les hommes ont-ils commencé à croire à l'existence des dieux, à leur construire des autels et des templeset à leur rendre un culte ? La religion a, selon Épicure, une double cause : d'une part, les images des rêves ou du délire; d'autre part,. »

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