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Pantagruel, Rabelais: Pourquoi peut-on dire de cette lettre qu’elle constitue un manifeste de l’humanisme ?

Publié le 27/02/2008

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rabelais

Pourquoi peut-on dire de cette lettre qu’elle constitue un manifeste de l’humanisme ?

 

Carte d’identité :

Le genre : lettre inséré dans un roman qui a pour thème l’éducation humaniste dans un discours descriptif (décrit tout les enseignements)

Registre : didactique

Mouvement : Humanisme

Dans cette œuvre Pantagruel, Gargantua écrit une lettre à son fils dans laquelle il lui indique le programme d’éducation qu’il doit suivre. Ce traité d’éducation est la description encyclopédique d’homme complet « en savoir et en vertus ». Caractérisé en programme humaniste cependant il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un géant.

 

Autres problématiques :

-         Dans quelle mesure peut-on dire qu’il s’agit d’un projet d’éducation complet ?

-         En quoi cette lettre d’un père à son fils est-elle plus efficace qu’un traité d’éducation ?

-         Quelles sont les caractéristiques de l’esprit humaniste et que révèlent-elles de l’esprit nouveau ?

 

Introduction :

L’Humanisme est courant de pensée de la Renaissance dont la première préoccupation est l’homme. L’homme entier esprit et corps. Cette philosophie place l’homme et ses valeurs au dessus de toue autre considération et vise à l’épanouissement de ses qualités. Pour Rabelais comme pour les hommes de son époque, le « savoir » et la « sagesse » se confondent avec la connaissance et surtout celle de l’Antiquité. Dans l’œuvre Pantagruel Gargantua écrit une lettre à son fils sous la forme d’une longue suite de recommandations à travers lesquelles il lui indique le programme d’éducation qu’il doit suivre. Le fils sera devenu un homme complet lorsqu’il aura acquit vertus et savoir. Pourquoi peut-on dire que cette lettre constitue un manifeste du programme humaniste ? Nous montrerons en premier lieu que cette lettre est une suite de recommandations d’un père à son fils, puis nous parlerons de ce programme d’étude qui se présente comme un exemple de l‘idéal humaniste, enfin nous décrirons les contextes historiques et culturel qui favorisent l’enthousiasme et la foi dans l’homme.

 

Les axes :

Axe 1 : Une lettre de recommandations d’un père à son fils :

 

  • Les indices d’énonciation ; (qui parle ?, à qui ?, où ?, quand ?)

-         une date : 17 mars, un lieu : Utopie (royaume de Gargantua) = c’est un idéal.

-         Lien familial qui uni le père (Gargantua) au fils (Pantagruel).

-         Une formule finale et d’adieu (l. 122-123)

 

-         Emetteur : a une grande présence dans sa lettre : 1ère personne (pronoms personnels et objets) l.26 « il m’est avis », l.31 «  je vois », l.37 « j’ai été », l.39, l.40, l.41 ; l.47 ; l.53, l.70, l.74 »je veux » ; l.97, l.64, l.90, l.120 » afin que je te vois » : il est très récurrent, de manière rapprocher, présent par ses occurrences du « je ».

Epistolier atteste son expérience passé et personnelle = sorte de preuve : mode indicatif +dominante des tps du discours (présent, passé composé, futur)

Bcp de verbes qui expriment la recommandation et la volonté : verbes au subjonctif

 

-         Destinataire : « tu »+ apostrophe (« Mon fils » l.122, l.17) déterminants spécifiques l.47, 49,58.

Il est omniprésent : soit sous « tu » mais aussi objets (« te » ou « t’ ») + déterminants possessifs.

 

 

  • Registre didactique et injonction :

-         Bcp de verbes à l’infinitif, impératif et subjonctif : expriment les recommandations et les ordres.

Ils sont généralement à la 2ème personne du sing. Mais quand ils sont à la 3ème pers. C’est qu’ils ont pour complément la 2ème pers.

-         Cette lettre = longue suite de recommandations à travers lesquelles Gargantua dit à son fils ce qu’l ne doit pas faire, comment il doit se comporter dans des domaines très variés.

-         Les lecteurs sont en présence d’une lettre d’éducation qui permet de découvrir, à travers les ambitions du père,  un programme d’étude humaniste.

-         Marques d’affection : l.119 à 123. : bénédiction paternelle.

 

  • Une lettre insérée dans un genre romanesque :

-         Les personnages ont une histoire : l.49 (le fils est à Paris)

-         Les personnages ont un passé : le père fait part de son expérience personnelle, le fils à grandit (l.91-92)

-         C’est indication inscrivent les personnages dans le tps.

 

Cette lettre révèle des caractéristiques de l’éducation humaniste tout en définissant l’humanisme du XVIème s.

 

Axe 2 : Un programme d’étude : exemple de l’idéal pédagogique humaniste :

 

  • Caractéristiques de l’enseignement :

-         Le programme qui est proposé est un programme très ambitieux.

Il tient compte de l’héritage  médiéval puisqu’on va reprendre. le trivium : grammaire, rhétorique (art du discours : Cicéron), dialectique (argumentation, raisonnement : Platon)

. le quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie, musique.

Mais Rabelais y ajoute des connaissances nouvelles, tout en maintenant un apprentissage chevaleresque et en insistant sur les connaissances religieuses et une pédagogie différente (refus de l’apprentissage par cœur).

-         Education qui n’oubli pas la notion de plaisir : « délecte à lire » l.41, l.64 « je t’en donnai quelques goûts ».

-         Education fondée sur un double enseignement théorique : . basé sur la lecture (relever le champ lexical de lecture)

. enseignement pratique basé sur l’expérience

(l.49 »tu es à Paris … te peuvent endoctriner » l.52).

-         Enseignement individuel : précepteur Epistémon (=savant)

-         Enseignement basé sur les observations directes (avec la dissection)

-         Enseignement inclut des débats publics, des joutes oratoires (l.98 à 100).

-         Il vise à l’autonomie, au travail individuel (« relis » l.), la rigueur (l.1115), par le respect des maîtres, en apprenant par cœur lorsque c’est nécessaire, mais aussi en réfléchissant.

 

  • Connaissances encyclopédiques :

-         Champ lexical de l’enseignement et de la connaissance.

  • Domaine des langues : Grec, Latin, Hébreu, Chaldaïque. La maitrise de ses langues donne l’accès direct textes anciens, sacrés sans passer par la traduction des moines copistes. Il faut les comprendre et savoir les écrire.
  • L’étude des sciences : cosmographie, géométrie, arithmétique, music, science naturelle, botanique (l.75)
  • Connaissance parfaite de la nature, connaître par cœur les beaux textes de lois (l.70-72). Mais il doit les mettre en parallèle à la philosophie pour comparer les lois et la morale.
  • Connaissance de la médecine et du corps humain (l.83-85).
  • Mémorisation des textes sacrés (l.88-89).
  • Il doit connaître les armes et la chevalerie pour se défendre.

-         Les connaissances encyclopédiques ne suffisent pas en elles-mêmes il faut aussi des compétences.

-         Soutenance en publique de thèses (l.99-101) ;

-         Doit fréquenter des gens savants (l.101-102). Rabelais soutient l’idée que l’éducation se fait par des rencontres, par des échanges avec d’autres, par la confrontation de ce que l’on pense et ce que l’on sait et ce que savent et pensent les autres.

-         Importance du précepteur : instrument vivant d’une éducation active.

-         Domaines sont très nombreux, ils couvrent tout ce qui est connu à l’époque. Gargantua insiste sur une connaissance totale, exhaustive, tout savoir. Ce fait dans le texte est perceptible  d’un point de vue du style par certaines formules récurrentes : l.59, l.74, l.80 « rien ne te soit inconnu ».

Utilisation d’adj. et adv. hyperboliques : « parfaitement » l.54, l.84 « parfaite connaissance ».

Pour montrer l’ampleur de l’éducation : la reprise anaphorique de l’adj. Indéfini « tout ».

Certaines images créent un effet de foisonnement : l.78-79 «  ventre des abîmes ».

 

Pantagruel doit avoir une connaissance du macrocosme mais aussi du microcosme.

 

  • Progresser en vertus (sagesse) :

-         Pantagruel, dans son apprentissage, doit progresser en vertus. Ce programme d’étude est inséparable d’un programme moral lui-même inséparable de la foi religieuse.

La fin de la lettre met clairement l’accent sur les vertus chrétiennes.

2 maximes :. l.104 « sapience n’entre point en âme mauvaise » (celle qui n’a pas de croyance.)

 . l.105-106 « science sans conscience n’et que ruine de l’âme » : apprendre par cœur sans réfléchir sert à rien ou avoir des connaissances des savoirs sans avoir la foi religieuse ne peut conduire à un réel épanouissement.

 

Gargantua utilise le présent de vérité général et reprend les propos, les idées, la philosophie du sage Salomon (l.103) : argument d’autorité.

La connaissance doit être associée à la foi sinon elle est dangereuse.

La foi est fondée sur la charité et sur le respect de son prochain : l .113 « sois serviable à tout ton prochain et l’aime comme toi-même ».

Le respect de la religion entraîne des comportements particuliers comme de rencontrer ceux qui pourraient être de mauvais exemples.

On peut aussi voir chez Rabelais la crainte constante du péché.

 

Axe 3 : Enthousiasme et foi dans l’homme favorisé par un contexte culturel et historique :

 

  • L’enthousiasme :

-         Dans ce texte on retrouve à pls reprises l’idée de changement associée au progrès.

-         Confiance en l’homme.

-         Une volonté d’exhaustivité de l’éducation. Cela apparaît avec une « connaissance parfaite ».

 

  • Dans cette lettre : tous les caractéristiques de l’humanisme :

L’appétit de savoir, la curiosité envers le monde, ouverture culturelle (Juifs et Arabes), des références constantes à l’Antiquité et au Arabes, rejet de la superstition (astrologie), respect des écritures de l’enseignement moral et chrétien.

L’humanisme est vu comme une formation totale de l’individu et une connaissance totale de l’homme : il englobe l’âme et le corps = croyance en l’homme et en ses capacités de progrès.

 

  • Des circonstances culturelle et historique favorables :

Cette nouvelle éducation ne se fait pas hors du contexte historique. D’ailleurs Gargantua précise au début de cette lettre (l.7) tous ce qui peut favoriser la mise en place de ce programme original. Il y a la référence aux langues, et la possibilité d’accès aux textes anciens, cette possibilité est liée à l’afflux de savants grecques en Italie après la chute de Constantinople. L’adv. maintenant marque une différence par rapport à un avant et un passé, quand les textes n’étaient pas accessibles.

Autre circonstance l’imprimerie.

 

Conclusion :

Dans cette lettre, insérée dans un genre romanesque, nous sommes en présence d’une lettre d’éducation qui permet à travers les ambitions du père de découvrir un programme d’étude humaniste vaste. Cet apprentissage doit permettre une formation totale de l’individu : une connaissance parfaite des tous les domaines, comment il doit se comporter et ce qu’il ne doit pas faire. En prenant le modèle d’Erasme, Rabelais défini l’humanisme du XVIème s. Il accorde une importance à l’âtre humain et à ses qualités : l’homme doit être avide de savoir, avoir une curiosité sur la monde qui l’entoure. C’est ne éducation qui s’oppose à celle du Moyen Age.

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