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Par le langage peut-on agir sur la réalité ?

Publié le 13/03/2004

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Je puis, par exemple, informer, suggérer, promettre, interdire, etc. Donc, en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'acte locutoire qui est de dire quelque chose. Elle est, enfin, acte perlocutoire. Un discours a le plus souvent certains effets intentionnels ou non, même lointains, soit sur autrui, soit sur celui qui parle. Ainsi, lorsque je produis un acte locutoire (et par là même un acte illocutoire), je produis un troisième acte, qu'Austin nomme « perlocutoire ». On peut illustrer ces trois actes distincts par l'exemple suivant:Acte locutoire : production de la parole, (« Tu ne peux pas faire cela »). Acte illocutoire : la parole (« Tu ne peux pas faire cela ») manifeste une protestation contre une action. Acte perlocutoire : la parole et la protestation (« Tu ne peux pas faire cela ») ont pour effet de dissuader l'interlocuteur de réaliser son action. Discours constatif et performatif. On considère habituellement que dire quelque chose, c'est toujours simplement affirmer quelque chose: les énoncés seraient toujours des affirmations dont on peut dire qu'ils sont vrais ou faux selon qu'ils correspondent à la réalité.
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« discours performatifs, c'est agir au sens le plus fort du terme.

Mais même les discours constatifs, dans la mesure où,nous l'avons vu, ils engagent nécessairement le •locuteur et peuvent influer sur l'interlocuteur, constituent desactes importants.

"Nous prendrons donc comme premiers exemples quelques énonciations qui nepeuvent tomber sous aucune catégorie grammaticale reconnue jusqu'ici, horscelle de l'« affirmation » ; des énonciations qui ne sont pas, non plus, des non-sens, et qui ne contiennent aucun de ces avertisseurs verbaux que lesphilosophes ont enfin réussi à détecter, ou croient avoir détectés : mots bizarrescomme « bon » ou « tous » auxiliaires suspects comme « devoir » ou « pouvoir »constructions douteuses telles que la forme hypothétique.

Toutes lesénonciations que nous allons voir présenteront, comme par hasard, des verbesbien ordinaires, à la première personne du singulier de l'indicatif présent, voixactive.

Car on peut trouver des énonciations qui satisfont ces conditions et qui,pourtant, A) ne « décrivent », ne « rapportent », ne constatent absolument rien,ne sont pas « vraies ou fausses » ; et sont telles quen B) l'énonciation de laphrase est l'exécution d'une action (ou une partie de cette exécution) qu'on nesaurait, répétons-le, décrire tout bonnement comme étant l'acte de dire quelquechose.

(...)Exemples :(E.a) « Oui [je le veux] (c'est-à-dire je prends cette femme comme épouselégitime) » — ce « oui » étant prononcé au cours de la cérémonie du mariage.(E.b) « Je baptise ce bateau le Queen Elisabeth — comme on dit lorsqu'on briseune bouteille contre la coque.(E.c) « Je donne et lègue ma montre à mon frère » — comme on peut le lire dansun testament.(E.d) « Je vous parie six pences qu'il pleuvra demain ».Pour ces exemples, il semble clair qu'énoncer la phrase (dans les circonstancesappropriées, évidemment), ce n'est ni décrire ce qu'il faut bien reconnaître que jesuis en train de faire en parlant ainsi, ni affirmer que je le fais : c'est le faire.Aucune des énonciations citées n'est vraie ou fausse : j'affirme la chose commeallant de soi et ne la discute pas.

On n'a pas plus besoin de démontrer cetteassertion qu'il n'y a à prouver que « damnation ! » n'est ni vrai ni faux : il se peutque l'énonciation « serve à mettre au courant » — mais c'est là tout autre chose.Baptiser un bateau, c'est dire (dans les circonstances appropriées) les mots « Jebaptise...

» etc.

Quand je dis, à la mairie ou à l'autel, etc.

« Oui [je le veux] », jene fais pas le reportage d'un mariage : je me marie.Quel nom donner à une phrase ou à une énonciation de ce type ? Je propose del'appeler une phrase performative ou une énonciation performative ou — par soucide brièveté — un « performatif ».

Ce nom dérive, bien sûr, du verbe [anglais]perform, verbe qu'on emploie d'ordinaire avec le substantif « action » : il indiqueque produire l'énonciation est exécuter une action (on ne considère pas,habituellement, cette production-là comme ne faisant que dire quelque chose.(...)PEUT-IL ARRIVER QUE DIRE UNE CHOSE CE SOIT LA FAIRE ?(...) Une telle doctrine semble d'abord étrange, sinon désinvolte ; mais pourvuede garanties suffisantes, elle peut en venir à perdre toute étrangeté." AUSTIN in "Quand dire, c'est faire", 1ère conférence, Paris, Editions du Seuil,1970. III.

Agir sur les hommes, et sur la réalité — On se fait éventuellement de l'action une idée fausse en la concevant comme séparable de tout langage; en faitelle est le plus souvent préparée et accompagnée par une réflexion qui fait évidemment intervenir du langage.— Mais il ne s'agit là encore que d'un accompagnement de l'action, et non d'une action produite par le langage lui-même.

Si l'on admet qu'une action sur les hommes (par le commandement ou la politique) est parfaitement possible,reste à examiner si une action sur les choses l'est aussi.

Cela paraît a priori difficile à concevoir, sauf à tomber dansla parapsychologie...— Pourtant, le langage scientifique constitue un mode d'action sur le réel.

Sans doute est-il lui-même déterminé enfonction des progrès de notre connaissance, mais un objet scientifique, pour être connu, doit être nommé.

Ledécoupage du réel devient avec la science de plus en plus subtil, et le langage participe fondamentalement à cemouvement. Conclusion. »

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