Parler ou agir faut-il choisir ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
quelque chose.
(...)PEUT-IL ARRIVER QUE DIRE UNE CHOSE CE SOIT LA FAIRE ?(...) Une telle doctrine semble d'abord étrange, sinon désinvolte ; mais pourvue de garanties suffisantes, elle peuten venir à perdre toute étrangeté."
AUSTIN in "Quand dire, c'est faire", 1ère conférence, Paris, Editions du Seuil, 1970.
Discours constatif et performatif
• On considère habituellement que dire quelque chose, c'est toujours simplement affirmer quelque chose : lesénoncés seraient toujours des affirmations dont on peut dire qu'ils sont vrais ou faux selon qu'ils correspondent à laréalité.
Par exemple, l'énoncé « je bois un café » est vrai si je bois effectivement un café, faux si je n'en bois pas.Mais Austin observe que certains énoncés ne sont ni vrai ni faux, car ils ne décrivent rien, mais sont les actionsqu'ils énoncent : ils ne décrivent pas quelque chose, mais font quelque chose, sans donc être ni vrais ni faux, toutcomme lorsque je bois un café, mon acte de boire un café n'est en lui-même ni vrai ni faux : il est ; c'est un fait.
Si,en effet, nous considérons par exemple l'énoncé : « Je promets de dire toute la vérité », nous voyons qu'enprononçant ces mots, je ne décris rien mais j'accomplis un acte : je fais un serment.
Ce serment n'est ni vrai nifaux, c'est un serment (je puis par la suite y être fidèle ou non, cela ne change rien au fait que c'est un serment).• Aussi Austin est-il conduit à distinguer deux sortes d'énoncés :— Les énoncés constatifs qui décrivent un phénomène (ex.
: « le ciel est bleu », « je suis heureux », « deux et deuxfont quatre »).— Les énoncés performatifs dont l'énonciation énonce une action du locuteur en même temps qu'elle l'accomplit (ex.« je jure que...
», « j'exige que...
», « je parie que...
», « je te baptise...
»).
C'est pourquoi ces énoncé sonttoujours à la « première personne du singulier de l'indicatif présent, voix active ».
• Il apparaît donc que parler, dans les cas de discours peformatifs, n'est nullement le contraire d'agir, c'est, tout aucontraire, agir au sens le plus fort du terme.
Mais même les discours constatifs, dans la mesure où, nous l'avons vu,ils engagent nécessairement le locuteur et peuvent influer sur l'interlocuteur, constituent des actes importants.Examinons maintenant quelques aspects de ce dernier point.
2.
Pouvoirs la parole
La fonction conative du langage
• La fonction de commandement de la parole, comme l'ont souligné ceux qui ont réfléchi sur l'origine du langage,paraît fondamentale.
Les langages des animaux sont constitués de signaux ayant pour finalité de déterminer uneréaction immédiate du récepteur, par exemple la fuite.
Par ailleurs, si l'apparition du langage est liée à celle dutravail, ce serait parce que le travail collectif exige une organisation et donc des ordres pour la répartition destâches et de leur exécution, ne serait-ce que de simples cris permettant de scander et de coordonner une action etun effort collectifs.
Une des fonctions essentielles du langage est donc d'agir sur autrui, ce que R.
Jakobson nommela « fonction conative », ce dernier observant que cette fonction « trouve son expression grammaticale la plus puredans le vocatif et la forme verbale de l'impératif qui, du point de vue syntaxique, morphologique et souvent mêmephonologique, s'écartent des autres catégories nominales et verbales » (Essais de linguistique générale, trad.
1963,p.
216) .
La fonction émotive ou expressive metl'accent sur les sentiments ou les émotions de l'émetteur : « Centrée sur le sujet, elle vise à une expression directede l'attitude du sujet à l'égard de ce dont on parle.
» (R.
Jakobson, Essais de linguistique générale, Seuil, p.
214)..
»
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