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Pascal et le pascalisme

Publié le 22/12/2009

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Pascal est plus que Descartes, un savant authentique et génial. Même s'il n'a pas tout à fait réinventé la géométrie d'Euclide à 12 ans, il a dès l'âge de 16 ans écrit son Essai sur les coniques dont le P. Mersenne disait qu'il « passait sur le ventre à tous ceux qui avaient traité du sujet «. Pour aider son père fonctionnaire des Finances à Rouen, il invente une machine arithmétique qui fait de lui, dit M. Chevalier « l'initiateur de la cybernétique «. Dans sa correspondance avec Fermat sur la « règle des partis «, il fonde le calcul des probabilités, la « géométrie du hasard «. Son Traité du triangle arithmétique, ses écrits sur le vide, l'équilibre des liqueurs et la pesanteur de l'air, comptent parmi les chefs-d'œuvre de l'esprit scientifique moderne. Véritable savant, Pascal, dit abruptement M. Bréhier, « n'est pas un philosophe «. Et il est bien vrai que Pascal n'a pas comme Malebranche ou Leibniz construit un système. Dans les grands systèmes philosophiques il ne voit que « libido sciendi «, orgueil de la raison. Comme plus tard Kierkegaard, il ne se veut pas philosophe ; il l'est pourtant dans un sens original, dans un sens que l'on dirait aujourd'hui « existentiel «. Car il ne réfléchit qu'à partir de la condition humaine, à partir de l'expérience vécue. Il est, en ce sens, dira Schleiermacher « le plus profond « des philosophes français. On peut l'aimer ou le détester. On ne peut avoir pour lui d'indifférence. Ce qui est sûr, c'est que la réflexion pascalienne a des résonances très actuelles. Peut-être l'apologétique chrétienne contemporaine puise-t-elle dans les Pensées ce qu'elle a de plus vivant — en même temps, il faut le dire, que la tradition anticléricale trouve par delà Voltaire, ses arguments les plus efficaces dans les Provinciales. La famille de Pascal était de bonne noblesse de robe, et assez riche. Il a trois ans quand sa mère meurt. Son père, frappé par son extraordinaire précocité dirige personnellement son éducation. Dès 1646, il lit des ouvrages de Saint-Cyran et paraît persuadé des limites de la raison, de l'absolue transcendance des vérités de la foi, au point qu'il dénonce à l' archevêque de Rouen douze propositions sur « l'alliance de la foi et du raisonnement « d'un malheureux frère Saint -Ange qu'il contraint à la rétractation.
  1. BLAISE PASCAL : DE L'ESPRIT GEOMETRIQUE
  2. BLAISE PASCAL : LES PENSEES
  3. BLAISE PASCAL : ENTRETIEN AVEC M. DE SACI SUR EPICTETE ET MONTAIGNE
  4. BLAISE PASCAL : PREFACE SUR LE TRAITE DU VIDE
  5. BLAISE PASCAL : LES PROVINCIALES
  6. BLAISE PASCAL : DE L'ART DE PERSUADER

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« tenait qu'il y avait des antipodes aient anéanti ce nouveau monde et qu'encore qu'il eust déclaré que cette opinionestoit une erreur bien dangereuse, le Roy d'Espagne ne se soit pas bien trouvé de n'avoir plutôt cru ChristoffeColomb qui en venoit que ce pape qui n'y avoir pas esté ».Ne nous étonnons pas de voir Pascal en 1661 tout près de résister au pape dans l'affaire de la Signature duformulaire portant condamnation de droit des cinq propositions de Jansénius.

Pourtant après la mort de sa soeurJacqueline, ( 4 octobre) il s'apaise, se retire de toutes les disputes.

Il continue dans les moments de répit que luilaisse une maladie très douloureuse à réunir les matériaux, notes, indications de plan, morceaux inachevés ouachevés, de ce qui devait être sa grande Apologie du christianisme.

Cependant la maladie et les mortificationsl'épuisent.

Il reçoit du curé de Saint-Étienne-du-Mont l'extrême onction le 17 août 1662, et meurt le 19 août, à 39ans et deux mois.

Les fragments de son Apologie seront publiés en 167o : c'est ce que nous appelons les Penséesde Pascal. PASCAL ET DESCARTES Pascal et Descartes se sont rencontrés à Paris le 23 et le 24 septembre 1647.

Ils se disputèrent sur la question du «vide », Descartes tenant pour un monde plein de « matière subtile ».

Et ils tombèrent d'accord, semble-t-il, au sujetde la pesanteur de l'air (Descartes ayant même toujours prétendu être l'initiateur de l'expérience que Pascal fitréaliser le 19 septembre 1648 au Puy-de-Dôme par son beau-frère Florent Périer, sur la variation de la hauteur de lacolonne de mercure avec l' altitude ).Leur accord était sur ce point plus accidentel que profond : Descartes, eneffet, déduisait la pesanteur de l'air de son système, tandis que Pascal disait:« les expériences sont les seulsprincipes de la physique ».

Le 24 septembre, au petit matin, Descartes trouvant Pascal souffrant lui donna unevéritable consultation médicale, l'incitant à garder le lit et à prendre « force bouillons ».

Quelle différence detempérament entre le gentilhomme-philosophe qui voyait dans la santé le « fondement de tous les biens de cettevie », et le jeune savant chrétien qui portera bientôt un cilice, voit déjà dans la souffrance un moyen privilégié desanctification et va écrire — quelques mois à peine après l'entretien —la prière pour demander à Dieu le bon usagedes maladies !Et pourtant Pascal serait inintelligible sans la philosophie de Descartes ; Les Pensées ont retenu de-la nouvellephilosophie cartésienne plus qu'on ne croit à l'ordinaire : est cartésienne chez Pascal et antiscolastique au premierchef, la séparation absolue entre la pensée humaine et la nature dépouillée de tout sens, de toute finalité,entièrement livrée à l'explication mécaniste.

Le roseau pensant qui vaut mieux que toute cette matière aveugle quil'écrase c'est l'homme cartésien.

« Instinct et raison marque de deux natures » écrit Pascal.

Pascal accepte la thèsequi réduit la nature physique et même la nature biologique au mécanisme : d'où le mépris dans lequel Pascal, en vraicartésien, tient la preuve thomiste de l'existence de Dieu par la finalité:« Les fleurs et les petits oiseaux ne prouventpas Dieu ».

Cartésien aussi et rationaliste à sa façon, le conseil donné au libertin : Allez à la messe, prenez de l'eaubénite, Abêtissez vous ! ! ! Autrement dit faites jouer à plein le mécanisme de la bête, soumettez-vous en bonlecteur du Traité des Passions, au conditionnement des habitudes ! Détruisez par les habitudes de la dévotion, lesréflexes conditionnés du libertinage ! Il est néanmoins facile de montrer que le cart4sianisme n'est pour Pascal qu'unpoint de départ.

Si contre le monisme de saint Thomas (l'âme est la forme du corps), il prône le dualisme cartésien(l'âme est jetée dans un corps ),il va au-delà puisqu'il distingue non plus deux substances, mais trois ordres dontchacun est séparé du suivant par un fossé infranchissable : l'ordre des corps, celui des intelligences et au sommetl'ordre de la charité.

L'intellect transcende la chair, mais la spiritualité transcende l'intellectualité.

Tandis encore queDescartes cherche l'unité de la méthode — reflet de l'unité de l'esprit — Pascal croit à la diversité des méthodes etdes formes d'intelligence.

L'esprit de géométrie qui déduit avec rigueur des conséquences exactes à partir deprincipes peu nombreux et bien définis accompagne rarement l'esprit de finesse qui joue sur des principes moinsprécis, plus nombreux et suppose plus de tact que de rigueur (Pascal lui-même étant un des rares « géomètres » quisoient en même temps « fins »).

Enfin, Pascal inaugure une sorte de méthode dialectique qui procède par «renversement du pour ou contre », le principe monarchique par exemple, évident pour le conformiste est absurdepour le demi-habile (n'est-il pas stupide de désigner le fils aîné du Roi, même s'il est sot, comme futur Roi ?).

Mais ilest à nouveau acceptable pour le sage qui veut avant tout préserver l'ordre et la paix civile.

Les contradictoirespeuvent être vraies à des niveaux différents.Il faut surtout ajouter que Pascal tire de la conception nouvelle, galiléenne ou cartésienne, de la nature, desconséquences capitales pour la condition humaine.

Lorsque Descartes enlève à la nature toute finalité, touteépaisseur ontologique, il ne conclut pas seulement de la fable « du monde » à la profondeur métaphysique du Dieucréateur et de l'esprit humain.

Il pense à l'avenir de la technique, reine future du monde mécanisé et qui fera denous « les maîtres et possesseurs de la nature ! » Pascal pense surtout à la solitude de l'homme dans une natureque Dieu a quittée: «Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie».

Dans le monde dont le centre est partoutet la circonférence nulle part la condition humaine apparaît énigmatique et tragique.

A quoi bon la science et latechnique ? La philosophie dit Pascal — il veut dire par là la physique — « ne vaut pas une heure de peine ».L'homme ne peut pas se contenter d'un « deus ex machina » d'un Dieu qui donne la « chiquenaude » à la grandemachine de l'univers.

L'homme réclame un Dieu qu'il puisse prier, un Dieu auquel il parle et qui réponde. LA PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE DE PASCAL Ce Dieu, le Dieu de la révélation, « Dieu d' Abraham, d'Isaac et de Jacob » n'est pas le « Dieu des philosophes et dessavants ».

Pascal compte sur la foi —c'est-à-dire sur un don de Dieu lui-même pour que les hommes le découvrentet assurent leur salut.

Tout ce que Pascal peut faire pour le libertin, c'est lui donner le désir que Dieu existe endétruisant toutes ses illusions et toutes ses espérances profanes.

D'où la critique impitoyable du savoir humain.

(Le« pyrrhonisme » est le vrai), et du bonheur humain.

Nous avons beau nous fuir nous-mêmes dans le divertissement,nous avons beau nous masquer l'évidence de notre mort (« le dernier acte est sanglant quelque belle que soit la. »

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