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La passion est-elle une forme de dépendance ?

Publié le 05/10/2005

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  • Parties du programme abordées :

- Les passions. - La liberté.

  • Analyse du sujet : Presque une question de cours. La réponse à la question semble évidente. Il faut donc voir si une telle définition rend entièrement compte de la notion de passion.
  • Conseils pratiques : Appuyez-vous solidement sur vôtre-cours sans pour autant transformer votre copie en une simple récitation. N'omettez pas d'évoquer ceux des philosophes qui ont réhabilité la notion de passion : Hegel ou Nietzsche.
  • Bibliographie :

Descartes, Les Passions de l'Âme, Gallimard. Stendhal, De l'Amour, Garnier-Flammarion. Hegel, La Raison dans l'Histoire, 10/18. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Livre de Poche. Nietzsche. La Volonté de Puissance, Trident.

  • I. Reconnaître les passions et en être maître

 

 

  • II. La non maîtrise des passions

 

 

  • III. Passion, volonté et responsabilité

 

 

 

« que pour conserver le type normal de l'espèce » (Schopenhauer, Métaphysique de l'amour ). Toute inclination amoureuse [...] pour éthérée que soient ses allures,prend racine uniquement dans l'instinct sexuel... La passion amoureuse est le thème éternel des romanciers, des poètes, ellejoue dans la vie de l'homme un rôle primordial.

Pourtant les philosophes, àl'exception de Platon dans Le Banquet et Phèdre, semblent, pendantlongtemps, ne s'être guère préoccupés de la question.

S'il est vrai que Kantévoque, dans Doctrine de la vertu, la tendance à ce plaisir qui s'appelle amourde la chair ou simplement volupté, c'est pour condamner aussitôt le vice quien résulte : « l'impudence », et nous rappeler que la chasteté est le devoir del'homme envers lui-même.

Bel aveu de la honte qu'éprouvait sans aucun douteKant à imaginer le plaisir sexuel et reconnaissance indirecte, avant Freud, quenotre civilisation est fondée sur la répression de la sexualité.Rompant avec le silence et loin de toute pudeur, Schopenhauer, lançant undéfi à toute la philosophie allemande de son temps et à tous les spécialistesde l'université, consacre tout un chapitre des Compléments au Monde commeVolonté et comme Représentation à l'amour.

On peut y lire (trad.

MariannaSimon, Métaphysique de l'amour, coll.

10/18) :« Toute inclination amoureuse [...] pour éthérée que soient ses allures, prendracine uniquement dans l'instinct sexuel, et n'est même qu'un instinct sexuelplus nettement déterminé, plus spécialisé et, rigoureusement parlant, plusindividualisé.

»L'amour et le travail sont, sans aucun doute, les deux grands problèmes auxquels l'homme se trouve confronté dansson existence individuelle.

Mais si le travail prend souvent un caractère contraignant, il semble, au premier abord,que l'amour soit le plus puissant et le plus énergique ressort de la vie.

A tel point que ce dernier perturbe le mondeorganisé du travail et de la raison :« But dernier de presque chaque aspiration humaine, il acquiert une influence néfaste sur les affaires les plusimportantes, interrompt à toute heure les occupations les plus sérieuses [...] trame encore journellement les conflitsles plus inextricables et les plus graves, rompt les liens les plus solides [...] donc au total se conduit comme undémon hostile, qui s'efforce de tout mettre à l'envers, de tout embrouiller et renverser.

»Pourquoi toute cette agitation et cette fureur ? Pourquoi une chose si simple occupe-t-elle une telle place dans lavie au point de troubler la sage ordonnance des choses ? Én observateur attentif des choses humaines,Schopenhauer répond qu'il ne s'agit pas d'une bagatelle.

L'amour mérite bien toute cette gravité et cette ardeurdans les efforts qu'on y consacre.

Én effet, son but, par son importance, dépasse radicalement tous les autres butsde la vie, car ce n'est pas de l'intérêt de l'individu qu'il s'agit mais de celui de l'espèce :« La fin dernière de toute intrigue galante, qu'elle soit jouée en brodequins ou en cothurnes, est réellement plusconsidérable que tous les autres buts de la vie humaine et par conséquent digne du sérieux profond avec lequelchacun la poursuit.

Ce qui se décide de la sorte n'est en effet rien de moins que la composition de la générationfuture.

»On sait que, pour Schopenhauer, les tendances, les désirs des hommes ne sont que des manifestations de ceVouloir impersonnel qui anime la nature.

Vouloir qu'on peut voir aussi bien dans la force d'attraction que dans cellequi fait croître et végéter la plante...

Mais l'homme a l'illusion de poursuivre son propre intérêt.

Or, avec la sexualitéet l'amour, les masques tombent.

Autrement dit, le caractère absurde et paradoxal de la vie de l'homme apparaîtouvertement.

L'énergie, le sérieux que les hommes consacrent à la passion amoureuse ne sert, au fond, que lesintérêts de l'espèce.

Certes l'individu, dans sa vie sexuelle et amoureuse, ressent cet intérêt comme personnel, maisce n'est là qu'une ruse de la nature :« La nature ne peut [...] atteindre son but qu'en inculquant à l'individu une certaine illusion, grâce à laquelle ilregardera comme un bien pour lui-même ce qui n'est tel en fait que pour l'espèce; ainsi il se mettra au service decelle-ci tout en s'imaginant servir son intérêt propre.

»Ici donc, comme dans tout instinct, l'amour a pris la forme d'une illusion pour agir sur la volonté humaine.

L'amourn'est qu'un instinct déguisé.

Tel est le sens de cette phrase :« Toute inclination amoureuse [...] pour éthérée que soient ses allures, prend racine uniquement dans l'instinctsexuel, et n'est même qu'un instinct sexuel plus nettement déterminé, plus spécialisé et, rigoureusement parlant,plus individualisé.

»Si éthérée qu'elle soit, si objective et si bien revêtue de sublimes couleurs qu'elle puisse nous paraître, la passionamoureuse n'a en vue que la procréation d'un nouvel être.

Voilà le but véritable, quoique ignoré des intéressés, detout roman d'amour.

Et peu importe la façon et les moyens de l'atteindre.

Sans cette ruse de l'instinct, l'humanitépérirait.

L'individu étant, en général, profondément égoïste, il se soucierait peu de l'intérêt de l'espèce.

C'est doncseulement parce qu'il a l'illusion de poursuivre, dans l'amour, ses petits buts égoïstes, qu'il met son activité auservice de l'espèce :« Une simple chimère, qui s'évanouira aussitôt après, flotte dans son esprit et se substitue comme motif à uneréalité.

»Que la génération future dépende, dans toute sa détermination individuelle, de ce sérieux avec lequel la passionamoureuse est éprouvée, cela n'est-il pas une fin bien plus élevée et plus noble que celle des « sentimentstranscendants » et des « bulles de savon immatérielles » des âmes amoureuses ? Si l'on reconnaît que tel est le butvéritable de l'amour, alors on s'apercevra que l'inclination croissante de deux amoureux est en réalité déjà la volonté. »

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