Devoir de Philosophie

La pensée de la mort a-t-elle un objet?

Publié le 08/03/2005

Extrait du document

I : Une pensée positive de la mort est possible.  

1)      La mort s'observe objectivement comme la décomposition d'un corps organique. La pensée de la mort a donc un objet empirique : ce passage de la cohésion de l'organisme vivant à sa dissolution.

2)      Une réflexion biologique sur la mort s'est développée. Il y a les théoriciens de la mort utile : mourir selon eux, c'est favoriser la transmission de ses gênes. La mort est utile à la vie de l'espèce, la pensée nous permet de nous porter au-delà de nos angoisses et d'appréhender froidement la mort comme faisant partie d'un ordre naturel.

Problématique :   La mort est l'inconnu, la pensée s'y porte au-delà de tout objet, cependant, la pensée de la mort rebondit sur notre propre existence comme son destin et peut être qu'à travers la mort c'est notre vie que nous prenons comme objet.  

  • A. La pensée de la mort ne possède pas d'objet.

 En effet, penser la mort, c'est penser un rien. Quand nous réfléchissons sur la mort, il n'y a pas de contenu immanent à notre réflexion (cf. Epicure et Lucrèce : la mort est, dans ces doctrines, la mort de la mort).  Seule la pensée de la vie posséderait un contenu.

  •  B. La pensée de la mort porte sur un contenu réel.

 Penser la mort : une opération fondamentale, ayant un contenu, un noyau plus riches que la vie (mort = finitude de la vie).

  •  C. Synthèse. La pensée de la mort et celle de la vie sont liées.

 Pensée de la mort et de la vie sont en unité et possèdent un contenu qui ne prend de sens qu'à travers ce lien. Toute visée réflexive de la vie enveloppe la mort et réciproquement.  

« Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle duplatonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas uneévasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien,puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résidentdans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière."Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous seronsheureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La penséede la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions àchoisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'estjamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

Deplus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucientpas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes,mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne fautdonc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Unechose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est quedéjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sapropre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instantprésent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instantprésent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapportavec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour lespremiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée nicomme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal,la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le pluslongtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. III : La pensée de la mort n'a qu'un objet possible : la vie.

1) « Philosopher, c'est apprendre à mourir.

» dit Platon.

La mort est le destin qui nous oblige à poser la question du sens de notre existence. 2) La mort ne peut faire l'objet d'une expérience, on ne peut la comprendre que négativement comme le terme de la vie.

Par là, la vie s'appréhende elle-même négativement comme un objet trouvantnécessairement sa fin dans la mort.

La pensée de la mort ne trouve qu'un objet possible : la vie comprise àpartir de son terme.

Penser la mort, c'est donc penser la vie depuis son futur inéluctable : celui qui sedit « je vais mourir » se projette jusqu'à la fin de sa vie et réfléchit sur celle-ci pour la prendre en main.. 3) La pensée de la mort comme pensée de rien est une pensée morte, c'est la pensée du nihiliste qui rejette. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles