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Que penser de cette affirmation de G. Gusdorf : « La pédagogie libertaire de l'éducation sans contrainte ni punition a partout abouti à un échec ; elle se faisait une idée utopique du respect de l'enfant, qui a besoin en fait d'être conduit, de sentir s'exercer sur soi une autorité réelle... » ?

Publié le 20/02/2011

Extrait du document

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« laisser aller au découragement, donc à repartir stimulés vers la réussite.

Le choix de certaines lectures (et leurréflexion critique) peut être particulièrement enrichissant alors (ex.

A.

de Saint-Exupéry ou Bachelard).

Car laprogression intellectuelle et l'effort moral sont intimement liés.

(Fontenelle nous enseignant à penser juste (La Dentd'or)) C'est la « vertu de force » selon l'expression de G.

Gusdorf devenue titre de son ouvrage.

C'est elle qui adirigé Montesquieu, véritable ascète de la création.

Durant vingt ans, le grand « philosophe » du XVIIIe siècle s'estefforcé de rechercher le fait exact et vérifié, de remonter aux sources avant de développer leurs causeséventuelles, se soumettant donc à une discipline d'esprit draconienne.

Pour ne pas rompre l'équilibre de L'Esprit desLois il s'est obligé à retirer tout un chapitre de sa grande oeuvre, en a constitué une plaquette, puis un livre à partentière : Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, jugeant qu'il aurait faitdigression abusive : c'est preuve d'une grande rigueur, d'une grande exigence.

Elles doivent être prônées à l'élève.Ainsi son caractère se formera, se « forcera ».

De plus, du fait de la nécessité de cet effort moral, des relationsconstructives entre enseignants et enseignés doivent s'établir ; on observe malheureusement qu'il est difficiled'exiger de la part d'enfants ou d'adolescents une volonté qui fait déjà défaut à bien des adultes.

« La crainte deDieu est le commencement de la sagesse », dit le proverbe i.e.

le bon sens populaire.

Pour enseigner l'honnêtetéintellectuelle, qui est une très vigoureuse discipline de l'esprit, l'idéal serait de faire trouver à l'enfant lui-même sesbarrières propres.

Mais ce qui est assez facilement obtenu sur un caractère d'une certaine qualité si l'enfant est seulavec l'adulte (cf.

l'élève de Montaigne, ou de Rousseau) devient rare à atteindre en collectivité.

A l'école lesenfants font partie d'un même groupe de même âge et sont enclins à un certain laisser-aller, rassurés parce qu'ilssont ensemble ; de même une certaine concurrence mutuelle joue, plusieurs ont envie de se faire remarquer, detenir un rôle face aux autres.

L'école tend à faire disparaître certains traits spontanés de caractère acquis dans lecercle familial.

Il faut alors compenser, et « contrain[dre] » sans violence, savoir user de « punition » si nécessaire.Mme de Maintenon, par exemple, avait pris en charge l'éducation de jeunes filles de familles nobles ruinées en unpensionnat qu'elle avait créé à Saint-Cyr.

Fervente de l'éducation directe et riante, elle décida de faire apprendrel'histoire sainte par le biais du théâtre ; demanda à Racine d'écrire la tragédie d'Esther et organisa unereprésentation théâtrale, où les rôles étaient tenus par les jeunes pensionnaires, devant le Roi et toute la cour.Dans sa Correspondance, elle se révèle effrayée des résultats obtenus avec de si bonnes intentions ! Grisées parleur succès et la vue des beaux courtisans, les jeunes filles devenaient vaines, coquettes, paresseuses.

Pourreprendre en main ses élèves, Mme de Maintenon usa alors de sévérité et punit.

La pièce suivante Athalie (Racine)fut représentée sans costumes, en uniformes devant le seul Roi, Madame de Maintenon et le pensionnat.

« Punition» intelligente, car Mme de Maintenon, cherchant les causes de ses échecs, les trouvant dans l'attrait des costumeset du beau public futile, non dans la forme vivante de pédagogie qu'elle avait risquée, élimina tout de suite leséléments perturbateurs, n'appliquant pas une « punition » arbitraire qui aurait pu consister à supprimer tout théâtre.La sagesse donc, les enfants n'en ayant pas été capables seules, avait été transmise par l'enseignante à l'aide d'unacte coercitif, punitif, mais raisonné.

« L'enfant (...] a besoin en fait de sentir s'exercer sur soi une autorité réelle ».L'enseignant fait comprendre, par une bonne entente, grâce à la confiance des élèves, l'importance pour chacun dese prendre en charge, de se contrôler soi-même. *** Donc la pédagogie idéale, celle qui laisse à l'enseigné toute sa liberté de découverte, autant que celle de soncomportement, ne peut s'appliquer que si l'enfant est responsable de lui-même ; mais un tel cas se trouve rarement,surtout dans le contexte de classes chargées et de l'égoïsme crispé qui devient celui de notre société deconsommation.

C'est pourquoi l'enfant a besoin d'être soutenu, conseillé, orienté, plus simplement « tenu » etsouvent fermement —, d'abord parce qu'il est en groupe, — pour parvenir à trouver une voie solide.

Sans êtreautoritaire, l'enseignant doit conserver son autorité et la faire sentir.

Cependant, contrairement à ce qu'affirme lepenseur Alain dans ses Propos sur l'Éducation, la relation élève/maître loin d'être « indifférente » pour demeurertotalement juste, doit être un engagement réciproque.

L'élève attend du maître d'être mené avec solidité.

Dès qu'ilne sent plus cette rigueur qui peut parfaitement mais avec retenue être teintée d'affectivité, il a l'impressioninconsciente d'une rupture de contrat et d'en être la dupe.

Il n'est pas de pouvoir fraternel.

«La non-directivité,affirme en effet Snyders, correspond toujours à une sous-estimation des valeurs de vérité, des aspects proprementintellectuels de la personne et d'une action conduite par une vérité lucide, au profit des épanchements affectifs.

». »

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