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Percevoir est-ce agir ?

Publié le 03/06/2012

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Bien plus, il est des cas dans lesquels ce qui importe à l'action n 'est pas perçu. On ne peut pas dire que la tricoteuse perçoit le jeu des aiguilles. Je ne perçois pas la pierre ou la flaque d'eau au milieu du chemin. Les yeux de celui qui travaille automatiquement se portent d'ordinaire vers quelque chose sans rapport avec l'action...

« La nature a oublié d'attacher leur faculté de percevoir à leur faculté d'agir.

Quand üs regardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour e11x.

Ils ne perçohent plus simptement en vue d'agir; ils perçoivent pour percevoir, pour rien, pour le plaisir.

(La pensée et le moavant, p.

Hi:!, 2:!e éd.).

Mais cette faculté de désintéressement paraît fort commune, et il est facile d'accumuler des exemples de perception indépendante de toute perspective d'action.

Le cultivateur juge bien du rendement des terreE de ses voisins, où il ne songe nullement à ramasser les récoltes.

Lorsque je contemple les œuvres d art dans un musée ou leur reproduction dam un livre, où est le projet d'agir P Il n'est pas nécessaire de projeter une ascension pour complaire à suivre des yeux les accidents du chemin qui conduit au faîte d'une montagne : c'est le passe-temps du paralytique dom:· sur son fauteuil.

Bien plus, il est des cas dans lesquels ce qui importe à l'action n 'esi pas perçu.

On ne peut pas dire que la tricoteuse perçoit le jeu des aiguilles.

Je ne perçois pas la pierre ou la flaque d'eau au milieu du che­ 'min.

Les yeux de celui qui travaille automatiquement se portent d'ordi­ naire vers quelque chose sans rapport avec l'action - les figures de lu tapisserie, les nuages qui se dépiacent lentement dans le ciel.

Pour agir, il suffit alors d "une perception marginale qui sc distingue à peine de la sensation pure.

Ces exemples, cueillis presque au hasard, ne suffisent-ils pas it montrer que le lien de dépendance entre la perception et l'action est beaucoup moins étroit que ne prétendent ceux qui définissent la première comme une anticipation de la seconde P La perception est inséparable de l'action.

Le désaccord entre le sens commun et la psychologie pragmatiste vient peut-être de ce que sous le mot « action " on .n'entend pas les même~ choses.

On considère comme inactif celui qui se contente de regarder ou d'écouter : le malade qui, sur sa chaise longue, se distrait en suivant le~ va-et-vient de la rue, le paysan qui observe le champ de ses voisins.

Il n'y a d'action que si l'on marche, si l'on déplace des objets, si l'on aboutit à un résultat tangible.

Mais qui ne voit que cette conception de l'action est bien grossière P Tout d'abord, il n'y a pas de perception sans une certa:ne activité, non seulement mentale, mais encore musculaire.

Percevoir suppose en effet une certaine attention, c'est-à-dire une certaine concentration : regar­ der, écouter, palper, ne sont pas de purs synonymes de voir, entendre, toucher.

Il me suffit d'observer ce qui se pusse quand je regarde, pour remarquer de faibles mouvements des yeux pour suivre les contours de la chose observée.

De même, 1 'oreille qui écoute se tend et se déplace, la main qui palpe se promène sur les surfaces polies ou rugueuses ...

Bref.

percevoir implique toujours agir.

Il semble mème qu'il faut aller plus loin et reconnaître qu'il n'y a pas de perception sans quelque projet ou sans quelque anticipation d'action.

Si nous hésitons à le reconnaître, c'est toujours, semble-t-il, pour la même raison : nous ne prenons garde qu'aux façons les plus grossière~ d'agir.

Sans faire un travail de maçon, celui qui bâtit des cluiteaux en Espagne agit à sa manière.

Or, dans la vie des hommes les plus lt>ITC à terre, pour une action réelle que d'actions imaginaires!. »

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