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Percevoir est-ce anticiper ?

Publié le 14/09/2012

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Le compartimentage de l'activité mentale en facultés aboutit autrefois à une psychologie bien simpliste. Aussi ne peut-on que donner raison à ceux qui s'efforcent de nous faire reprendre conscience de son caractère global et de rétablir les rapports trop méconnus. Il est indiscutable, en particulier, que percevoir ne consiste pas à se laisser impressionner passivement par les choses : la perception comporte des ...

« CONTRAIRE,MENT AUX APPARENCES ...

La thèse pragmatiste de la perception semble à première vue n'être qu'un de ces paradoxes destinés à mettre en valeur un fait trop com­ munément négligé : ici, l'influence des besoins de 1 'action sur le choix des données perceptives.

Sans doute, ce paradoxe ne manque pas de fondement : dans la masse confuse qui se présente à nos sens, ne sont guère retenus que les objets présentant un intérêt pratique.

Ainsi dans une foule, je cherche quelqu'un à qui adresser la parole ou avec qui échanger du moins un regard.

Sur le chemin je fais attention aux fondrières à éviter et à la direction à suivre.

A plus forte raison le cultivateur qui ramasse des pommes de terre, ne perçoit-il que ce qui doit remplir son tombereau.

Il semble bien toutefois que la perception est souvent désintéressée.

BERGSON lui-même reconnaît ce désintéressement aux poètes.

La nature a oublié d'attacher leur factùté de percevoir à leur factùté d'ayir.

Quand ils reyardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour eux.

Ils ne ;?erçoivent plus simploonent en vue d'ayir; ils perçoivent pour percevoir, - pour rien, pour le plaisir (La pensée et le mouvant, p.

1G2, 226 éd.).

Mais cette faculté de désintéressement paraît fort commune, et il est facile d'accumuler des exemples de perception indépendante de toute perspective d'action.

Le cultivateur juge bien du rendement des terres de se,s voisins, où il ne songe nullement à ramasser les récoltes.

Lorsque je contemple les œuvres d'art dans un musée ou leur reproduction dans uri livre, où est le projet d'agir P Il n'est pas nécessaire de projeter une ascension pour se complaire à suivre des yeux les accidents du chemin qui conduit au faîte d'une montagne, c'est le passe-temps du paralytique cloué sur son fauteuiL Bien plus, il est des cas dans lesquels ce qui importe à 1 'action n'est pas perçu.

On ne peut pas dire que la tricoteuse perçoit le jeu des aiguilles.

Je ne perçois pas la pierre ou la flaque d'eau au milieu du chemin.

Les yeux de celui qui travaille automatiquement se portent d'ordinaire vers quelque chose sans rapport avec l'action - les figures de la tapisserie, les nuages qui se déplacent lentement dans le ciel.

- Pour agir il suffit, alors d'une perception marginale qui se distingue à peine ùe la sensation pure.

Ces exemples cueillis presque au hasard ne suffisent-ils pas à montrer que le lien de dépendance entre la perception et 1 'action est beaucoup moins étroit que ne prétendent ceux qui définissent la première comme une anticipation de la seconde? ...

LA PERCEPTION EST INSEPARABLE DE L'ACTION.

Le désaccord entre le sens commun et la psychologie pragmatiste vient peut-être de ce que sous le mot '' action " on n'entend pas les mêmes choses.

On considère comme inactif celui qui se contente de regarder ou d'écouter : le malade qui, sur sa chaise longue, se distrait en suivant les va-et-vient de la rue, le paysan qui observe le champ de ses voisins.. »

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