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Que perdrait la pensée en perdant l'écriture ?

Publié le 11/01/2004

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Elle resterait toujours seulement « au présent » (ou dans le strict temps de la mémoire des générations vivantes), au lieu de pouvoir s'échanger dans le temps et dans l'espace.A titre individuel, l'écriture permet un niveau de langue plus élevé (le « parler comme un livre » qui s'oppose au spontané et au décousu du « style parlé »). La pensée est formulée plus strictement (la langue écrite est plus abstraite que la langue parlée plus émotionnelle ; dans l'écrit, l'effet de PERSUASION : Désigne une adhésion ou une tentative de faire adhérer, fondée moins sur la raison que sur le sentiment et l'imagination. persuasion est obtenu plus par l'enchaînement des raisons que par l'expression de la passion). La pensée sans écriture est « emportée » par le temps même du discours (la possibilité de revenir au texte écrit - et sur le texte écrit - s'oppose à l'irréversibilité du discours).Mais la prééminence de l'écriture est déjà mise en question par Platon dans Phèdre, avec le thème de l'invention de l'écriture par le dieu égyptien Thot à la figure d'ibis, et la réplique du roi Thamous, pour lequel l'écriture, loin d'accroître la science et la mémoire, « produira l'oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire ». Avec l'écriture, les hommes auront « la présomption de la science, non la science elle-même. Ils ne seront le plus souvent que des ignorants de commerce incommode, parce qu'ils se croient savants sans l'être ».La pensée, avec l'écriture, perd la confrontation des idées telle qu'elle s'exerce avec profit dans le dialogue et « les discussions bienveillantes ». La pensée vivante naît de la confrontation, l'écriture est simple conservatoire.

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