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Le personnage de roman

Publié le 16/02/2012

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Le personnage du roman, comme le roman lui-même, évolue avec le temps. Tout en étant un être de papier, né dans l’imagination d’un romancier, le personnage reflète toutefois l’idée que nous faisons de l’homme en général. En cela, le roman constitue en effet une vision, une parmi d’autres, de l’homme. Si le roman est considéré souvent comme donnant accès à une vision du monde, on peut dire également que le personnage du roman donne accès à l’idée que les hommes, à tel ou tel moment de l’histoire, font d’eux-mêmes et de ce que c’est qu’un homme.

 

                On sait en effet que le mot « roman « ne pouvait naître avant le Moyen-Âge dans la mesure où il dérive de la langue romane, la langue vulgaire qui tendait, à partir du 7ème siècle, à remplacer le latin, trop savant pour être consacré à des récits fictifs et séculiers. Le grand écrivain médiéval, Chrétien de Troyes, écrit dans le prologue à son œuvre Chevalier à la charrette (fin 12ème siècle) qu’il veut « entreprendre un roman «, rapprochant ainsi l’adaptation à la langue (romane) et la forme narrative spécifique qui est celle du roman.  Cependant, le héros du roman doit sa naissance aux épopées antiques. Si l’Iliade d’Homère raconte un destin collectif, l’Odyssée, elle, peut être considérée comme un événement constitutif dans l’histoire du roman et du héros du fait qu’elle raconte les péripéties d’un individu, Ulysse.

« cœur de l’aventure romanesque.

Le roman Galeran de Bretagne peut être considéré comme un bon exemple pour illustrer cette tendance.

Paradoxalement, le succès des romans chevale resques condamne le roman à être méprisé par le public cultivé.

Trop proche des mythes et des légendes, trop invraisemblable pour être cru, le roman demeure, jusqu’au 17ème siècle, l’objet d’un mépris et d’un manque de considération de la part des élites i ntellectuelles.

Seul Rabelais, avec la satire merveilleuse incarnée par Gargantua, héros géant et épicurien, parviendra à faire du genre romanesque quelque chose digne d’un intérêt aux yeux du public cultivé, et cela, en raison de la dimension satirique qu i lui est propre.

Contrairement au théâtre (Aristote, Horace) et à la poésie (Pétrarque), le roman est un genre qui n’a pas été codifié et qui n’a pas reçu l’approbation des doctes et des savants.

Malgré ce dénigrement, l’absence de règles donne lieu à un véritable essor populaire du roman, à partir du 17ème siècle et surtout au 18ème.

Les auteurs découvrent un espace de liberté, un moyen d’expression leur permettant de jouer avec tous les registres et d’imaginer une panoplie impressionnante de portraits al lant de don Quichotte (Cervantès), le chevalier décalé et maladroit, jusqu’à la princesse de Clèves (Mme de la Fayette) déchirée entre la passion et la vertu.

Certes, lorsqu’on pense aux grands héros du roman on pense souvent d’abord au 19ème siècle, au pè re Goriot, à Julien Sorel, à Emma Bovary ou à Raskolnikov.

Si Bérénice, Andromaque, Phèdre et le Cid sont sans doute les noms qui marquent la littérature du 17ème siècle, étant les grands héros de la tragédie classique, et si le 18ème siècle est surtout li é aux discours et aux dialogues philosophiques propres au siècle des Lumières, force est de constater que ces deux siècles ont également permis une évolution sans précédent du roman, devenu l’objet d’un véritable engouement de la part du public.

Le baroque caractéristique de la première moitié du 17ème siècle consacre les romans d’idéalisation avec des couleurs comiques, dignes de ce mouvement littéraire ; le siècle suivant, quant à lui, placera de plus en plus l’individu au centre du roman, et cherchera à étudier sa psychologie.

Si on réfléchit à la place de l’individu au siècle des Lumières – un individu découvrant ses droits et émancipé, dans la ferreur révolutionnaire, de la tutelle du rang social, cette évolution est aisée à comprendre.

Le roman d’analy se, qui triomphera durablement dans la littérature française, naît précisément à ce moment -là.

L’histoire déchirante de la princesse de Clèves, dans la cour d’Henri II, en est une parfaite illustration.

Le roman épistolaire, qui connaît un succès foudroyant au 18ème siècle, notamment avec La nouvelle Héloïse de Rousseau, permet lui aussi une véritable étude psychologique de deux personnages, à travers leur correspondance intime.

Le héros du roman est au centre des préoccup ations des romanciers du 19ème siècle.

Le romantisme, même s’il consacre avant tout la poésie, place l’individu et ses émotions au centre de ses intérêts.

Les héros de Stendhal, qui commence à écrire parallèlement à la montée en puissance des auteurs roman tiques, les héros de Balzac, les héros de Victor Hugo, sont des personnages complexes dont la psychologie est minutieusement étudiée à travers le roman.

Flaubert, allant jusqu’à s’identifier à son héroïne Emma Bovary dans le roman éponyme cherche lui aussi à peindre le tableau d’un personnage complexe, parfois ambigu, souvent victime tragique de lui -même, de ses ambitions, de ses choix.

Le roman d’apprentissage est dédié précisément à suivre l’évolution d’un héros et la manière dont il s’intègre dans le mon de qui l’entoure, obligé qu’il est à s’adapter pour ne. »

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